«Il n’est pas nécessaire que certains pays de la région continuent de soutenir les rebelles de P5» – Dr Richard Sezibera

Kigali: Un nouveau Rapport du Groupe des Experts de l’ONU qui vient d’être rendu public ce 31 Décembre 2018, désigne le Burundi comme pays qui a fourni armes et munitions au mouvement P5 dirigé par Kayumba Nyamwasa, et c’est ce P5 basé dans le Sud Kivu en RDC, à Fizi et Uvira qui a déstabilisé le Rwanda, et les pays de l’Afrique de l’Est et du centre, selon ce même Rapport des Experts de l’ONU.

« P5 est actif dans les territoires de Fizi et d’Uvira, dans le Sud-Kivu, et bénéficie d’un soutien local et externe pour le recrutement de ses combattants. Le Burundi est une source majeure de transit pour les nouvelles recrues du groupe rebelle, ainsi que des fournitures, telles que des vivres, médicaments, bottes et uniformes », a indiqué le Groupe des Experts Nations Unies dans son rapport de mi-parcours.

Il est à noter que ce Rapport sera bientôt soumis au Conseil de Sécurité des Nations Unies.

Quand on sait l’intérêt majeur pour la Paix et la Sécurité du Conseil de Sécurité des Nations Unies pour la région des Grands Lacs, l’on peut s’attendre à des mesures sérieuses contre les responsables pointés du doigt par ce rapport.

C’est sans doute cette situation qui a amené le Ministre rwandais des Affaires étrangères et porte-parole du Gouvernement, Dr Richard Sezibera à mettre en garde, sans les nommer, certains pays,  qui apportent des appuis aux groupes armés qui déstabilisent la paix dans la région.

«Il n’est pas nécessaire que certains pays de la région continuent de soutenir les rebelles de P5. Ces pays qui abritent les groupes rebelles auront des conséquences  comme ne cesse de le souligner le Rapport des Experts des Nations Unies», a-t-il relevé.

Ce même Rapport précise que les rebelles de P5 sont dirigés par Kayumba Nyamwasa, un fugitif rwandais vivant en Afrique du Sud.

Kayumba Nyamwasa est un ancien chef de l’armée rwandaise qui a été condamné par contumace à 24 ans de prison en 2011, après avoir été reconnu coupable de plusieurs chefs d’accusation, notamment de terrorisme, de négation du génocide et de crimes contre l’humanité. Sa présence en Afrique du Sud a été au cœur des relations difficiles entre Pretoria et Kigali, qui souhaite ardemment son extradition au Rwanda.

Selon le rapport du Groupe d’experts de l’ONU, P5 est une coalition d ‘«organisations politiques d’opposition» rwandaises, notamment le Congrès du Peuple Amahoro (AMAHORO-PC), les Forces Démocratiques Unifées-Inkingi (FDU INKINGI), le Pacte de Défense du Peuple – Imanzi PDP-IMANZI), le Parti Social-Imberakuri (PS IMBERAKURI) et le Congrès National du Rwanda (RNC).

Kayumba est l’un des fondateurs de RNC, alors que FDU-Inkingi a été créée par Victoire Umuhoza Ingabire, qui a bénéficié l’année dernière d’une clémence présidentielle et a été libérée de prison à Kigali.

En 2013, Ingabire avait été reconnue coupable d’avoir incité les masses à se révolter contre le gouvernement, de former des groupes armés pour déstabiliser le pays et de minimiser le gGnocide de 1994 contre les Tutsi.

PDP-Imanzi a été créé par Déogratias Mushayidi, condamné en 2010 par la Haute Cour de Kigali à la réclusion à perpétuité pour avoir provoqué l’insécurité de l’État, entre autres crimes, tandis que le Parti Social-Imberakuri (PS-Imberakuri) mentionné dans le rapport est une faction dirigée par Bernard Ntaganda, qui en 2014 a purgé une peine de prison de quatre ans pour avoir organisé un rassemblement illégal, menacé la sécurité de l’État et incité au divisionnisme ethnique.

Le Rapport du groupe des Experts de l’ONU souligne que le P5 recrute des combattants de toute la région : Burundi, d’Ouganda, de Tanzanie, du Kenya, du Mozambique et du Malawi.

Les conclusions ont été basées sur des entretiens séparés menés par le groupe d’Experts avec différents ex-combattants, qui ont tous indiqué au groupe qu’une autre personne appelée Shaka Nyamusaraba était le commandant du groupe armé, qui comprenait à la fois des combattants étrangers, la plupart d’origine rwandaise, et des Congolais Banyamulenge. Nyamusaraba était auparavant connu comme le chef du groupe armé local Ngomino.

Les entraîneurs ont dit aux recrues que le chef de leur mouvement était Kayumba Nyamwasa et que le but de P5 était de libérer le Rwanda, toujours selon ce Rapport des Experts de l’ONU.

Les transfuges ont également indiqué au Groupe que Kayumba Nyamwasa se rendait fréquemment dans la région et que de nombreuses recrues étaient recrutées par des personnes qui leur promettaient un emploi au Burundi, pour ensuite arriver à Bujumbura et être dépossédées de tous leurs biens avant d’être emmenées de l’autre côté de la frontière congolaise. (Fin)