Une des banques où l’ancien premier ministre Alain Guillaume Bunyoni a ouvert un compte dans la ville commerciale Bujumbura
La banque centrale du Burundi, BRB (Banque de la République du Burundi) a donné une injonction à toutes les institutions financières pour qu’elles n’autorisent plus de mouvements sur les comptes bancaires de l’ancien premier ministre Alain Guillaume Bunyoni. Celle-ci a été saisie par le parquet général de la République.
Selon le Collectif SOS Médias Burundi qui livre cette information, les sommes bloquées ne sont pas encore connues.
Le procureur général de la République Léonard Manirakiza a indiqué que la décision est motivée par le souci de bien instruire l’affaire-Bunyoni.
« [….], Alain Guillaume Bunyoni est parmi les personnes poursuivies pour diverses infractions », peut-on lire dans le document signé par le procureur général de la République, le 14 août dernier.
Le 22 août, Dieudonné Murengerantwari, gouverneur de la banque centrale, a écrit aux banques et microfinances leur demandant de mettre en œuvre la mesure du procureur général. C’est celle de « n’autoriser aucun mouvement sur les comptes de M. Alain Guillaume Bunyoni, éventuellement ouverts dans vos livres, jusqu’à nouvel ordre ».
Des sources bancaires ont confirmé avoir eu les deux lettres du procureur général et du patron de la banque centrale.
« Les comptes concernés sont en devises et en monnaie locale », ont témoigné sous couvert d’anonymat un responsable d’une microfinance et un salarié de l’une des plus anciennes banques au Burundi.
« Les autorités sont au courant et Bunyoni n’est pas dupe. Sans doute qu’il a ouvert des comptes fantômes sur les noms d’autres personnes. L’étape suivante c’est de les chercher et prendre les mêmes mesures à leur encontre », a analysé un banquier basé dans la ville commerciale Bujumbura.
Jusqu’à présent, les montants bloqués ne sont pas encore connus. Mais l’homme qui a souvent été cité dans des dossiers de détournement de fonds publics et soupçonné de posséder des compagnies d’extraction de minerais dans l’est du Congo entre autres, possède sans doute des fortunes colossales.
Poursuivi pour atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat, atteinte à l’économie nationale et abus du pouvoir pour intérêts personnels indus auxquels se sont récemment ajoutés la détention illégale d’armes et outrage à chef de l’État, l’ancien rebelle Hutu risque jusqu’à 30 ans de prison ferme si les crimes qui lui sont reprochés sont prouvés.
Sa famille et ses avocats n’ont pas encore réagi à cette mesure de la banque centrale du Burundi.
Mais plusieurs activistes et observateurs locaux estiment que « c’est un règlement de compte qui ne représente aucun intérêt pour les Burundais ».
Arrêté dans des circonstances obscures en avril dernier, l’ancien premier ministre burundais a été transféré à la prison centrale de Gitega (capitale politique) en juillet dernier après avoir passé plus de deux mois à la maison d’arrêt de Ngozi (nord du Burundi). La cour suprême a récemment décidé sa détention provisoire. (Fin)