Bintou Keita, l’envoyée de l’ONU en RDC, devant le Conseil de sécurité. Photo ONU/Manuel Elias
La Représentante spéciale du Secrétaire général en République démocratique du Congo (RDC), Bintou Keita, a souligné lundi devant le Conseil de sécurité que la restauration de la confiance de la population était cruciale pour ramener la stabilité dans l’est du pays.« Les défis auxquels le Gouvernement est confronté dans la mise en œuvre de l’état de siège dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu mettent en exergue les limites d’une approche strictement militaire à la protection des civils et la neutralisation des groupes armés », a déclaré Mme Keita dans un exposé lors d’une réunion du Conseil de sécurité consacrée à la situation en RDC.
Elle a noté que la peìriode de l’eìtat de sieÌge, décidé en mai dernier, a vu en effet une augmentation de 10% du nombre de violations et abus des droits de l’homme dans le pays, compareìe aÌ la peìriode preìceìdente, attribuables dans la grande majoriteì aux groupes armeìs et aux forces de seìcuriteì dans les deux provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.
« Une solution durable aÌ la violence aÌ l’est de la RDC neìcessite un engagement politique plus large pour s’attaquer aux causes profondes des conflits. Afin que la stabiliteì revienne aÌ l’est du Congo, l’Eìtat doit reìussir aÌ restaurer et aÌ maintenir la confiance de la population en sa capaciteì aÌ proteìger, administrer, deìlivrer la justice et reìpondre aÌ ses besoins essentiels », a dit l’envoyée de l’ONU.
Opération des forces armées ougandaises et congolaises contre les ADF
Mme Keita a indiqué que le 30 novembre dernier, les Forces armées de la RDC (FARDC) ont initié des opérations militaires conjointes avec l’armée ougandaise contre les rebelles des Forces démocratiques alliées (ADF). Les frappes aériennes et d’artillerie contre les positions des ADF au Nord-Kivu et en Ituri ont été suivies, le même jour, par l’entrée d’unités ougandaises sur le territoire congolais. « A l’heure actuelle, les opeìrations au sol se poursuivent pour neutraliser les combattants ennemis dans les zones des bombardements », a précisé Mme Keita.
Elle a indiqué que dans ses interactions avec les plus hautes autorités des deux Etats, elle avait pris note de la « décision souveraine de mener cette action militaire conjointe » et avait souligné « la nécessité absolue de mettre en place des mécanismes opérationnels de coopération afin d’assurer la sécurité des Casques bleus des Nations Unies et de permettre à la Mission de continuer d’appuyer les FARDC dans la protection des civils et la neutralisation des groupes armés ».
A cette fin, le 2 deìcembre, le commandant de la Force de la Mission des Nations Unies en RDC (MONUSCO) s’est rendu aÌ Kampala, pour deìfinir avec les autoriteìs ougandaises les modaliteìs pratiques de cette coordination tripartite. « Demain, le commandant de la Force sera aÌ Kinshasa pour rencontrer la hieìrarchie militaire des FARDC afin de poursuivre ce dialogue initieì aÌ Kampala », a précisé Mme Keita.
Des jeunes filles transportent de l’eau depuis une source en Ituri, en RDCongo. © UNICEF/Scott Moncrieff
Détérioration de la situation humanitaire
Quant à la situation humanitaire, elle continue de se deìteìriorer aÌ l’est du pays, en raison de l’inseìcuriteì et des eìpideìmies, combineìes aÌ un acceÌs limiteì aux services de base, a-t-elle ajouté.
Le nombre de personnes deìplaceìes dans le pays se situe aÌ preÌs de 6 millions, dont 51% de femmes. Il s’agit du nombre le plus eìleveì de personnes deìplaceìes aÌ l’inteìrieur du pays sur le continent. « A cela est venue s’ajouter l’apparition de nouveaux cas du virus Ebola », a précisé l’envoyée de l’ONU.
Mme Keita, qui est la cheffe de la MONUSCO, a indiqué par ailleurs que la mise en œuvre du plan de transition pour le retrait progressif, responsable et conditionnel de la mission progresse.
En conclusion, alors que la RDC se prépare aux élections de 2023, elle a exhorté toutes les parties prenantes politiques à se concentrer, au cours des douze prochains mois, « sur la mise en œuvre des réformes clés nécessaires pour consolider les gains de stabilisation durement acquis obtenus jusqu’à présent et surmonter les défis persistants, en particulier dans l’est du pays ». (Fin)