Poignée de main entre les deux procureurs
By RNA Reporter;
Kigali: Le Procureur Général rwandais, Jean Bosco Mutangana, affirme que près de 6000 Burundais soupçonnés d’avoir participé au génocide des Tutsi du Rwanda en 1994 sont protégés par leur pays.
«Nous avons toujours un problème avec les Burundais qui ont commis le génocide au Rwanda car le gouvernement burundais n’a pas la volonté politique de traduire ces personnes en justice » a déclaré Jean Bosco Mutangana lors d’un point de presse à Kigali.
«Nous avons envoyé plusieurs actes d’accusation au Burundi car les suspects burundais sont très nombreux. Le Burundi n’a pas coopéré pour traduire en justice près de 6.000 Burundais soupçonnés d’avoir participé au génocide.» a-t-il poursuivi.
«Plusieurs actes d’accusation émis contre des suspects burundais et envoyés au Burundi ont été ignorés. Nous envisageons de travailler avec Interpol pour les faire arrêter dès qu’ils seraient partis de leur pays.», a informé le Procureur Général de la République rwandaise.
Jean Bosco Mutangana a tenu ces propos à l’issue d’une rencontre avec Serge Brammertz, Procureur en chef du Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux.
Les discussions entre les deux procureurs ont porté sur les domaines de coopération dans les enquêtes sur les accusés de génocide en fuite et d’autres domaines d’intérêt mutuel.
«Cela me surprend toujours de voir comment certains pays continuent de s’abstenir de coopérer et d’arrêter les fugitifs du génocide. Pourquoi voudrait-on protéger quelqu’un qui a commis un crime aussi grave que le génocide? », s’est interrogé Serge Brammertz.
Serge Brammertz a dit qu’il fera «rapport au Conseil de Sécurité des Nations Unies en juillet en ce qui concerne les pays qui hébergeraient les fugitifs » dans le cadre des rapports qu’il présente chaque semestre.
«La question du génocide est et sera toujours importante. C’est encore plus vrai à cette époque où les Rwandais et le monde commémorent le 25e anniversaire du génocide contre les Tutsi », a-t-il ajouté.
Le magistrat belge a déploré le fait que «certains pays glorifient les criminels de guerre, les négationnistes du génocide et les condamnés; en les invitant à donner des conférences, à rédiger des mémoires, en les aidant à continuer à nier un génocide reconnu par le monde. » «Il devrait y avoir un mécanisme général pour punir cela.» selon le magistrat belge.
«La Belgique et la France doivent être félicitées pour avoir pris la décision de punir la négation du génocide. Nous espérons que d’autres pays les imiteront. » a réagi pour sa part le Procureur Général de la République rwandaise.
Le génocide commis contre les Tutsi du Rwanda en 1994 a coûté la vie à plus d’un million de personnes, en trois mois environ. (Fin)