Kigali: Bisesero comprend neuf collines qui forment la zone qui a formé le champ de bataille de 1994, où les Tutsis ont tenté sans crainte de se défendre contre les miliciens.
L’histoire des Tutsis dans les collines de Bisesero dans l’Ouest rwandais qui ont résisté à leur massacre lors du génocide de 1994 contre les Tutsis est un message fort pour ceux qui veulent promouvoir les valeurs de la dignité humaine et résister à l’idéologie du génocide.
Le point culminant a été rendu par l’auteur Oscar Gasana, un Rwandais basé au Canada, lors du lancement de son nouveau livre à Kigali.
Écrit en français, le livre s’intitule: «Les collines se souviennent: Les rescapés de Bisesero racontent leur résistance, deux décennies après le génocide des Tutsi du Rwanda».
En recueillant les témoignages des rescapés de Bisesero, le livre explique comment les Tutsis de la région se sont organisés en un puissant groupe de combattants et ont résisté à leur assassinat par la milice Interahamwe, jusqu’à ce qu’ils soient maîtrisés par les forces génocidaires.
Pour Gasana, cet esprit de résistance doit être nourri au sein de la communauté rwandaise et mondiale afin de promouvoir les valeurs de protection des vies humaines et de lutter contre les forces de l’idéologie du génocide.
«Ce sont des valeurs qui peuvent aider à la reconstruction morale de notre pays», a-t-il déclaré à propos des valeurs de résistance au mal et du fait que cela s’est passé pendant le génocide rwandais.
Il a ajouté: «La vie humaine était extrêmement banalisée dans ce pays et il fallait promouvoir et protéger les valeurs de sacré et de dignité pour la vie humaine».
Le lancement du livre a été réalisé dans le cadre de la série Café Littéraire organisée par la Commission Nationale de Lutte contre le Génocide (CNLG). Il a attiré de nombreux spectateurs, dont la Première Dame Jeannette Kagame.
Bisesero, qui fait actuellement partie du district de Karongi, dans la province occidentale, est connu pour le courage des Tutsis qui s’étaient réfugiés dans les collines pendant le génocide et avaient organisé l’une des résistances les plus dures et héroïques contre les assassins de la milice Interahamwe.
D’avril à juin 1994 au Rwanda, les Basesero se sont farouchement défendus contre l’armée gouvernementale et contre les miliciens Interahamwe fortement armés. Sur une communauté de 60.000 habitants, seulement 800 ont survécu après trois mois de boucherie humaine.
Le livre de Gasana analyse la résistance des survivants de Bisesero sous l’angle de la sociologie de la résistance en tant qu’action collective par laquelle les individus expriment collectivement leurs besoins essentiels et se déploient de manière appropriée pour les satisfaire.
Il dit que le livre montre que même dans des conditions aussi dangereuses que celles de Bisesero, la résistance reste une option qui incarne des valeurs pour l’avenir.
L’auteur affirme qu’en affirmant leur dignité face aux assassins et en instaurant un sentiment de fierté et d’autodétermination face à l’adversité, les valeurs incarnées par les Tutsi de Bisesero peuvent encore servir de fondement à la reconstruction morale et socio-politique d’un État.
De nombreux participants au lancement du livre, y compris le dramaturge rwandais Kalisa Rugano, ont convenu avec l’auteur que les Rwandais doivent garder un esprit de résistance, en particulier contre la terrible idéologie du génocide.
“Oui, nous devons résister parce que les promoteurs de la noirceur sont toujours là”, a déclaré Rugano.
Le Café Littéraire, qui est une session au cours de laquelle les œuvres littéraires sont discutées, est organisé par la CNLG dans le cadre des efforts visant à éduquer la jeune génération sur le génocide de 1994 contre les Tutsi et sur les moyens de prévenir sa négation. (Fin)