Kigali: Le Président français Emmanuel Macron a rendu un hommage au journaliste-enquêteur français Pierre Péan décédé jeudi après une longue maladie.
Emmanuel Macron a salué la “quête inlassable de vérité” de Pierre Péan et dont l’œuvre est “un héritage plein de leçons”, dans un message publié sur le site internet de l’Elysée.
“L’œuvre de journalisme qu’il a bâtie en plus de 50 années de carrière a révélé des trésors d’informations. Elle constitue aujourd’hui un héritage plein de leçons pour les temps présents”, écrit le Président français.
Selon lui, Pierre Péan était “farouchement libre et indépendant, rétif aux sujets en vogue et aux modes médiatiques” et “n’avait jamais peur de soulever les couvercles qui recouvrent parfois les événements du passé, la marche des Etats et la vie des puissants”.[…].
Un “hommage” qui n’a pas été du goût du CPCR (Collectif des Partie Civiles pour le Rwanda) à l’origine de la plupart des enquêtes françaises sur le génocide. Le CPCR traque les Rwandais réfugiés en France et suspectés d’avoir pris part au génocide des Tutsi qui fit plus d’un million de morts d’avril à juillet 1994.
“Hommage du président Macron à Pierre Péan! Monsieur le Président, ou bien vous ne savez pas tout, ou bien vous faites semblant de ne pas savoir. Dans les deux cas, c’est condamnable à la place qui est la vôtre! Pierre Péan s’est tenu de tout temps au côté des génocidaires! Indigne”, indique le CPCR sur son site internet.
Pierre Péan avait pour sujets de prédilection l’Afrique, les médias et la face cachée des personnalités politiques. Il avait fait sensation en désignant le Front Patriotique Rwandais (FPR),-ancien mouvement rebelle tutsi arrivé au pouvoir en 1994 après avoir arrêté le génocide-, et le Président rwandais Paul Kagame comme principaux responsables du génocide (dans “Noires fureurs, blancs menteurs” en 2005).
Pierre Péan était même allé plus loin puisqu’il accuse le Président Paul Kagame qui commandait alors la branche armée du FPR d’avoir organisé l’attentat contre l’avion de son prédécesseur Juvénal Habyarimana dans le dessein de provoquer le génocide des Tutsi commis par les extrémistes hutu.
«Dans la phase ultime de sa stratégie de conquête de pouvoir, Kagame a planifié l’attentat, donc planifié aussi sa conséquence directe : le génocide des Tutsis perpétré en représailles », écrit-il. Une thèse qui dédouane la France, ses alliés rwandais qui avaient fomenté le génocide et la communauté internationale, et qui impute au FPR la mort de plus d’un million de Tutsi rwandais.
Pierre Péan sera même accusé de provocation raciale à cause de certains de ses propos sur les Tutsis. Mais il sera relaxé en appel par cour d’appel de Paris en 2009.
Pierre Péan soutient que « la culture du mensonge et de la dissimulation domine toutes les autres chez les Tutsis » dans les quatre pages incriminées par SOS Racisme qui avait porté plainte en octobre 2006.
«Dès leur plus tendre enfance, les jeunes Tutsis étaient initiés à la réserve, au mensonge, à la violence et à la médisance. C’est ce qui fait de cette race l’une des plus menteuses qui soit sous le soleil », écrit-il.
De telles affirmations avaient décidé SOS Racisme à porter plainte. Pour l’association, ces propos – d’autant plus graves selon elle qu’ils émanent d’un écrivain « de renommée » – sont les mêmes que ceux qui ont conduit au génocide. (Fin)