Gérard Urayeneza, Directeur Général de l’Hôpital de Gitwe basé à Ruhango, a été condamné à la prison à vie pour complicité dans le crime de génocide et dissimulation des preuves ou des informations sur le génocide des Tutsi en 1994.Ce verdict a été rendu par le tribunal intermédiaire de Muhanga, dans la province du Sud.
Egalement Représentant Légal et co-fondateur de l’Université de Gitwe, Gérard Urayeneza avait été arrêté en juin 2020, avec plusieurs personnes dont quatre cadres supérieurs du grand Hôpital de Gitwe et des rescapés du génocide. Ils avaient été appréhendés après la découverte de corps enterrés dans une fosse commune sous l’Hôpital de Gitwe, un village du District de Ruhango, dans le Sud du Rwanda. Ils ont été accusés de génocide ou de complicité de génocide, de dissimulation ou de complicité dans la dissimulation des informations liées au génocide.
Gérard Urayeneza et ses co-accusés ont nié les allégations, affirmant qu’il s’agissait d’un complot ourdi par certains des survivants du génocide contre les Tutsi pour se venger. Ils avaient auparavant été innocentés par les juridictions populaires Gacaca, adoptées au Rwanda pour juger des milliers de personnes accusées d’avoir participé au crime de génocide et crimes contre l’humanité commis entre 1990 et 1994. Ce mode de justice, inspiré de la tradition, faisait intervenir des juges non professionnels élus par la population.
Cependant, 26 ans plus tard, plusieurs restes des victimes du génocide ont été découverts dans des tombes cachées dans les locaux de l’Hôpital de Gitwe et sous une salle de classe du collège adventiste privé de Gitwe fondé par Gérard Urayeneza en partenariat.
Après cette découverte macabre, les corps retrouvés dans ces fosses communes avaient été exhumés et enterrés de manière décente. Durant le procès, le parquet a déclaré que Gérard Urayeneza avait payé des survivants du génocide pour qu’ils ne révèlent jamais ces informations.
Les autres personnes condamnées à perpétuité dans l’affaire sont Munyampundu Léon alias Kinihira et Ruganiza Benjamin. Ce dernier était jugé par contumace parce qu’il ne s’était pas présenté devant la justice. Ces deux hommes condamnés à perpétuité aux côtés de Gérard Urayeneza sont accusés d’avoir tenu un barrage routier devant l’hôpital de Gitwe et de possession d’armes à feu qu’ils utilisaient pour chasser leurs victimes. Pendant le génocide, des barrages routiers tenus par les milices du génocide ont été établis dans les districts proches des sites où les fosses communes ont été découvertes.
D’autres personnes impliquées dans l’affaire, Rutaganda Dominique, Nyakayiro Samuel et Nsengiyaremye Elisé, ont été condamnées à huit ans de prison, et 750.000 Frw des dommages-intérêts. Elles avaient été reconnues coupables de dissimulation ou de déformation de preuves ou d’informations sur le génocide. Tous les six condamnés doivent également verser des dommages-intérêts aux parties civiles et s’acquitter des frais de justice.
Gérard Urayeneza et ses coaccusés n’étaient pas au Tribunal lorsque la décision a été rendue. Ils ont suivi le prononcé du verdict virtuellement, coronavirus oblige. Tous les accusés dans l’affaire Gitwe ont dit qu’ils vont interjeter appel. Ils ont 30 jours pour le faire.
De nombreux Rwandais sont choqués que les habitants de la communauté aient gardé le silence sur les tombes pendant si longtemps. Des maisons et des écoles y avaient été construites. (Fin)