« La situation du Rwanda en ce qui concerne le VIH/Sida est préoccupante pour les personnes handicapées estimées à plus de 308 mille, soit 3,9% de l’ensemble de la population selon le recensement de 2002 », a indiqué Marc Vaernewyek, Directeur de Handicap International.
Il tenu ces propos lors du Premier Forum national réunissant les personnes handicapées. Il a ajouté qu’aujourd’hui, la réalité est que les citoyens rwandais vivant avec un handicap majeur sont estimés entre 400 mille et 500 mille personnes, soit 5 à 6% de la population.
« Ces personnes sont victimes de discriminations, et de faux préjugés qui les empêchent de jouir des droits fondamentaux et de remplir les activités communautaires », a-t-il dit.
Il y a là un problème d’enjeu national, car, cette catégorie de citoyens n’accède pas à des services de la Commission de lutte contre le Sida proposés au reste de la population.
On ne gagnera pas la guerre contre le Sida si cette situation est maintenue. Raison pour laquelle l’on doit procéder à une mobilisation de tous les acteurs concernés. A commencer par le réseau des personnes handicapées en lutte contre le VIH/Sida qui oeuvrent au sein d’un vaste projet couvrant 16 districts.
Ce projet, bien que doté de ressources limitées, collabore avec quelques associations de la société civile. L’on doit savoir que les PH sont de cinq catégories : les handicapés au niveau des membres, les sourds-muets, les aveugles et les handicapés mentaux.
Pour le député Rwaka Pierre Claver, représentant les PH au sein de l’Assemblée Nationale, le personnel des secteurs de l’éducation et de la santé devrait connaître le langage des signes utilisés dans la communication par les sourds muets.
« Au centre Roosvelt d’Atlanta, un professeur nous donnait des cours en même temps qu’il transmettait des signes aux élèves sourds. Ces programmes sont prévus par le système éducatif rwandais. Et l’on devrait les mettre en œuvre », a-t-il dit.
Il a souligné qu’il faut agir avec volonté et rapidité. En même temps que l’on hâtera la mise en œuvre des programmes de prévention en direction des PH. Honorable Rwaka a apprécié les performances du Groupe Scolaire de Gatagara qui forme les élèves handicapés de diverses catégories.
« Plus de 90% de ces élèves en dernière année du secondaire ont obtenu de bons résultats. Presque tous vont bénéficié des bourses du gouvernement. Certains vont aller à l’Institut Supérieur de santé deKigali », a-t-il poursuivi, pour exhorter les enfants handicapés à atteindre des performances.
Pour la coordinatrice des associations des personnes handicapées (PH), Domitilla Kanimba, il importe que s’opère dans société rwandaise un changement de mentalité à l’égard des PH.
« Celles-ci doivent jouir des droits économiques comme l’ensemble des citoyens, accéder à des crédits qu’elles vont rembourser, et ne pas être considérés comme des individus pitoyables, incapables de tout, et devant vivre aux dépens de la communauté », a-t-elle indiqué.
Un tel changement de comportement doit débuter par le langage qui véhicule une perception négative de la personne handicapée. Certains termes en langue nationale, le kinyarwanda, s’avèrent des schémas réducteurs et dévalorisants envers les PH.
L’Umbrella des PH a établi une liste de termes à modifier. On ne dira pas ikimuga (= infirme), umusazi, ikiragi (= un muet). Mais on dira une personne qui souffre d’une infirmité, qui a une déficience mentale, qui a une déficience auditive ou langagière.
C’est tout un système de lois, de plan des bâtiments, d’informations qu’on adaptera en tenant compte des besoins des personnes handicapées. Les présentateurs des informations à la télévision devraient prévoir un temps pour informer par signes les PH souffrant de déficiences auditives.
De même, dans le système éducatif rwandais, l’enseignant à tous les niveaux devra être formé dans les signes de communications qu’utilisent les PH. Ceci permettra à tous les écoliers, élèves et étudiants de suivre son cours. Ces prévisions existent. Il reste à adopter des politiques qui les mettent en œuvre.
Pour cela, un programme de plaidoyer au niveau communautaire et national sera renforcé par. Les professionnels des médias ont été récemment formés durant deux jours pour informer à leur tour le public de la nécessité d’opérer un changement de mentalité à l’égard des PH.
« J’aime qu’une personne non handicapée parle pour les PH et défende leurs droits. C’est à ce titre que l’impact peut être obtenu », a confié Bernard Bagwaneza, secrétaire exécutif de l’Umbrella des PH.
Selon le recensement de 2002, les sourds-muets sont estimés à 21.816, soit (7% des PH) ; les aveugles : 13.048 (4%) ; ceux qui ont une déficience mentale : 14.816 (4,8%) ; les trauma : 3496 (1,1%).
Pour protéger les PH contre le VIH/Sida et autres maux, il importe d’agir pour leur faire parvenir l’information. Mais aussi établir des données fiables sur leur identification afin d’arrêter des stratégies de lutte contre le VIH/Sida.
L’autre défi est l’insuffisance du matériel adapté aux personnes en situation de handicap, ainsi que l’inaccessibilité aux services de sensibilisation, de test volontaire (VCT), de prévention chez la mère et l’enfant.
L’abus de violence et de viol contre les filles et les femmes handicapées est aussi inquiétant. « La police lâche les contrevenants sous prétexte que la victime handicapée, aveugle, sourde et/ou muette, etc., n’a pas été à mesure de fournir des éléments suffisants et probants d’inculpation », regrette Bagwaneza.