L’ancien premier ministre du Burundi Alain Guillaume Bunyoni est désormais locataire de la prison centrale de Gitega (capitale politique). Il a été transféré en provenance de la prison de Ngozi (nord du Burundi).
En même temps, l’ancien commandant de la Brigade anti-émeute, le colonel de police Désiré Uwamahoro qui devait partager l’isolement avec son ancien patron devrait rester en prison. La chambre de conseil le lui a signifié ce mardi après-midi, selon le Collectif SOS Médias Burundi qui livre cette information.
C’est vers 15h 30 que l’ancien premier ministre Alain Guillaume est arrivé à la prison de Gitega, selon des témoins.
« Il est arrivé à bord d’un pick-up de la police rempli de policiers armés jusqu’aux dents. Un autre pick-up assurait la sécurité du premier. Il était également rempli des agents lourdement armés », a remarqué un témoin.
Quelques heures avant l’arrivée de cet invité à la prison de la capitale politique, la forteresse qui l’a accueilli avait été inspectée pour la dernière fois.
« Des hauts responsables de la police et des renseignements étaient présents sur les lieux. Les sorties et entrées avaient été limitées », ont rassuré des sources à la prison de Gitega.
Selon des sources pénitentiaires qui ont témoigné sous couvert d’anonymat parce qu’elles ne sont pas autorisées de parler à la presse, l’ancien commandant de la Brigade anti-émeute, le colonel de police Désiré Uwamahoro, devrait aussi être emmené dans le même isolement que son ancien patron. Il est détenu à Gitega.
La forteresse a commencé à être construite début mai dernier quand les deux hommes ont été envoyés en prison.
Il s’agit de deux cellules d’environ 4×4 m chacune, des murs d’épaisseur de 50 cm, avec des sanitaires internes (douche et toilette). Ce sont les agents de l’Office burundais de l’urbanisme, de l’habitat et de la construction (OBUHA) qui ont effectué les travaux sous la supervision du général de brigade de police Emmanuel Ndayiziga, chef de cabinet du SNR (Service national de renseignements). Devant les deux cellules se trouvent un terrain de jeux et de divertissement de 8×6m. Les deux cellules ainsi que le terrain sont érigés en moellons avec des colonnes de grand calibre.
« La deuxième cellule est pour le moment occupée par des policiers qui sont chargés d’empêcher Bunyoni de s’évader », a confié à SOS Médias Burundi une source pénitentiaire.
La semaine dernière, la justice burundaise a annoncé qu’elle continue à fouiller pour trouver de nouvelles allégations dans l’affaire-Bunyoni.
Poursuivi pour atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat, atteinte à l’économie nationale et abus du pouvoir pour intérêts personnels indus auxquels se sont ajoutés la détention illégale d’armes et outrage à chef de l’État, l’ancien tout puissant premier ministre risque 30 ans de prison ferme.
La prison centrale de Gitega où il a été envoyé mardi, loge les putschistes et plusieurs opposants politiques qui ont manifesté contre un autre mandat controversé de feu président Pierre Nkurunziza en 2015.
Fin avril dernier, Human Rights Watch a exigé des autorités burundaises un procès équitable et la présence des observateurs internationaux « pour que les droits de Bunyoni soient respectés ».
L’ancien rebelle Hutu sous sanctions américaines avait été démis de ses fonctions par le président Évariste Ndayishimiye début septembre 2022 dans des circonstances obscures. (Fin)