L’investisseur Emilian Popa.
By André Gakwaya;
Kigali: Africa Tech Summit : L’investisseur Emilian Popa (E.P), participe à Africa Tech Summit. Il est franco-roumain, basé au Kenya et en Afrique depuis plus de dix ans. Il veut aussi implanter sa Société ILARA HEALTH de diagnostic de Santé au Rwanda pour rendre des services rapides aux communautés, et à moins cher. Il livre sa riche expérience d’investisseur en technologies sur le continent, et les opportunités qu’on y rencontre. Lire son interview en marge du Sommet à André Gakwaya de ARI-RNA.
Agence Rwandaise d’Information (ARI) – Vous pouvez vous présenter?
E.P. – Bien sûr. Je m’appelle Emilien. Je suis entrepreneur et investisseur en même temps. Je suis en Afrique depuis plus de douze ans. Surtout entre le Kenya, l’Afrique du Sud et le Nigeria. Un peu l’Egypte. J’investis dans des startups (=entreprises) en Afrique depuis 2010 et j’ai monté plus de dix startup dans différents secteurs en Afrique du Sud, au Kenya et au Nigeria.
ARI – Startups ça veut dire quoi ?
E.P. – Ce sont des entreprises qui sont basées sur la technologie, qui adressent un nombre de secteurs.
ARI – Donc, vous avez une dizaine d’entreprises…
E.P. – J’ai créé dans les dix dernières années une dizaine d’entreprises. J’investis dans une vingtaine. Je suis né en Roumanie. J’ai grandi en France, mais j’habite en Afrique depuis douze ans. Je suis franco-roumain.
ARI – Vous avez investi dans différents pays en tenant compte des opportunités…
E.P. – Des opportunités, des besoins des marchés locaux, des passions … des choses qui me passionnent.
ARI – Le tout représente un capital de combien ?
E.P. – C’est difficile à dire. Je pense que j’ai dû investir personnellement avec un fonds que j’ai créé en 2015. J’ai dû investir plus de 40 millions des dollars dans plusieurs startups, bien sûr ça c’est du capital investi, mais la valeur actuelle est beaucoup plus grande.
Les entreprises que j’ai créées il y en a qui ont grandi beaucoup, qui ont des valorisations du marché, j’imagine au-dessus des 50 millions des dollars. Il y en a qui n’existent plus, c’est difficile de mettre …. Sur les dix entreprises, il y en a 5 qui ont prospéré.
ARI – Elles ont prospéré et chaque entreprise a atteint une croissance de combien par exemple ?
E.P. – Il y a qui ont des croissances de 100%, 200 %. Il y en a qui ont une croissance plus petite. C’et difficile de donner des chiffres. Chaque startup, ça dépend de l’âge de l’entreprise bien sûr. Les entreprises très jeunes ont des taux de 200%,300% dans la première, la deuxième année et puis ça baisse quand les entreprises deviennent plus matures.
ARI – Ces entreprises qui ont prospéré, c’est dans la technologie ?
E.P. – En fait c’est des secteurs différents. Une des sociétés que j’ai créée en 2015, c’est du solaire au Kenya, maintenant au Nigeria. Une autre société c’est du commerce dans plusieurs pays d’Afrique.
Ma société actuelle c’est une société de diagnostic médicale. On a lancé au Kenya il y a un an et on regarde le Rwanda maintenant. Donc, c’est une société jeune. Mais on adresse un besoin énorme qui est de donner accès aux cliniques de proximité des machines de diagnostic très performantes, très petites, qui coûtent 5 à 10, à 20 fois moins chères que ces machines de diagnostic de laboratoire.
ARI – ça diagnostique quoi par exemple ?
E.P. – Des tests de sang, des échographies d’images, son, ophtalmologie. Donc, on amène ces machines de différentes parties du monde. On les place dans des cliniques de proximité construites en Afrique. Actuellement, on est à Nairobi. On donne des services à ces cliniques. Vendre des services de diagnostic à des patients dans des communautés à revenu moyen ou bas.
ARI – Ici au Rwanda, vous voulez fournir ces machines à qui ?
E.P. – Imaginez que vous habitez à 10 km de Kigali. Vous êtes malades. Vous allez voir une petite clinique de proximité qui va vous consulter, mais vous avez besoin d’un diagnostic, d’un test de sang. Qu’est- ce que vous faites ? Vous allez aller dans un hôpital à Kigali qui coûte très cher et ça prend des jours. Imaginez que cette clinique a maintenant la possibilité de faire ce test au sang, ces écographies-là sur place font le travail en quelques minutes, à un prix qui est 3, 4 fois moins cher que ce que vous payez à Kigali.
C’est exactement ce qu’on fait. On donne des machines de diagnostic qui ont un niveau de technologie très élevé, qui ne coûtent pas très cher, et qui peuvent donner des résultats dans des minutes. Les cliniques sont contentes parce qu’elles peuvent faire de l’argent, avoir des revenus. Et comme patient, vous avez des résultats en peu de temps. Donc, on sauve des vies, des milliers de vie chaque mois.
ARI – Comment s’appelle cette entreprise que vous souhaitez installer au Rwanda ?
E.P. – ça s’appelle ILARA HEALTH.
ARI – Et les gens peuvent vous contacter ?
E.P. – Bien sûr.
ARI – Revenons sur cette conférence, qu’est-ce que vous avez retenu au niveau du premier panel ?
E.P. – C’est une vue positive, mais aussi négative en même temps, ainsi que les problèmes que les différents panélistes ont soulevés.
Du côté positif, le montant d’investissement en capital risque en Afrique double tous les ans. Je me souviens en 2016, il était 300 millions de dollar ; en 2017 plus de 500 millions ; en 2018 plus de un milliard ; en 2019 plus de un et demi ou deux milliards de dollars US. Donc ça augmente. C’est très bien.
Maintenant le problème que les panélistes ont soulevé, d’un côté en Afrique, les marchés sont très différents. L’Afrique, ce n’est pas un pays. L’Afrique, c’est 54 pays. Il peut y avoir 5 ou 6 pays où ça vaut la peine d’investir. Donc, les marchés sont très très différents.
Un des panelistes disait que les entreprises sud-africaines regardent en dehors de l’Afrique du Sud. Dès qu’elles commencent, elles regardent immédiatement le marché global. Un des panélistes disait que les entreprises au Kenya ciblent le Kenya d’abord, et puis l’Afrique. Donc, c’est très différent. Comme je dis, il y a un pays comme l’Afrique du Sud qui est très ouvert à l’international, sur le marché global. Il y a des pays qui sont plutôt focalisés sur eux-mêmes ou sur l’Afrique.
Donc, en tant qu’investisseurs, c’est très important de comprendre quelles sont les particularités de ces entreprises, parce que c’est très différent d’investir dans une entreprise africaine qui va aller aux Etats-Unis d’ici un an, ou investir dans une entreprise au Kenya qui va rester au Kenya pendant dix ans. En termes de retour, de vente.
Un autre point que les investisseurs ont levé c’est que finalement le modèle d’investissement en fait. S’ils investissent, c’est qu’ils doivent faire de l’argent. On sait qu’il y a 80 % ou 90 % des entreprises qui meurent dans la première année. Ce qui reste, il y a plus de la moitié qui vont disparaître dans les années à venir. C’est un secteur très risqué, mais en même temps, ça peut rendre des retours assez importants.
Mais la décision d’investir est très, très liée aux types d’entreprises, au fondateur, au marché, aux opportunités de ces entreprises de se vendre elles-mêmes, d’être achetées par quelqu’un. Finalement, c’est comme ça que les investisseurs font de l’argent. Les investisseurs récupèrent leurs investissements plus un profit sur ce qu’ils ont investi seulement au moment où ces entreprises peuvent être vendues. Et ça, ça peut se passer dans cinq ans, dans dix ans, dans quinze ans.
ARI – Qui sont les participants à cette conférence, et leur nombre ?
E.P. –Las plupart, ce sont des investisseurs, mais ce sont des co-entreprises, des jeunes entrepreneurs de différents pays d’Afrique. Cet événement se passe deux fois par an. Une fois à Kigali, une fois à Londres. Ça fait quatre ans depuis le premier événement que je participe parce que c’est un excellent endroit pour rencontrer les investisseurs, rencontrer les jeunes entrepreneurs, être à jour sur ce qui se passe et en même temps dénicher des opportunités. Les participants sont plus de quatre cent.
ARI – Vous allez faire aussi partie du panel ?
E.P. – Je suis juge dans une compétition des entreprises à 14heures 30. (Fin)