Un haut responsable de l’UNICEF réclame une solution politique au conflit dans l’est de la RDC

Deux jeunes garçons transportent de l’aide alimentaire à vélo à Beni, au Nord-Kivu, en RDC. © WFP/Benjamin Anguandia

Au terme d’une visite dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), un haut responsable de l’UNICEF a souligné lundi les préoccupations croissantes concernant la protection des droits des enfants et la protection des civils et a appelé à une action urgente pour renforcer les solutions diplomatiques et à long terme.

Le Directeur général adjoint du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) pour l’action humanitaire et les opérations d’approvisionnement, Ted Chaiban, a conclu une visite de cinq jours dans l’est de la RDC où il a rencontré les autorités et a été le témoin direct de l’impact dévastateur de l’escalade du conflit sur les populations vulnérables, en particulier les femmes et les enfants, a indiqué l’UNICEF dans un communiqué de presse.

Des millions de déplacés

« L’ampleur du conflit dans l’est du pays a atteint de nouveaux sommets, déplaçant des millions de personnes et créant la pire crise humanitaire dans le pays depuis 2003 », a déclaré Ted Chaiban. « Les enfants sont tués, mutilés, enlevés et recrutés par les groupes armés, les violations graves vérifiées étant les plus nombreuses jamais enregistrées ; leurs droits à l’éducation et à une enfance sûre ont été anéantis ».

Le haut responsable de l’UNICEF a visité les sites de personnes déplacées de Bulengo et de Lushagala, à la périphérie de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, où vivent plus de 36.500 familles. « L’intensification des combats au cours des derniers mois a aggravé la situation déjà précaire des enfants et des familles dans les camps », a-t-il souligné.

Il a également rencontré des familles déplacées à Minova, dans la province du Sud-Kivu, où l’accès est de plus en plus restreint et où l’afflux récent de plus de 250.000 personnes fuyant les conflits a ajouté une pression immense sur des communautés d’accueil déjà vulnérables.

Acheminement de l’aide humanitaire

« La seule façon de réduire ces souffrances est de redoubler les efforts des acteurs régionaux et de la communauté internationale pour négocier une solution politique au conflit, y compris le processus de Luanda, le dialogue de Nairobi et d’autres efforts diplomatiques », a souligné Ted Chaiban. « La détérioration de la situation sécuritaire dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu et de l’Ituri a un impact significatif sur l’acheminement de l’aide humanitaire ». 

« Nous condamnons fermement les bombardements de la semaine dernière sur trois sites pour personnes déplacées dans les quartiers de Lac-vert, Lushagala et Mugunga près de Goma, qui ont entraîné la perte tragique de 35 vies et fait plus de 20 blessés, principalement des femmes et des enfants », a-t-il ajouté. 

L’UNICEF demande instamment à toutes les parties de maintenir les installations, les armes et les opérations militaires à l’écart des zones civiles.

L’agence onusienne réaffirme la nécessité d’accorder une place centrale à la protection dans cette crise. « L’UNICEF reste déterminé à faire en sorte que le droit de chaque enfant à la santé, à l’éducation et à la protection soit respecté », a réitéré le Directeur général adjoint de l’UNICEF.

Pour des communautés plus résilientes

Avec la baisse des fonds humanitaires, les interventions humanitaires menées par l’UNICEF se concentrent sur les plus vulnérables.

« Répondre à l’ensemble des besoins et apporter des solutions durables ne peut se faire que si le gouvernement prend la responsabilité principale de fournir des services de base dans ces contextes difficiles, avec notre soutien collectif », a dit Ted Chaiban. « Le soutien aux systèmes gouvernementaux pour que les communautés soient plus résilientes est le seul moyen de réduire les besoins humanitaires ».

Il a souligné l’importance d’un financement flexible comme l’un des principaux catalyseurs. L’UNICEF travaille en étroite collaboration avec le Programme alimentaire mondial (PAM), l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et d’autres agences pour améliorer la résilience et la cohésion sociale, en liant les interventions humanitaires au développement et à la paix.

Ted Chaiban a visité des réseaux d’eau dans le territoire de Rutshuru, dans le Nord-Kivu, montrant que les solutions durables sont la façon dont on peut et doit travailler, même dans les zones de conflit et les camps de personnes déplacées, comme l’extension du réseau d’eau de Goma à Kanyaruchinya.

Il a rappelé que le monde a besoin d’un Congo pacifique et productif qui, avec sa forêt tropicale et ses minéraux verts, est essentiel à la lutte contre le changement climatique mondial. « La République démocratique du Congo est trop importante pour échouer. Nous avons besoin de paix et de sécurité pour que les personnes déplacées puissent rentrer chez elles, cultiver leurs champs et ramener leurs enfants à l’école », a-t-il conclu. (Fin)