Actes de violence et meurtres commis contre les Tutsis en 1973 dans l’ancienne commune de Nyamabuye

Comme expliqué dans l’étude menée par la Commission Nationale de Lutte contre le Génocide (CNLG) sur l’histoire du génocide commis contre les Tutsis dans l’ancienne préfecture de Gitarama, la perpétration d’actes de meurtres et de violences contre les Tutsis a commencé fin février 1973. Le complot des cerveaux de ces actions ignobles était de viser tous les Tutsi, à commencer par ceux des écoles et des différents services. Les hauts dirigeants du parti PARMEHUTU, dont le président Kayibanda Grégoire lui-même, ont incité leurs partisans à incendier et détruire les maisons des Tutsis et à les tuer.

Les actes de meurtre et de violence contre les Tutsis en 1973 ont été déclenchés par la tension politique entre le Rwanda et le Burundi.

Dans la commune de Nyamabuye, des meurtres visant les Tutsis ont été perpétrés à la fin du mois de février 1973. Le tollé à Gitarama a commencé au Groupe scolaire de Shyogwe dans la nuit du 26 au 27 février 1973. Cette nuit-là, les élèves du Groupe scolaire de Shyogwe ont tué Murekezi Oswald, un infirmier qui s’occupait d’eux. Ils ont brûlé son corps à l’intérieur de sa maison, évincé tous les élèves et enseignants tutsis. Parmi les autres Tutsis tués figurent Gatsimbanyi, Kavuke, Gaston et Mabuye. Ils ont été tués par des partisans du PARMEHUTU dirigés notamment par Nyirimanzi. Les survivants se sont réfugiés à la paroisse de Cyeza.

Les actes de violence, notamment le meurtre et l’incendie des maisons des Tutsis, se sont rapidement répandus dans les régions reculées. Les maisons des Tutsis ont été incendiées, d’autres détruites tandis que leurs propriétés ont été pillées. Jusqu’au 6 mars 1973, le nombre de réfugiés tutsis évincés de leurs propriétés avait atteint 5860. Certains Tutsis ont été tués et jetés dans la rivière Nyabarongo.

Les meurtres commis contre les Tutsis dans la commune de Nyamabuye sont indiqués dans la lettre du 2 mars 1973 que le père Michel Rwabigwi, le curé de la paroisse de Cyeza, adressa au préfet de Gitarama lui demandant d’ordonner aux bourgmestres des communes de procéder à l’enterrement des victimes de ce qu’il appela désordre.

Le père Michel Rwabigwi a ajouté qu’il avait alors reçu des réfugiés pour un montant de trois cent quarante-cinq (345) et qu’ils affluaient toujours. Parmi les réfugiés, a-t-il noté, 85 étaient des hommes, 70 femmes, 24 jeunes garçons, 28 jeunes filles tandis que 138 étaient des enfants. (Fin)