Forte présence de militaires lourdement armés sur la frontière burundo-rwandaise

Des militaires burundais et des Imbonerakure (membres de la ligue des jeunes du CNDD-FDD) en grand nombre le long de la frontière avec le Rwanda sont signalés depuis l’annonce de la décision prise par le gouvernement burundais de fermer ses frontières d’avec le Rwanda.

Un couvre-feu a été décrété en commune Busoni, de la province Kirundo non loin de la frontière avec le voisin du nord-Burundi. Des habitants disent être terrorisés par la circulation inhabituelle de ces militaires lourdement armés. 

Selon le Collectif SOS Médias Burundi qui livre cette information, l’absentéisme des élèves aux écoles est également signalé. Ils disent avoir peur. 

Depuis la fermeture des frontières par le gouvernement burundais il y a plus d’un mois, des militaires ont été positionnés sur le littoral des lacs Rweru et Cohoha dans les communes Busoni et Bugabira et sur une partie de la commune Ntega qui touche la rivière Kanyaru.

Selon des sources sur place, ces militaires collaborent avec des Imbonerakure (membres de la ligue des jeunes du parti CNDD-FDD) et les administratifs à la base pour mieux surveiller la frontière avec ce pays voisin.

Des militaires lourdement armés

Les mêmes sources indiquent que ces derniers jours le nombre des militaires a augmenté. Ils sont munis d’armes lourdes.

« J’ai vu moi-même une équipe de militaires avec des mitrailleuses. Dans la réserve naturelle de Murehe qui se prolonge jusqu’au Rwanda, on parle d’autres armes plus lourdes couvertes par des tentes et de la paille. On dirait une préparation d’une guerre », estime un habitant.

Certaines localités sont pour le moment infranchissables. Personne n’est autorisé à traverser la partie appelée Mwiyanza de la réserve naturelle de Murehe.

« Auparavant c’était facile de partir de la zone Gatare en commune Busoni jusqu’à la zone Gisenyi ou simplement arriver sur la route nationale goudronnée reliant le Burundi et le Rwanda. Mais aujourd’hui nous sommes obligés de parcourir une vingtaine de kilomètres alors que le raccourci pouvait faire moins de dix kilomètres », regrette un habitant de la colline Munazi.

La circulation est limitée pendant la nuit. Des élèves commencent à s’absenter à l’école à cause de la panique.

Certains administratifs admettent que la présence des militaires en nombre élevé gêne la population. La circulation pendant la nuit a été réduite.

« On dirait que nous sommes dans une situation d’état d’urgence, des mesures prises par les chefs des positions militaires nous font peur », se désole un enseignant de Busoni.

« Ceux qui sont surpris en circulation au-delà de 20h sont arrêtés puis libérés moyennant une somme de dix mille francs, voire plus. Sinon ils sont conduits à une position pour y passer la nuit », signale un enseignant.

En cas de refus d’ordre, des habitants sont bastonnés par les militaires.

Des sources sur la colline Gatete de la zone de Gatare évoquent aussi des cas d’absentéisme des élèves.

 « Ils ont peur des militaires dotés d’armes inhabituelles. Ils s’attendent toujours à des coups de feu qui peuvent surgir des deux côtés », insistent des habitants de Gatete, proche de la frontière.

La population demande la réouverture des frontières le plus vite possible, selon des témoignages recueillis sur place. (Fin)