By Bakuramutsa Manzi*
La prise de pouvoir de Tshisekedi, dit Fatshi Béton, avait donné l’espoir à beaucoup. Ils croyaient qu’il allait mettre tout son poids dans la balance pour ramener de l’ordre dans la patrie de Lumumba. Espoir déçu.
Le comportement de l’Etat congolais est déroutant pour tout observateur. Tout en appelant au secours toutes les armées du monde pour l’aider à lutter contre les rebelles qui pillent, violent et massacrent la population, ces mêmes criminels restent des privilégiés partenaires de cet Etat.
La RDC est parsemée de plusieurs centaines des groupes des rébellions, avec une large concentration d’occupation dans les provinces du Sud-Kivu, Nord-Kivu et de l’Ituri. Il ne faut pas oublier les provinces du Katanga, du Kasaï et dans le Mai Ndombe ce dernier étant à proximité des communes de Kinshasa, la capitale du pays.
Toutes ces rébellions ont un seul point commun qui est leur origine et qui reste la cause de leur subsistance : la mauvaise gouvernance du pays, pour ne pas la nommer, qui est doublée de l’absence de l’Etat sur le terrain. Comme les champignons dans le fumier, les rébellions se sont mises à bourgeonner depuis les années soixante, et les plus motivées par la rentabilité du crime ou par la cause supérieure à défendre continuent à subsister.
L’observation interne de ces centaines rébellions permet de les classer arbitrairement en deux catégories bien distinctes.
Les rébellions inspirées de la criminalité
La première catégorie et la plus nébuleuse de groupes des rebelles, est composée de centaines des groupes qui sont nés à cause de l’absence de l’autorité administrative dans la région. Ce manque d’autorité, combinée des salaires très bas des fonctionnaires, de leurs irrégularités et souvent du non-paiement des salaires, sans mentionner le haut pourcentage du chômage. Ces ingrédients mis ensemble suscitent le banditisme, dont les membres finissent par s’organiser en bandes avec le contrôle des territoires et puis les bandes deviennent des forces rebelles.
Tous ces éléments ont provoqué et contribué à la naissance des groupes des rebellions qui par ambition de leadership, ou par diverses sponsorisations des hommes politiques ou des officiers des FARDC (Forces Armées de la RDC) se sont multipliés, ou divisés en groupes rivaux, se répartissent dans diverses régions de la République.
Dans le pays de Mobutu, où l’Etat ne faisait rien pour le citoyen, à l’époque, tout un chacun était encouragé à se débrouiller, d’où « l’article 15 – Débrouillez-vous », un article for en vogue et bien répandu dans le pays, qui invite tout congolais de faire tout ce qu’il peut pour survivre.
C’est dans cette situation, la corruption aidant, le régime des rebelles s’est installé dans le pays, les autorités locales et les forces de l’ordre archi-corrompues, ont mis en place une complicité tacite en faveur de tous les larrons, qui a permis au grand nombre parmi eux de survivre, et un petit nombre de s’enrichir, voire de s’enrichir à outrance pour certains.
Cette catégorie dans la survie et l’enrichissement de ses membres, n’a pas hésité à écraser les communautés les plus faibles, détruire les biens des minorités aisées pour les appauvrir et les affaiblir davantage économiquement et politiquement. Et pour mieux les soumettre.
La survie de cette catégorie ne dépend que de l’absence de l’Etat, de l’utilisation de la force, et pour cela, la collaboration avec l’autorité locale, ainsi que l’association avec les membres des FARDC, qui sont mal payés et corrompus à tous les niveaux de la hiérarchie. Ces derniers profitent de l’occasion pour vendre aux rebelles leurs armes de fonction ou en provenance du stock de la caserne. Ils vendent également aux rebelles des informations militaires pour protéger ces criminels de toute attaque et ferment les yeux sur leurs crimes.
Il y a des groupes de ces rebelles qui sont au service des officiers des FARDC ou des hommes politiques, en contrôlant et exploitant illicitement des mines au profit de leurs maîtres du moment.
Les rebelles protecteurs des communautés locales
La deuxième catégorie des rebelles est composée pour la plupart de cas de victimes de la première catégorie. Cette catégorie de rébellions a pris aussi naissance dans les zones où l’autorité centrale était absente, souvent au sein d’une communauté relativement aisée par rapport aux autres groupes de la région. Elle se développe sous une forme de révolte contre les sévices subis par l’autorité ou d’autres citoyens qui s’octroient le pouvoir sur d’autres citoyens.
Cette catégorie de rébellion s’est créée pour protéger les membres de leur communauté, victimes des exactions, vols, pillages, viols et massacres commis par les autorités locales et les membres des FARDC qui cherchent la survie en rançonnant avec violence la population qu’elles sont censées protéger. Il en est de même des groupes de rebelles de la première catégorie qui s’attaquent aux autres communautés qui sont sans défense du pouvoir étatique.
Dans beaucoup de cas, ce manque de l’autorité de l’Etat, a obligé la population de se créer une force d’auto-défense pour se protéger et protéger leurs biens contre ces hordes destructrices et se protéger contre leur propre autorité.
Cette catégorie de rébellion se retrouve dans les montagnes d’Uvira au Sud-Kivu, dans les territoires de Masisi et Rutshuru et dans la province d’Ituri. Ces communautés bien qu’éloignées les unes des autres, elles ont beaucoup de points communs, notamment des ressources agricoles et d’élevage du gros bétail. Toutes ces communautés sont victimes de manque d’autorité administrative et de justice sociale.
Les revendications de cette catégorie de rébellion visent d’une part la protection de sa communauté et de ses biens, d’autre part, les rebelles revendiquent la négociation avec le gouvernement et surtout la mise en application des divers accords que les rebelles qui forment cette catégorie ont eu avec les régimes successifs de Mobutu, Kabila père et fils ainsi que celui de Tshisekedi. Bien que tous ces chefs d’Etat ont négocié avec les représentants de diverses communautés, aucun de ces régimes n’a jamais assumé ni l’autorité centrale dans ces provinces ni mis en application les accords conclus ni au Sud-Kivu, ni au Nord-Kivu, ni en Ituri. Il en est de même pour les guerres communautaires à Mai Ndombe.
Les rebelles de cette catégorie ne cherchent qu’à protéger leurs communautés et leurs biens et ils ne cessent d’appeler au secours le gouvernement central de leur pays. Tous ces groupes de rebelles ont eu plusieurs fois des négociations de bonne foi avec les autorités du pays, jusqu’au niveau national. Les accords ont toujours abouti, mais le gouvernement ne les a jamais mis en application.
C’est toujours le manque de bonne gouvernance qui revient et il est clair que si la justice sociale existait, ce type de rébellion disparaîtrait instantanément.
Auteur inconnu, mais brillant observateur
Au sujet de ces rébellions congolaises, il est à noter que le gouvernement de Kinshasa ne cesse de s’embourber et s’embrouiller dans maintes contre-vérités en s’adressant à son peuple, à ses partenaires, aux organisations internationales pour essayer de maintenir la tête hors de l’eau.
Actuellement, tous les groupes criminels, -qui étaient complices avec les FARDC dans les maltraitances et massacres de la population, ainsi que le pillage des biens de la République-, ont été promis des auxiliaires des FARDC pour assurer la sécurité. Ainsi les criminels sont récompensés et le crime promis au niveau du patriotisme.
Il est autant frappant et étonnant de voir comment Kinshasa n’hésite aucunement de manipuler voire trafiquer les communiqués communs des rencontres internationales, en essayant de les ajuster aux désidératas qu’il n’a pas pu obtenir dans le forum des rencontres et négociations internationales.
Kinshasa mérite le prix de la comédie et de l’art des mensonges et de la manipulation ! (Fin).
*Bakuramutsa Manzi • Ancien fonctionnaire de l’ONU (FAO, PNUD); • Ancien ambassadeur du Rwanda à l’ONU, Benelux, UE et Vatican.