Emprisonné depuis Avril pour violation des mesures de lutte contre le coronavirus et consommations des stupéfiants, le célèbre rappeur Jay Polly,-de son vrai nom Joshua Tuyishimiye-, est décédé dans des circonstances non encore élucidées.
Jay Polly (33 ans) a été arrêté récemment avec 11 personnes à son domicile où se tenait une fête. Ces rassemblements sont strictement interdits au Rwanda en raison du coronavirus. Les personnes prises en infraction sont contraintes de passer la nuit dans des stades. Le matin, elles doivent payer une amande de 25.000 Francs (25 $) et 10.000 Frw (10 $) des frais du Test Covid-19 qu’elles doivent effecteur obligatoirement avant d’être relaxées. D’autres sont carrément placées en détention.
La police avait affirmé que l’artiste Jay Polly et ses invités avaient été trouvés lors de leur interpellation «en train de boire et d’abuser de stupéfiants». «Parmi les contrevenants se trouvaient également trois ressortissants étrangers, qui ont été trouvés avec de faux certificats de test négatif au Coronavirus», avait alors déclaré le porte-parole de la police, John Bosco Kabera.
La date du début de son procès pour usage de stupéfiants avait été fixée au 2 décembre. Le tribunal avait rejeté la demande de libération sous caution formulée par l’artiste au motif que la durée de sa détention préventive de 30 jours avait expiré.
Le Service correctionnel du Rwanda indique que le rappeur a été conduit hier à 18 heures à l’hôpital de la prison de Kibagabaga où il est détenu parce qu’il ressentait des malaises. Son état de santé s’étant dégradé, il a été transféré d’urgence à l’hôpital de Muhima pour des soins appropriés où il a rendu l’âme ce jeudi à 4heures 30’.
L’institution publique en charge des prisons affirme que Jay Polly et ses deux codétenus ont consommé des boissons illicites dans la prison de Mageragere, ce qui a entraîné des effets secondaires. Ses deux codétenus à savoir Harerimana Gilbert et Iyamuremye Jean Clément se sont rétablis. Mais l’état de santé de Jay Polly a continué à se détériorer avec des maux de ventre jusqu’à ce qu’il soit emmené à l’hôpital Muhima où il a succombé à des complications connexes. Selon le Service correctionnel du Rwanda, le Bureau rwandais d’Investigation a d’ores et déjà ouvert une enquête pour déterminer les causes et les circonstances de son décès.
Jay Polly a gagné en popularité en tant que rappeur depuis 2008 lorsqu’il a rejoint l’équipe de Tuff Gang. Certaines de ses chansons à succès incluent « Ku musenyi », « Deux fois Deux » et « Akanyarirajisho » entre autres. En 2014, l’artiste a remporté la compétition «Primus Guma Guma Super Star » et a depuis lors maintenu sa popularité parmi les fans de Hip Hop.
En 2018, Jay Polly a été condamné à cinq mois de prison pour avoir agressé sa femme. Après sa sortie en 2019, Jay Polly a repris sa musique et a sorti plus de chansons qui lui ont valu la gloire.
En avril 2021, il a été arrêté pour violation du protocole sanitaire et abus de drogue. Il a été placé en détention provisoire pendant 30 jours qui ont expiré avant son procès au fond prévu le 2 décembre 2021. Mais le tribunal a refusé de lui accorder une libération conditionnelle.
Un autre musicien, Kizito Mihigo dont les chansons avaient été interdites au Rwanda était décédé en détention en février 2020. Ce chanteur de gospel avait été retrouvé pendu dans sa cellule. La police avait affirmé qu’il s’était suicidé. Plusieurs ONG internationales avaient lancé des appels à une enquête indépendante, rejetés par les autorités rwandaises
Kizito Mihigo avait été condamné à une peine de dix ans de prison en 2015 pour conspiration contre le gouvernement avant d’être remis en liberté. Il avait été arrêté de nouveau en 2020 pour avoir tenté de traverser illégalement la frontière sud du Rwanda, vers le Burundi, dans le but de rejoindre les groupes terroristes qui déstabilisent le pays, selon la Police. (Fin).