Il n’aura pas échappé aux téléspectateurs que la Télévision Rwandaise ne passe plus les images terribles qui, selon de nombreux survivants, ne favorisaient pas la cicatrisation des blessures dues au génocide. Et c’est tant mieux.
Au stade « Amahoro » où la semaine de deuil fut lancée, l’émotion a été forte comme d’habitude dans pareil événement. Les cris de douleurs jaillissaient de la foule. Mais pour la première fois quand un orateur lançait une parole qui allait droit au coeur, des dizaines de milliers de Rwandais présents applaudissaient. Ce qui ne se faisait pas avant. Le Président Kagame a été applaudi à plusieurs reprises. Il y eut même quelques sourires quand Joseph Habineza, le ministre de la Culture et des Sports, prononçait son discours fort avec une excellente maîtrise de l’art de bien parler typiquement rwandais. Serait-il une tromperie de dire que ces applaudissements et sourires sont un signe que les rwandais ne veulent plus être des otages d’un passé ténébreux ?
La présence du corps diplomatique aux cérémonies de commémoration du génocide n’a rien de nouveau en soi. Et pourtant, à cette 16ème commémoration, il y eut une nouveauté : La présence des diplomates français et congolais (RDC) accrédités à Kigali. Pour les Français , leur dernière apparition dans ces cérémonies remontait à l’époque d’avant la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays, fin 2006. Les relations entre les deux pays n’ont été rétablies qu’en novembre 2009.
Avec la RDC, l’échange de diplomates n’est intervenu que l’année passée pour la première fois depuis le génocide des Tutsi en 1994. Tout un symbole donc.
Un autre fait marquant, c’est la réception dans les locaux même du stade « Amahoro » par le président Paul Kagame du Secrétaire d’Etat français à la Coopération, Alain Joyandet, en marge des cérémonies de commémoration. A la fin de l’entretien, Alain Joyandet déclara que Paris et Kigali étaient « sur la voie de la réconciliation durable ».
Dans la soirée du 7 avril au stade « Amahoro » était organisée une veillée en mémoire des victimes du génocide. Les Rwandais présents et les téléspectateurs ont remarqué une présence importante de blancs, jeunes surtout. Un témoignage assez parlant que les étrangers, même ceux qui viennent de loin, veulent compatir avec les Rwandais dans ces moments douloureux. Oui, le génocide des Tutsi n’est pas qu’un crime contre le seul Rwanda, mais plutôt contre l’humanité entière.