
Le Bureau rwandais d’investigation (RIB, Rwanda Investigation Bureau) a recensé 82 cas liés à l’idéologie du génocide et aux crimes associés au cours de la 31e semaine de commémoration du génocide de 1994 contre les Tutsis.
Selon le porte-parole du RIB, Thierry Murangira, jusqu’à 87 suspects ont été arrêtés durant la semaine Kwibuka31, du 7 au 13 avril.
M. Murangira a indiqué que le nombre de cas signalés avait légèrement augmenté par rapport à la même période en 2024, où 52 cas avaient été recensés et 53 suspects arrêtés. M. Murangira a lié cette augmentation aux événements survenus en RDC voisine, où la violence et les discours de haine contre les Tutsis congolais ont augmenté ces dernières années depuis la résurgence de la rébellion du M23 (Mouvement du 23 Mars).
« Cette augmentation est principalement liée à la situation dans l’est de la RDC. Les réseaux sociaux ont été utilisés comme un outil pour diffuser des discours de haine. Certains ont promu ou défendu l’idéologie du génocide en déformant l’actualité en RDC », a expliqué Murangira.
Il a noté que les discussions autour du conflit entre les rebelles de l’AFC/M23 et le gouvernement congolais ont parfois dégénéré en idéologie du génocide ou en divisionnisme, certains prenant parti et commettant ainsi des crimes de génocide.
Murangira a également souligné une tendance croissante à l’utilisation de plateformes comme TikTok pour diffuser des messages liés à l’idéologie du génocide et aux crimes connexes. « Les réseaux sociaux n’ont jamais été conçus pour servir de plateforme de diffusion de l’idéologie du génocide ou des crimes connexes », a-t-il déclaré.
Une analyse détaillée des 82 cas montre que 36 d’entre eux impliquaient des violences contre des survivants du génocide, et 16 cas de minimisation du génocide contre les Tutsis. Onze cas d’idéologie du génocide, neuf de déni et quatre cas de destruction ou de dégradation de preuves liées au génocide ont été signalés. Les autorités ont également signalé trois cas de justification du génocide.
Environ 30 % des suspects ont entre 35 et 44 ans. 25 % ont entre 25 et 34 ans, tandis qu’environ 19 % ont entre 15 et 24 ans. Environ 10 % ont entre 45 et 54 ans, tandis que 17 % ont 55 ans et plus.
La province de l’Est a enregistré 30 % des cas, la ville de Kigali 21 % et la province du Sud 20 %. La province de l’Ouest a également signalé 20 % des cas, tandis que la province du Nord en a signalé 9 %.
M. Murangira a souligné que, malgré l’augmentation du nombre de cas signalés, une baisse générale de la fréquence et de la gravité de ces crimes avait été observée au fil des ans. Il a toutefois averti que toute forme d’idéologie génocidaire ou de discours de haine, qu’ils soient exprimés en personne ou sur les réseaux sociaux, ne serait pas tolérée.
« Certaines personnes pensent que les violences verbales ne laissent aucune preuve, mais la loi est claire : si elles se produisent en public – ce qui est défini comme un public de plus de deux personnes – ou sont partagées en ligne, elles sont passibles de poursuites », a-t-il souligné. (Fin)