Vous demandez-vous quelle est l’année référence du sport rwandais ? Bien de rwandais vous répondront que 2004 reste fortement gravé dans leur mémoire. Pour la bonne et simple raison que, pour le football rwandais, cette année à marqué l’unique participation dans l’histoire du pays à la Coupe d’Afrique des Nations (CAN). Aucun rwandais n’est prêt d’oublier la génération d’or qui a survolé la phase qualificative de la CAN de football 2004. Les Grues Couronnées (Nom de l’équipe nationale de l’Ouganda) et les Black Stars du Ghana se souviendront longtemps des buts de Jimmy Gatete qui les privèrent une phase finale de la CAN 2004. De la part des rwandais Gatete en récoltera un sobriquet jamais attribué à un autre joueur rwandais : Rutahizamu (simplement buteur). Quant à Olivier Karekezi, meneur de jeux de cette équipe, fut qualifié par les ougandais de « danger man ».
Le parcours plus qu’honorable de cette équipe « Amavubi » (appellation de l’équipe nationale rwandaise) version 2004 suscita des ambitions voir même les découpla. Les rwandais se sont pris à rêver. Pourquoi pas les Amavubi en quart ou en demi-finale en 2006 ou en 2008 ? En 2010 ils attendent toujours.
La chasse aux talents étrangers
L’ossature de l’équipe Amavubi qui a permis au Rwanda de participer à la CAN 2004 était essentiellement composée de joueurs formés par les équipes rwandaises. Gatete, Karekezi, Mulisa étaient de purs produits d’APR FC. Katauti et Kalisa Claude avaient grandi et acquis l’expérience dans l’équipe de Rayon Sport FC avant de s’expatrier en Europe.
Après le CAN 2004 le Rwanda a commencé à se préparer pour la CAN 2006 avec la volonté de faire mieux qu’en 2004. Si les joueurs d’origine étrangère ont toujours figuré en grand nombre dans les équipes rwandaises, l’après 2004 a vu leur valse et le poids augmenter sensiblement. La volonté d’accéder encore une fois dans la phase finale de la CAN 2006 (et pourquoi pas une qualification à la coupe du monde 2006) n’avait jamais été aussi forte et pour y arriver le Rwanda a cherché pour son équipe nationale des joueurs étrangers. Pour la plupart évoluant dans des équipes européens des 2ème divisions peu connues. La CAN 2006 se déroulera sans les Amavubi qui, lors des phases préliminaires et avec leur pléiade d’étrangers naturalisés à la va vite, avaient montré un visage piteux. Après ce fiasco le président de la République Paul Kagame, pourtant grand supporter, ira jusqu’à évoquer une possible dissolution des Amavubi.
Les clubs, eux aussi, n’ont pas été en reste. Les départs à l’étranger d’Olivier Karekezi, Mulisa, Gatete …ont été suivi par l’achat de joueurs étrangers, congolais pour la plupart. L’équipe de Rayon Sport en payera le prix fort car ses joueurs congolais lui jouera des tours à plusieurs reprises. Les supporters de cette équipe n’oublierons pas les chicaneries entre Bogota Labama et Kalisa Kassé d’un côté et Rayon Sport de l’autre. Ces joueurs se manifestaient quand bon leur semblait et (re)disparaissaient à leur guise pour aller jouer dans d’autres équipes de la sous-région sous une autre identité.
Le basket-ball n’est pas épargné
« Notre problème c’est que, nous les rwandais, nous cherchons de bons résultats sans nous donner le temps de les avoir », analyse un arbitre rwandais de basket-ball par rapport à la composition de l’équipe nationale masculine de basket-ball. Et d’ajouter : « actuellement tous les joueurs titulaires de l’équipe nationale sont des américains. Les rwandais sont condamnés à cirer le banc des remplaçants. Comment voulez-vous qu’ils puissent évoluer » ? « Pourquoi pas préparer des jeunes talents et attendre patiemment le résultat qui ne manquerait pas quelques années après ? »
Un officiel qui accompagnait l’équipe nationale de basket-ball à Tripoli en Libye lors de la dernière coupe d’Afrique de basket-ball raconte : « C’était drôle de voir nos joueurs quand ils se sont rencontré avec les joueurs libyens. Ils se sont embrassés car ils se connaissaient bien et les libyens ont menacé les joueurs rwandais de les dénoncer car ils ne sont pas rwandais ». Les joueurs rwandais ne sont pas laissés démonter. Ils ont menacé à leur tour les libyens de les dénoncer aussi. Ces menaces se sont terminés dans une ambiance bon enfant car la Libye aussi avait un effectif majoritairement composé de joueurs américains. Les règlements de la FIBA (Fédération Internationale de Basket-ball) ne permet pas à une équipe nationale de jouer avec plus joueur naturalisé.
Côté rwandais seul Robert Thomson était déclaré rwandais naturalisé. Les autres sont tous de rwandais par le sang (père rwandais et/ou mère rwandaise). Avec Robert Thomson il est vrai qu’il est difficile de dire autre chose vu qu’il est blanc mais avec les autres il est facile de fabriquer leur identité car ils sont noirs ou métis.
Robert Thomson
Robert Thomson, le pivot blanc du Rwanda, est une des curiosités de l’équipe nationale de basket. Parce qu’un Rwandais blanc, ça ne court que les parquets. Mais, sa trajectoire, le n°11 rwandais, Américain de naissance, la raconte de bon coeur, tant elle est inattendue. « Je jouais en Europe et je me blessais régulièrement. J’avais eu coup sur coup deux fractures. Et ma copine, américaine, qui vivait au Rwanda comme Volontaire, m’a demandé de venir me reposer et récupérer dans ce pays ». Là, à ses heures perdues, Robert Thomson se plait à réunir les jeunes pour les initier et les entraîner au basket. Puis à disputer de petits matches. « C’est alors qu’on m’a proposé de me naturaliser rwandais. C’était en décembre 2006 », se souvient ce natif de la Pennsylvanie (USA), le 28 janvier 1982. Ça tombait bien, le CAN angolais pointait à l’horizon. Il put y aller disputer sa première grande compétition continentale, après avoir soigné une autre fracture de la jambe.
Tres aprecié par le public rwandais, Thomson constitue l’atout majeur du Rwanda sous les paniers. Son coach croate Kavedzija Vekesieva ne s’y trompe pas qui ne le rappelle pratiquement jamais sur le banc. Même à 4 fautes personnelles, Robert Thomson reste sur le parquet. Même si aujourd’hui, sa copine travaille en Namibie, Thomson dit se sentir très proche du Rwanda. « J’y vais à chaque fois que c’est possible et je reçois régulièrement aux Etats-Unis des amis rwandais », dit-il. En fait, il vit 10 mois sur 12 en Roumanie et en été, il retrouve sa Pennsylvanie natale. N’empêche, « je me sens à moitié Rwandais et à moitié Américain », révèle celui qui baragouine le Kinyarwanda, la langue de son autre pays.