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Bugarama, Rusizi: Jean-Baptiste Ukurikiyimfura, 30 ans, a terminé l’Université du Rwanda (KIST) et il a obtenu son diplôme d’ingénieur électricien. Il a mis quatre ans pour chercher de l’emploi, sans l’obtenir. Il a préféré profiter des atouts à sa portée : ses parents ont un champ suffisant et non exploité. C’est dans ce cadre qu’il s’est lancé en 2020 dans la culture du maracuja sur un demi-hectare d’abord.
« J’ai l’avantage d’être comptable d’une coopérative de 126 membres basée sur la colline Gashonga, et elle est dénommée KOHIGA, c-à-d coopérative pour transformer les conditions de vie des cultivateurs de maracuja de la colline Gashonga. Kohiga signifie « Hindura ubuzima, ou transforme la vie par la culture du maracuja dans le village Gashonga. Avec la première récolte en ce mois de Février 2025, je cueillerai 250 Kg qui seront vendus à 900 Frw le Kg. Je dispose en tout de 800 arbres grimpants de maracuja. J’ai déjà investi 1,7 millions Frw depuis quatre ans. Ma première récolte d’essais a obtenu 20 Kg. Tous les 126 membres de KOHIGA produisent du maracuja selon la surface cultivée par chacun. L’ambition collective est d’améliorer la productivité de cette culture qui rapporte », reconnaît Baptiste.
Il a tenu ces propos devant une vingtaine de journalistes encadrés par le MINAGRI qui se sont rendus à Gashonga pour voir les progrès de la culture du maracuja, comme fruit qui renforce le régime alimentaire des populations tout en rapportant un revenu financier aux ménages. C’est une initiative mise en place par le Projet Kwihaza visant l’autosuffisance alimentaire et qui est soutenu par Enabel, le Luxembourg et l’Union Européenne.
Jean-Baptiste envisage une récolte de 400 Kg par semaine de maracuja ces prochains mois. Le marché est disponible dans le pays avec la Société Inyange ou le marché de Mutanga/Kigali qui prennent 20 à 30 tonnes en trois semaines. Seulement, la livraison a régressé et l’on ne peut offrir que 15 à 20 tonnes ces derniers temps.
La FAO et KLIMO TRUST nous ont formés. RAB aussi. J’ai l’ambition d’agrandir le terrain et produire plus. Nous travaillons avec des responsables du Minagri pour lutter contre des maladies qui attaquent nos cultures. Les défis en place sont l’excès de sécheresse prolongée, des pluies diluviennes qui abîment les fruits, et des maladies comme Kirabiranya », poursuit Jean-Baptiste.
Le jeune fermier a un plan pour s’acheter à crédit une machine qui irrigue ses fruits. C’est une des voies pour accroître la production de façon durable.
« L’autre obstacle est que le coût des médicaments augmente. Coppe oxydoride ou Igitenge est passé de 2300 Frw à 4800 Frw. Dudu qui coûtait 1200 Frw avant est obtenu à 1700 Frw. Safari Max est passé de 6000 Frw à 9000 Frw. Ce sont ces trois principaux médicaments que nous utilisons, mais leur coût devient exorbitant. Ceci diminue notre revenu », note Jean-Baptiste.
Avec son salaire de cent mille Frw par mois quand il a tout payé, il parvient à diversifier ses activités. Il a commencé à cultiver le chili qui rapporte.
Pour le président de KOHIGA, Bernard Sagahutu, la population de Gashonga a été sensibilisée sur les avantages pour la santé de consommer des fruits et des légumes.
« La population est réceptive et mange des mangues, des maracujas, des oranges et elle jouit d’une bonne santé grâce à une bonne nutrition axée sur les fruits et légumes. Nous exportons en RDC voisine nos maracujas, l’isombe ou feuilles de manioc, ainsi que les feuilles des courges, ou encore la viande de nos vaches. Cela génère du revenu financier pour nos familles », témoigne-t-il. (Fin)