L’équipe médicale dans un laboratoire de la riposte contre Ebola en RDC
Kigali: L’Organisation mondiale de la santé (OMS) devrait convoquer prochainement son Comité d’urgence du Règlement sanitaire international (RSI) concernant la maladie à virus Ébola en République démocratique du Congo. Il s’agira pour ces experts de déterminer à nouveau si cette flambée persistante d’Ébola en RDC méritait d’être déclarée une urgence mondiale après la confirmation d’un cas à Goma.
Lors d’une réunion de haut niveau convoquée ce lundi à Genève par l’OMS et le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (BCAH), le Directeur général de l’OMS, Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus a déclaré que la propagation du virus Ebola à Goma, une ville de 2 millions d’habitants, pourrait éventuellement changer la situation sur le terrain. « L’identification du cas à Goma pourrait potentiellement changer la donne pour lutter contre cette épidémie. Goma est une ville de 2 millions d’habitants située près de la frontière avec le Rwanda et constitue une passerelle vers la région et le monde », a-t-il mis en garde.
En effet, un premier cas de fièvre hémorragique Ebola a été enregistré dimanche à Goma, la plus grande ville touchée depuis le début de l’épidémie le 1er août dernier en RDC. Le malade est un homme arrivé dimanche matin par bus, avec 18 autres passagers et le chauffeur, en provenance de Butembo, l’un des principaux foyers de la maladie dans la province du Nord-Kivu (est). « Le malade a été ramené à Butembo pour qu’il soit pris en charge dans un centre de traitement d’Ebola. La vaccination a été lancée pour tous les contacts », a précisé à son tour le Ministre congolais de la santé, Dr. Oly Ilunga.
Devant les Etats membres de l’ONU à Genève, le Ministre congolais a ajouté que depuis le début de cette épidémie, les autorités congolaises et l’OMS se sont préparées «à l’éventualité de cas positifs à Goma ».
Face à une épidémie d’Ebola qualifiée par Kinshasa comme « la plus complexe de son histoire et même de santé publique au niveau mondial », Dr. Tedros a toutefois affiché son optimisme et sa confiance dans les mesures de riposte mises en place. « Nous sommes confiants dans les mesures que nous avons mises en place et espérons que nous ne verrons plus de transmission du virus Ebola à Goma. Néanmoins, nous ne pouvons pas être trop prudents. J’ai donc décidé de convoquer à nouveau le comité d’urgence dès que possible pour évaluer la menace de ce développement et avoir des conseils en conséquence », a-t-il fait remarquer.
«Ebola n’est pas une crise humanitaire mais de santé publique », selon la RDC
Le Chef de l’OMS n’a pas précisé quand le comité d’experts serait convoqué. Les experts s’étaient déjà réunis trois fois et avaient décidé à chaque fois de ne pas déclarer l’épidémie une urgence internationale. « Ensemble, nous pouvons et devons libérer la RDC d’Ebola, pas seulement une fois, mais une fois pour toutes en reliant l’aide humanitaire au développement », a fait valoir le Chef de l’OMS.
En attendant, le Ministre congolais de la santé a ajouté que les facteurs de risque de l’épidémie en cours restent. Les causes principales sont la densité et la grande mobilité de la population et un espace géographique concerné qui couvre 23 zones de santé répartis sur deux provinces. « Par ailleurs, une partie de la riposte se déploie dans des zones d’opération militaire où opèrent des groupes armés et des milices communautaires », s’est inquiété Dr. Oly Ilunga.
A noter que cette réunion de «haut niveau» de ce lundi à Genève a été l’occasion pour l’ONU aussi de mobiliser la communauté internationale face à la deuxième épidémie Ebola la plus importante de l’histoire après celle qui a tué près de 11.000 personnes en Afrique de l’Ouest (Guinée, Liberia, Sierra Leone) en 2013-2014. « Au total, il y a eu 2.489 cas (2.395 confirmés et 94 probables) et 1.665 décès. Il y a eu également 698 personnes guéries, mais aussi 335 cas suspects », selon le dernier bulletin quotidien du ministère congolais de la Santé. « Cette 10e épidémie d’Ebola n’est pas une crise humanitaire », a d’ailleurs insisté à Genève Dr. Oly Ilunga. Une façon pour Kinshasa de relever que c’est avant tout «une crise de santé publique qui intervient dans un environnement caractérisé et fragilisé par des problèmes de développement et des carences du système sanitaire».
Dans ces conditions, la RDC trouve que cette crise requiert d’abord « une réponse technique de santé publique pour cacher la chaîne de transmission du virus » en s’appuyant sur les acteurs du système de santé et ses partenaires traditionnels. «Seule la redevabilité et la discipline dans l’exécution du plan de mise en œuvre nous permettront de rapidement mettre fin à cette épidémie qui n’a que trop duré», a martelé Dr. Oly Ilunga. (Fin)