Kigali: Le 7 avril 2020, jour de commémoration nationale du génocide commis contre les Tutsi au Rwanda, une chronique qui se veut humoristique était diffusée dans l’émission Par Jupiter !sous le titre « Journée mondiale de réflexion sur le génocide au Rwanda ». Ibuka France et la Communauté Rwandais de France (CRF) s’indignent de l’offense faite à la mémoire de plus d’un million de victimes ainsi qu’aux rescapé-es de ce génocide. Ci-dessous leur réaction.
Le 7 avril 2020 se déroulaient les commémorations nationales du génocide commis contre les Tutsi au Rwanda en 1994. Fortement contraint par les mesures sanitaires de confinement, dans le cadre de la lutte contre la pandémie de COVID-19, cet événement revêtait pourtant une importance particulière, puisque pour la première fois, il s’inscrivait dans un cadre national, comme l’institue le décret présidentiel du 13 mai 2019.
Ce même jour, l’antenne de France Inter diffusait une chronique intitulée « Journée mondiale de réflexion sur le génocide au Rwanda » (sic). En 3 minutes, son autrice a cru bon (drôle ?) d’évoquer « des gens qui vivaient ensemble depuis des années et se sont mis à se découper à la machette », avant d’établir une comparaison entre génocide et « bataille de polochons » pour conclure, dans un éclat de rire général : « oreiller ou machette, ça s’joue des fois à peu pour que ça tourne au drame. »
Le 7 avril 2020, France Inter ne mentionnait pas autrement les commémorations du génocide contre les Tutsi. La chaîne ne rediffusait, par exemple, aucun reportage à ce sujet. Seules ces paroles, abritées derrière le paravent commode de l’humour, eurent les honneurs des micros. Nous le déplorons vivement. Ces mots frottent les blessures toujours vives des rescapé-es pour qui ce jour particulier est celui du souvenir des assassiné-es et des souffrances endurées d’avril à juillet 1994.
Nous refusons de discuter la nature « humoristique » de cette chronique. Nous ne pouvons que regretter l’ignorance et le manque d’empathie de son autrice et nous prenons malheureusement acte, une nouvelle fois, qu’un génocide commis en terre africaine autorise ce genre de texte, à une heure de grande écoute, sur une chaîne publique.
Le 7 avril 2020 a pour vocation de faire connaître et comprendre le dernier génocide du XXe siècle, et de faire vivre le souvenir de plus d’un million de femmes, d’hommes et d’enfants assassiné-es parce que né-es Tutsi. Cette chronique a souhaité, en ce jour précis, en faire un objet de dérision… avec quel bénéfice ?
Ibuka France et la CRF exigent le respect de la dignité de celles et ceux, assasiné-es ou rescapé-es, que les bourreaux génocidaires croyaient pouvoir leur refuser. Nous exigeons de la part de France Inter des excuses publiques à la même antenne et même créneau horaire. (Fin)