Un développement sans frontières: un partenariat mondial pour l’Afrique

Qu Dongyu, DG de la FAO

Tribune à l’occasion du TICAD7

Dans le monde d’aujourd’hui, caractérisé par des frontières relativement floues, le développement ne connaît pas de frontières. Selon certaines estimations, on comptera 10 milliards de personnes sur Terre d’ici 2050. La planète devra faire face à une hausse de l’urbanisation, à des systèmes alimentaires de plus en plus faibles et à l’épuisement des ressources naturelles dû notamment au changement climatique. Ces défis sont un avertissement à destination de la communauté internationale qui doit intensifier ses efforts de manière urgente, coordonnée et collaborative afin d’atténuer et de renverser la tendance.

Le monde progresse à une vitesse hallucinante mais les progrès réalisés ne garantissent pas l’avenir alimentaire de la planète. Les répercussions du changement climatique dont les sécheresses et les inondations sont les principales causes de la hausse récente des souffrances liées à la faim, réduisant ainsi à néant les nombreux progrès réalisés dans ce sens ces dernières années. En Afrique, où depuis le début des années 90, le nombre de catastrophes liées aux conditions météorologiques extrêmes a doublé, 257 millions de personnes vont se coucher avec le ventre creux, soit 20 pour cent de la population. Sur le continent, les cas de sous-alimentation chronique coexistent avec ceux de surpoids, d’obésité et avec d’autres formes de malnutrition.

Les petits agriculteurs africains, les éleveurs, les pêcheurs et les communautés forestières sont essentiels pour lutter contre la faim et assurer l’accès de tous à une bonne nutrition. Leur capacité à produire de la nourriture et à tirer un revenu de cette activité est néanmoins menacée par les effets du changement climatique, les conflits et les crises économiques.

En Afrique, un travail considérable doit être fait afin d’atteindre l’objectif Faim Zéro et d’éradiquer la pauvreté. Comme le rappellent les Objectifs de développement durable, personne ne doit être laissé pour compte. Il s‘agit maintenant d’établir des partenariats qui verront la participation des gouvernements et du secteur privé mais aussi des petits agriculteurs et de la société civile.

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) est au premier rang de ces efforts mondiaux. La FAO reconnaît le rôle essentiel de l’agriculture pour lutter contre la faim et la pauvreté de manière inclusive. Selon l’Organisation, 140 milliards de dollars USD d’investissements supplémentaires seront nécessaires chaque année afin d’éradiquer la faim et la pauvreté à travers le monde d’ici 2030 et la majeure partie de ces investissements devront cibler l’Afrique subsaharienne.

De plus, la FAO met en avant le rôle crucial de la mécanisation durable. Soulager les fermiers d’un travail manuel particulièrement difficile, en particulier les femmes, peut permettre de passer d’une agriculture de petite échelle à des entreprises plus orientées vers la logique de marché, d’améliorer les rendements et d’aider les fermiers à sortir de la pauvreté.

Si la FAO pense que les conflits doivent être réglés au niveau politique, elle encourage ses différents partenaires à intensifier leurs actions en vue de promouvoir la sécurité alimentaire et de lutter contre la pauvreté. Cela peut permettre de prévenir une crise ou encore d’atténuer ses effets et de montrer la voie vers plus de paix et de stabilité.

La jeunesse africaine est également porteuse de nombreuses opportunités. En Afrique subsaharienne, 60 pour cent de la population est âgée de moins de 25 ans. Une population particulièrement jeune qui d’ici les années à venir devrait peser de tout son poids sur le marché du travail tout en représentant une source d’opportunités dans le secteur agroalimentaire.

Par exemple, dans le secteur privé, les petites et moyennes entreprises jouent un rôle clé dans l’alimentation et l’agriculture et peuvent fournir des opportunités pour les jeunes entrepreneurs africains. Les jeunes peuvent également tirer profit des technologies. Les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) permettent aux petits agriculteurs de se connecter aux marchés, de réduire les frais de transaction et les risques liés aux catastrophes naturelles tandis que l’e-commerce va permettre de renforcer l’environnement économique. Les acteurs du secteur doivent développer la création d’un environnement propice à l’investissement privé et créer des opportunités pour les jeunes et les femmes entrepreneuses.

Depuis plusieurs décennies, le Gouvernement japonais est l’un des partenaires clés de la FAO, œuvrant à renforcer la sécurité alimentaire et à promouvoir une utilisation durable des ressources naturelles. Le Japon, un pays régulièrement touché par les catastrophes naturelles avec notamment des conséquences sur les systèmes alimentaires, et ses autres partenaires internationaux de développement, a été l’un des fers de lance de l’aide au développement sur le continent africain.

Cette semaine, les partenaires de développement et les pays sont au Japon afin de discuter des succès et des défis propres au développement du continent africain. Lancée en 1993 par le gouvernement japonais, la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), fait la promotion du développement de l’Afrique mais aussi de la paix et de la sécurité grâce au renforcement de la coopération et des partenariats multilatéraux.

En examinant ensemble les différents moyens d’intensifier leurs efforts conjoints avec les pays africains, la FAO et le Japon sont de l’avis qu’une aide ciblée et apportée en temps opportun est essentielle afin de protéger et de restaurer les moyens d’existence agricoles des populations touchées par des crises en Afrique.(Fin)