Les travaux de Kigali se sont déroulés dans une ambiance cordiale. Photos UNOCA/Norbert N. Ouendji
La 56e session du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale (UNSAC) a débuté à Kigali, capitale du Rwanda avec la réunion des points focaux des onze Etats membres, notamment l’Angola, le Burundi, le Cameroun, la République centrafricaine (RCA), le Congo, la République démocratique du Congo (RDC), le Gabon, la Guinée équatoriale, le Rwanda, Sao Tomé et Principe, et le Tchad.
Dans son mot de bienvenue, l’Ambassadeur Guillaume Kavaruganda, Directeur Général Europe, Amérique et Organisation internationale au Ministère rwandais des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, a rappelé l’importance de cette session dont le thème principal porte sur « la prévention et la lutte contre les changements non-constitutionnels ». Il a souligné que son pays est « prêt à partager son expérience et à contribuer activement aux discussions […] » sur cette question. Il a insisté sur le volet préventif, en soutenant qu’il s’agit d’un « impératif pour garantir un avenir pacifique et prospère [aux] citoyens ».
L’Ambassadeur Guillaume Kavaruganda a aussi fait observer que ce thème « revêt une signification particulière » dans le contexte africain actuel, précisant que la recherche de solutions durables aux défis qui interpellent les uns et les autres « nécessite une collaboration étroite et une coordination efficace entre [les] nations ».
Reconstruction et renforcement de la confiance
« Le Rwanda demeure résolument engagé envers les principes de l’UNSAC et les objectifs [qu’il] poursuit », a par ailleurs indiqué le représentant du pays hôte de la 56e session de cet organe de l’ONU. Il a également donné les grandes lignes des autres points à l’ordre du jour de cette rencontre, dont le segment ministériel (24 novembre) sera précédé de celui des experts (21 au 23 novembre).
Outre la revue proposée par la Commission de la CEEAC et permettant d’avoir une idée globale de la situation géopolitique et sécuritaire dans les onze pays membres de l’UNSAC, plusieurs sujets seront abordés, dont ceux relatifs à la sécurité climatique, la situation humanitaire, la problématique des enfants dans les conflits armés, l’état des droits de l’homme, etc. De plus, une présentation sera faite sur les efforts en cours en vue de l’adoption d’une stratégie régionale de prévention et de lutte contre les discours de haine en Afrique centrale.
Le bureau sortant du Comité fera le bilan de la mise en œuvre des recommandations et des décisions issues de la 55e réunion qui s’est tenue du 15 au 19 mai 2023 à Sao Tome. Il est présidé par la République démocratique de Sao Tomé et Principe, dont l’Ambassadrice au Gabon, Elisa Pereira Afonso de Barros, a dirigé la réunion des Points focaux. Elle a exprimé le vœu que les échanges qui auront lieu au cours de la 56e session débouchent sur de belles perspectives pour l’Afrique centrale en matière de prévention et de résolution des conflits. Elle a saisi cette occasion pour exprimer sa gratitude à l’UNOCA pour son « soutien indéfectible » en tant que Secrétariat de l’UNSAC (depuis 2011).
Outre les représentants des Etats membres de l’UNSAC, de nombreuses organisations régionales et internationales ayant ou non le statut d’observateur, participent aux réunions de cet organe, y compris des entités de l’ONU. Au moins trois hauts fonctionnaires de cette institution prendront part aux travaux de Kigali : Virginia Gamba (Représentante spéciale pour le sort des enfants en temps de conflit armé), Huang Xia (Envoyé spécial pour la région des Grands Lacs) et Abdou Abarry (Représentant spécial et Chef de l’UNOCA). L’équipe de la Commission de la CEEAC sera conduite par le Commissaire aux Affaires politiques, Paix et Sécurité, Mangaral Bante.
Mis en place le 28 mai 1992 par le Secrétaire général de l’ONU (conformément à la Résolution 46/37 B adoptée le 6 décembre 1991 par l’Assemblée générale de l’ONU), le Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale (UNSAC) est une réponse à une demande formulée le 28 novembre 1986 par les pays membres de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC). Ils souhaitaient disposer d’un outil permettant de faire face aux nombreux conflits auxquels ils étaient confrontés dans les années 1980.
Aujourd’hui, le Comité demeure un cadre de concertation sur les préoccupations et menaces qui compromettent la stabilité de la sous-région ainsi que son intégration et son développement durable. Il a essentiellement pour mission de mener des « activités de reconstruction et de renforcement de la confiance entre ses États membres, notamment par des mesures de confiance et de limitation des armements ». L’UNOCA en assure le Secrétariat depuis mai 2011. Cette mission incombait auparavant au Centre Régional des Nations Unies pour la Paix et le Désarmement en Afrique (UNREC) basé à Lomé au Togo.
C’est la troisième fois que le Rwanda abrite une réunion de l’UNSAC depuis que l’UNOCA en assure le Secrétariat. Ce pays avait déjà accueilli les 36e et 45e sessions du Comité, respectivement du 20 au 23 août 2013 et du 4 au 8 décembre 2017 à Kigali. La dernière avait abouti à l’adoption de deux déclarations, l’une sur la situation en République centrafricaine (RCA) et l’autre sur la réforme du Conseil de paix et de sécurité de l’Afrique centrale (COPAX).
Des jeunes du réseau panafricain pour la culture de la paix (PAYNCOP) et des Conseils nationaux de la jeunesse (CNJ) des pays de la CEEAC y avaient aussi lu un communiqué publié à l’issue d’un atelier organisé en marge de la 45e réunion ministérielle. Ils y affirment, entre autres, leur « volonté à soutenir la promotion d’une stratégie opérationnelle pour la jeunesse afin de permettre son autonomisation et sa contribution au développement et à l’intégration de la sous-région de l’Afrique centrale, avec l’appui de la CEEAC, de l’UNOCA, de l’UNESCO et de l’OIF ». Actuellement, le Rwanda occupe la première vice-présidence de l’UNSAC et prendra les commandes du Comité après les travaux de Kigali jusqu’à la 57e session prévue dans six mois. (Fin)