le Maire du district de Rubavu, Ildephonse Kambogo
Rubavu: Le commerce transfrontalier entre Rubavu et Goma enregistrait chaque jour avant la Covid-19 plus de 55 mille personnes qui traversaient la frontière entre les deux villes, mais elles ne sont actuellement qu’autour de dix mille, selon le Maire du district de Rubavu, Ildephonse Kambogo.
« Cette baisse est due à la pandémie de Covid-19 qui a créé un impact négatif sur le commerce effectué par des gens qui disent que leurs poches ont été littéralement trouées par le fléau. Le Gouvernement a apporté son appui pour aider les commerçants à redémarrer leur business, mais la relève s’effectue difficilement pour certains, tant le coup a été dur », indique-t-il.
« Il y a eu un moment où nous bâtions un record de 98 mille personnes qui traversaient la frontière chaque jour. Nous suivions ainsi la frontière entre les USA et le Mexico. Les produits que nous acheminons vers la RDC sont les bananes, les patates douces, la pomme de terre, les légumes et le lait. La majorité des commerçants, soit 80%, étaient des femmes. On ne les voit pas maintenant. Où sont-elles ? Que font-elles ? », interroge le Maire Kambogo.
Il rappelle les trois causes qui ont miné le business entre Rubavu et Goma, à savoir la Covid-19, le tremblement de terre, et l’Ebola.
Interrogé sur l’impact de l’actuel différend entre le Rwanda et la RDC suite à la lutte armée que mène le M23 pour combattre l’idéologie de la haine et le Génocide contre le Congolais rwandophone et le Tutsi, le Maire Kambogo rétorque qu’il échange régulièrement avec son homologue de Goma pour améliorer les conditions de vie des populations réciproques.
« Malgré cette situation de crise, nous faisons de notre mieux pour que le commerce se poursuive entre nos deux villes. Goma est approvisionné en aliments par Rubavu qui bénéficie de ces échanges commerciaux. On était même prêt à accueillir des réfugiés congolais en attendant l’accalmie des violences afin d’amorcer leur retour. En période de Covid-19 aussi, le commerce transfrontalier n’a jamais stoppé. Des commerçants rwandais se sont regroupés en coopératives pour envoyer en gros leurs produits en RDC et faire le commerce en détail dans ce pays. Notre souci est de maximiser correctement le business, faire entrer des bénéfices au pays, rendre opérationnelles les frontières 24h sur 24 h, nous adapter aux crises pour l’intérêt de nos populations », poursuit-il.
Le défi est que le district de Rubavu a des dimensions réduites par rapport aux autres districts. Il a une superficie de 388 km carrés et une population nombreuse à nourrir de 460 mille habitants, soit une densité de 1208 habitants au Km carré. Rubavu nourrit aussi la Ville de Goma. Les autres districts ont une densité de 400, 500, et 600 habitants au Km carrés. Il y a l’exode rural vers Rubavu depuis les districts voisins de Rutsito, Nyabihu, et Ngororero. La terre à cultiver se rétrécit sensiblement à cause des maisons construites sur les superficies arables. Bientôt, les gens n’auront pas un espace suffisant pour les nourrir, selon les inquiétudes du Maire.
La malnutrition atteint 40,2 %
Le district de Rubavu est classé parmi les sept districts du pays les plus malnutris. Ce qui est un défi grave à relever. Et pourtant, le district dispose du petit poisson « isambaza » et de beaucoup de choux. Seulement, la poussée démographique est galopante. Chaque femme arrive à mettre au monde entre six ou sept enfants par ménage.
« La délinquance juvénile, la prostitution, la mendicité, le commerce informel ou illégal la nourriture insuffisante en famille, sont courants et deviennent un objet de préoccupation. Ils nécessitent des stratégies à la hauteur. Sous peu, nous organiserons avec l’Eglise catholique une rencontre avec les prostituées de Rubavu pour voir comment apporter notre appui pour les aider à sortir de ce métier dégradant », informe le Maire Kambogo. (Fin)