Génocide contre les Tutsi : l’UNESCO et le Rwanda vont renforcer le rôle éducatif des mémoriaux

Paris: À l’occasion de la Journée internationale de réflexion sur le génocide contre les Tutsi au Rwanda, l’UNESCO et le gouvernement rwandais vont renforcer le rôle éducatif des sites mémoriaux, dont quatre sont inscrits depuis 2023 sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Ils formeront les responsables et personnels des sites de mémoire à l’accueil de groupes scolaires, enrichiront les expositions et créeront des contenus pédagogiques utilisés dans les écoles.

« Ce qui s’est passé au Rwanda concerne l’humanité toute entière. L’éducation et les médias y ont été instrumentalisés pour transformer des citoyens ordinaires en tueurs. Il nous faut inlassablement enseigner l’histoire du génocide, par devoir pour les victimes et pour interdire que s’agrègent les conditions de telles atrocités. Il nous faut partout faire de l’éducation un levier puissant pour la mémoire, la réconciliation et la paix », déclare Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO.

Le 7 avril 2025 marque les 31 ans depuis le début du génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda. En l’espace de 100 jours, près d’un million d’hommes, femmes, enfants, Tutsi, mais aussi Hutu modérés et Twa ont été assassinés.

Cette année encore, le siège de l’UNESCO accueille une cérémonie commémorative en mémoire aux victimes du génocide. A cette occasion, une initiative a été annoncée pour renforcer la dimension éducative des mémoriaux du Rwanda, en particulier ceux de Nyamata, Murambi, Gisozi et Bisesero, inscrits en 2023 au patrimoine mondial de l’UNESCO. Elle sera mise en œuvre en partenariat avec Aegis Trust et le ministère rwandais de l’Unité nationale et de l’Engagement civique (MINUBUMWE).

L’UNESCO va missionner une quinzaine de jeunes chercheurs, professionnels multimédia et artistes rwandais pour enrichir les expositions des mémoriaux et améliorer la signalétique. L’accent sera mis sur la « mémoire vivante » de ces lieux à travers la numérisation des entretiens avec les rescapés, des récits documentaires ou encore des projets photographiques.

L’Organisation va également former les personnels des mémoriaux à l’accueil et à l’accompagnement des groupes scolaires, les mettre en réseau avec d’autres mémoriaux pour qu’ils partagent leur expertise et les aider à nouer des partenariats avec les associations de rescapés et la communauté éducative.

L’UNESCO va élaborer de nouveaux contenus pédagogiques en langues kinyarwanda, anglaise et française à destination des enseignants et des éducateurs pour préparer et accompagner la visite des mémoriaux par leurs élèves. Elle travaillera avec de jeunes rwandais créateurs de contenu pour conduire des campagnes sur les réseaux sociaux qui valoriseront les sites de mémoire, aideront à prévenir la falsification des faits historiques et la désinformation en ligne sur le génocide.

L’enseignement des génocides, une priorité pour l’UNESCO

Alors que 65 % de la population rwandaise est née après 1994, l’UNESCO accompagne depuis plusieurs années les autorités du pays dans la transmission de la mémoire du génocide. Cette action de l’UNESCO fait partie de son Programme international sur l’enseignement de l’Holocauste et des génocides conduit avec le Musée Mémorial de l’Holocauste des États-Unis. Déjà mis en œuvre dans 30 pays à travers le monde, il sera étendu cette année à une vingtaine d’autres, avec le soutien du Canada et des États-Unis.

Dans ce cadre, l’UNESCO a aussi publié plusieurs outils à destination des décideurs politiques, des enseignants et professionnels de l’éducation. Par exemple, le guide « Enseigner pour prévenir les atrocités criminelles : un guide pour les enseignants en Afrique » (en anglais) fournit des recommandations concrètes aux enseignants du continent africain sur la manière d’enseigner les passés violents dans les salles de classe et en dehors. (Fin).

Leave a Reply