«African School of Governance façonnera des leaders imprégnés des valeurs africaines» -Adama Gaye

Adama Gaye

Coorganisateur de l’Ecole de Leadership établie au Nigeria, au Sénégal, au Ghana, au Kenya et au Zimbabwe, le journaliste et écrivain sénégalais, Adama Gaye (A.G.) était hier présent à Kigali pour le Lancement de l’African School of Governance (ASG).  Il a déjà publié l’ouvrage « Demain la Nouvelle Afrique » et d’autres livres sur les rapports entre l’Afrique et la Chine, et l’Asie. Pour lui, ASG façonnera des leaders africains imprégnés des valeurs africaines axées sur la culture et l’histoire du continent. Il s’est entretenu avec le journaliste André Gakwaya de l’Agence Rwandaise d’Information (ARI) sur l’apport précieux et l’impact de ASG pour le continent. Lire l’entretien.

ARI – Votre appréciation sur le lancement de ASG ?

A.G. – C’est une excellente initiative qu’il faut saluer. Et c’est véritablement une idée qui vient à son heure. Je voudrai féliciter les promoteurs de cette initiative, le Président rwandais Paul Kagame et l’ancien Premier Ministre de l’Ethiopie Hailemariam Desalegn pour avoir pensé que le moment est venu pour doter l’Afrique de leaders formés avec des valeurs et des savoir-faire africains afin qu’ils puissent jouer le rôle qu’il faut pour presser la marche du continent africain et positionner l’Afrique dans une meilleure posture de lancement  à l’heure où les gens du monde semblent avoir une avance par rapport à notre continent. C’est donc une excellente initiative.

Avec le Présent Kagame dans une interview sur la BBC en 2000

ARI – A quand la date d’ouverture de ASG ?

A.G. – Comme l’ont expliqué les promoteurs en particulier le président de l’école, ASG va aller très loin pour s’ouvrir à l’ensemble de l’Afrique. Ce n’est pas une école rwandaise, c’est une école africaine. Donc de ce point de vue, l’école va aller très vite pour au moins dès le mois de Septembre accueillir sur son nouveau building, l’ex-RDB siège, des dizaines de candidats déjà dans un premier temps. On peut s’attendre à ce qu’une centaine commence à venir. Sans compter le cours en ligne qui sera donné notamment pour aider les professionnels ou des dirigeants d’un certain âge à se requalifier, à se réformer. Vous avez entendu l’un des intervenants expliquer que le souhait serait que chaque pays africain puisse donner cinq étudiants par an pour pouvoir former … Imaginer cinq étudiants par an par pays pour un continent qui compte cinquante pays. Cela fait aisément 250 étudiants. Le projet en soi comme les autres initiatives dans le leadership et la gouvernance traduisent une connaissance d’une réalité. L’Afrique a des dirigeants mais ils n’ont pas toujours été formés pour avoir les atouts, les connaissances, le savoir pour répondre aux défis auxquels nous sommes confrontés. Là où les pays comme le Singapour, la Malaisie et même les pays latino-américains ont des leaders formés. Donc, le fait qu’on commence à sentir ce besoin de formation, c’est une excellente chose. L’autre aspect, c’est le fait que cette idée arrive avec une volonté de pouvoir projeter avec du savoir africain au lieu de compter sur le savoir qui vient de l’extérieur. Les grandes universités occidentales, européennes, américaines, asiatiques, répondent à des agendas qui correspondent à leur réalité socio-culturelle. Donc, c’est bien d’avoir une institution universitaire basée ici en Afrique et qui forme des Africains autant en les imprégnant du savoir nécessaire à connaître au niveau international, mais des réalités africaines, de l’histoire de l’Afrique, pour que dans les actions, ils puissent être demain en mesure d’agir autant avec des valeurs africaines que des valeurs fondamentales internationales à connaître.

ARI – Qui va financer les bourses…

A.G. – D’abord, il y a un financement ici pour lancer le projet : La fondation MasterCard, mais l’école fonctionnera. Il y aura des philanthropes à l’évidence. Mais ce sont les étudiants qui financent leur savoir. Ça coûte de l’argent. Il faut payer.  Les étudiants vont payer dans des universités comme   Harvard et autres cent mille dollars. Si on leur offre une formation de même qualité plus ancrée dans les réalités africaines avec 20 mille, 25 mille dollars $, vous allez voir, beaucoup d’Africains vont courir, payer. Il y aura des Africains qui payeront ça, il n’y a aucun problème là-dessus.

Grands Invités au Lancement de ASG

ARI – Qu’en est-il du contenu des programmes ?

A.G. – Le curriculum sera d’abord conçu avec des pays africains. Mais il y a un certain nombre de choses qui sont relevées. Des cours sur la finance, des cours sur les ressources énergétiques, sur le climat. C’est des questions générales transversales.  Mais des cours sur l’histoire de l’Afrique, des cours sur la culture africaine, sur l’intégration africaine, sur le enjeux politiques africains, sur le rôle des militaires africains, toutes ces questions-là, sur les violences qui ont affectés les pays africains, comment faire pour bâtir un continent africain pacifique, prospère et de progrès, l’agenda 2063. C’est à travers également avec ces élites que ça se fera et je pense vraiment que le Rwanda est un bon exemple que je suis heureux de citer. Je suis venu ici en 1997, j’étais avec le Secrétaire Général de l’ONU, Kofi Annan. En l’an 2000, j’ai eu la chance d’interviewer le Président Kagame à Londres. Et c’était une grande interview je pense postée sur son site, où il expliquait quelle était sa Vision pour le Rwanda. Et quand je suis revenu ici il y a quatre jours, j’ai regardé cette ville que j’avais trouvée lors de ma visite avec le Secrétaire Général de l’ONU Koffi Annan, qui était une ville endormie, presque un gros village, je l’ai vu transformée en ville futuriste, avec des buildings poussant çà et là, avec l’écologie qui respecte les normes de la nature, l’environnement qui est égayé par des végétations luxuriantes. Je vois la propreté partout, je vois la discipline et je me dis c’est ça dont il me parlait. Donc, il a réussi et je ne doute pas qu’il puisse aussi, -en lançant cette école de leadership et de gouvernance-, qu’il puisse aussi réaliser également mieux que cela parce qu’au-delà de tout ce qu’on peut dire, le développement est d’abord humain. Ça sera à l’être humain et à la qualité de l’être humain, cela fait la qualité des nations. Et des êtres éduqués, de bonne santé, conscients, connaisseurs de leur réalité, de leur environnement socio-culturel, ces personnes-là forment le socle de tout développement qui doit être soutenable, durable et viable.    

ARI – Votre dernier mot pour clôturer…

A.G. – Je suis content d’être à Kigali, et je reviendrai à Kigali parce que le Rwanda mérite un coup de chapeau, parce que ce que vous avez fait après l’expérience que vous avez vécue, ça doit inspirer beaucoup de pays africains. (Fin) 

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