Joseph Rwakana Sebineza de RBC
Nyamata (Bugesera): Face à une jeunesse qui se livre à des rapports sexuels non protégés sous prétexte que le condom est cher ou non disponible, voilà une attitude synonyme de perte du bon sens et qui n’accorde pas de l’importance à la vie, selon Joseph Sebineza Rwakama, du Programme de Sensibilisation au sein du Centre Biomédical du Rwanda (RBC).
« Certains jeunes du milieu rural dans le district de Bugesera disent que le condom n’est pas toujours disponible. Il faut louer une moto à mille frw (1000 Frw) pour venir l’acheter au centre de Nyamata, soit des dépenses qui s’élèvent à 1500 Frw. Le jeune maçon ne peut pas accepter de dilapider une telle somme. Il préfère se précipiter dans des relations sexuelles non protégées », témoigne le jeune vendeur de vélos, Ukwishaka Abdoul, un nouveau marié qui attend valider son union civile dans le secteur dans quelques jours.
Rwakana désapprouve fermement les jeunes qui ne prennent pas soin de leur vie et qui se jettent dans des rapports sexuels non protégés, quel que soit le motif.
« Ces jeunes doivent connaître la valeur de la vie et prendre une décision de toujours recourir à des rapports protégés. Ils peuvent chercher le condom chez le conseiller en santé, la boutique, le poste ou le centre de santé ou encore l’hôpital. L’important est de sauver sa vie à tout prix », recommande-t-il.
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Face à une autre idée répandue chez certains et qui dit que le Sida est la maladie des riches, Rwakana rétorque qu’une telle perception ou un tel discours ne devrait pas exister. Surtout que des rapports font état de la montée de nouvelles infections chez les jeunes de toute condition socio-économique.
« Une telle perception doit changer, car le Sida infecte les gens de toutes les couches de la société et à tous les niveaux », poursuit-il.
A propos des comportements développés quand on est testé positif au Sida, Joseph Rwakana montre que l’important est de savoir s’accepter comme tel et se soumettre à un régime des ARV qui permet de vivre longtemps et de s’occuper de sa famille.
« Quand on refuse d’assumer son statut de séropositivité, on se livre à l’alcool et à la drogue. On perd la tête. On adopte des attitudes de découragement et de désespoir. On se tue soi-même en quelque sorte. L’essentiel est d’écouter les conseils du médecin. Avec les ARV, on prolonge la vie. On continue à travailler. On évite des maladies opportunistes. On élimine le virus de son sang. On parvient à avoir une vie presque normale », révèle-t-il.
A propos du condom des femmes, Rwakana informe que ce condom est disponible pour protéger. Seulement le condom des hommes est plus répandu. Les femmes connaissent leur condom. Elles ne se mettent pas en tête l’idée de chercher ce condom dans les hôpitaux et centres de santé et de l’utiliser. Il est nécessaire de faire sa promotion pour que les gens l’utilisent plus.
L’autre point important est que les parents, père et mère, devraient oser parler de la planification familiale (PF), et de la santé sexuelle et reproductive à leurs enfants. Le moment est venu de briser les tabous. La nécessité de lutter contre le Sida impose qu’on soit audacieux et qu’on aborde les transformations physiologiques du corps devant les enfants, à des fins de mieux les préparer à protéger leur vie et bâtir leur futur.
Rwakana a tenu ces propos en marge du show, du théâtre et des messages de RBC au public du marché de Nyamata. La présence de RBC a permis de rehausser les connaissances des jeunes dans la lutte contre le Sida, au regard des questions et réponses avec le public.
Il est apparu que tous les jeunes ne savent pas que quand ont été victime du viol ou fait des rapports non protégés, l’on doit se rendre en toute urgence au Centre de Santé le plus proches en 72 heures pour y recevoir un traitement approprié.
Irakoze Berthe, 20 ans, couturière, a terminé sa 6ème primaire, et Ukwishaka Abdoul, 23 ans, jeune, marié sont à placer dans cette catégorie. Leurs propos montrent qu’ils avaient des connaissances imprécises sur ce qu’on doit faire quand on a connu des rapports non protégés.
La présence de RBC à Nyamataa a été salutaire pour eux et pour leur environnement, surtout qu’ils partageront l’information avec d’autres. Ces jeunes témoignent que Nyamata connaît la prostitution et que les rapports sexuels ne sont pas toujours protégés. Raison pour laquelle une plus grande sensibilisation s’impose pour rehausser le niveau des connaissances et de l’engagement pour se protéger. (Fin)