La croissance économique en Afrique subsaharienne devrait se contracter de 2 % en 2020, dans la fourchette la plus optimiste des prévisions d’avril 2020. Les mesures prises pour endiguer les nouvelles vagues du virus et le déploiement des vaccins anti-COVID laissent entrevoir un rebond, selon la dernière édition d’Africa’s Pulse, le rapport semestriel de la Banque mondiale consacré à la conjoncture économique africaine.
Intitulé La COVID-19 : l’avenir du travail en Afrique et le nouveau paysage numérique, ce rapport note que de nombreuses économies d’Afrique ont pu résister à la tourmente provoquée par la pandémie de COVID-19 grâce à la conjonction de plusieurs facteurs. Notamment au fait que le virus s’est propagé plus lentement que prévu et a fait moins de victimes que dans le reste du monde. Cela tient aussi à la bonne tenue de la production agricole et au redressement plus rapide qu’attendu des cours des matières premières.
Le rapport souligne que la reprise économique dépendra de l’ampleur des réformes engagées par les pays pour soutenir la création d’emplois, encourager les investissements et accroître la compétitivité. La résurgence de la pandémie fin 2020 et un appui budgétaire supplémentaire limité vont obliger les responsables politiques à mener une rude bataille pour continuer de consolider la croissance et améliorer les moyens de subsistance des populations.
« L’an dernier, les pays africains ont consenti des investissements considérables pour maintenir leurs économies à flot et préserver la vie et les moyens de subsistance de leurs populations, indique Albert G. Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique. Afin d’intensifier ces efforts et d’ouvrir la voie à une reprise plus solide sur tout le continent, ils doivent mettre en œuvre des réformes ambitieuses qui permettront d’accompagner la création d’emplois, d’encourager une croissance équitable, de protéger les personnes vulnérables et de préserver l’environnement. »
Les prévisions de croissance pour la région tablent sur une progression comprise entre 2,3 et 3,4 % en 2021, en fonction des politiques adoptées par les pays et la communauté internationale. Avec un taux d’infection d’environ 40 % supérieur à celui de la première vague, la deuxième vague de coronavirus risque de tirer ces prévisions vers la fourchette basse. Alors que certains pays sont parvenus à faire reculer significativement la propagation du virus grâce aux mesures de confinement, d’autres sont confrontés à une hausse des contaminations.
La croissance du PIB réel pour 2022 est estimée à 3,1 %. Dans la plupart des pays de la région, le niveau d’activité à la fin de l’année 2021 sera bien inférieur aux prévisions établies avant la survenue de la pandémie — une situation qui risque d’aggraver les conséquences négatives durables de la crise sanitaire sur le niveau de vie des habitants.
Les pays d’Afrique subsaharienne ne bénéficieront pas tous de la même dynamique de reprise. Les économies pauvres en ressources naturelles, comme la Côte d’Ivoire et le Kenya, et dans les économies dépendantes de l’extraction minière, comme le Botswana et la Guinée, devraient enregistrer un rebond solide en 2021, à la faveur d’une reprise de la consommation et des investissements privés portée par le retour de la confiance et d’une hausse des exportations.
En Afrique de l’Est et australe, la croissance devrait reculer à -3 % en 2020, plombée en particulier par les performances modestes de l’Afrique du Sud et de l’Angola, les deux locomotives de la sous-région. En dehors de ces deux pays, l’activité économique devrait rebondir de 2,6 % en 2021 et de 4 % en 2022.
En Afrique de l’Ouest et centrale, la croissance s’est contractée de 1,1 % en 2020, un résultat supérieur aux prévisions d’octobre 2020, grâce à un fléchissement moins prononcé que prévu de l’activité au second semestre au Nigéria, la première économie de la sous-région. Le PIB réel en Afrique de l’Ouest et centrale devrait progresser de 2,1 % en 2021 et de 3 % en 2022.
Le rapport Africa’s Pulse souligne également que les pays africains peuvent accélérer leur redressement, en intensifiant les mesures actuelles de soutien à court terme à l’économie et aux populations, en particulier les femmes, les jeunes et les autres groupes vulnérables. Ces politiques doivent aller de pair avec des réformes encourageant une hausse d’une productivité inclusive et de la compétitivité des pays. L’allégement du fardeau de la dette permettra de dégager des ressources publiques pour investir notamment dans l’éducation, la santé et les infrastructures.
Les investissements en faveur du capital humain contribueront à atténuer le risque de dommages durables liés à la pandémie, dont la plupart se manifesteront à plus long terme, tout en stimulant la compétitivité et la productivité. Les douze prochains mois seront décisifs pour permettre à la zone de libre-échange continentale africaine de jouer pleinement son rôle pour accélérer l’intégration des pays d’Afrique dans les chaînes de valeur régionales et mondiales.
Le rapport rappelle enfin que les réformes visant à combler les lacunes en matière d’infrastructures numériques et à améliorer l’inclusivité de l’économie numérique — notamment celles destinées à garantir un coût abordable et à permettre à la société tout entière d’acquérir les compétences nécessaires dans ce domaine— sont la clé de l’amélioration de la connectivité, de l’accélération de l’adoption des technologies numériques et de la création d’emplois plus nombreux et de meilleure qualité pour les hommes et les femmes du continent.
COVID-19 : l’action du Groupe de la Banque mondiale
La Banque mondiale, l’une des principales sources de financements et de connaissances pour les économies en développement, prend des mesures rapides et de grande envergure en vue d’aider ces pays à faire face aux conséquences sanitaires, sociales et économiques de la pandémie de COVID-19. Une enveloppe de 12 milliards de dollars est notamment destinée à aider les pays à revenu faible et intermédiaire à assurer l’achat et la distribution de vaccins, de tests et de traitements anti-COVID et à renforcer leurs systèmes de vaccination.
Ces financements s’inscrivent dans le cadre plus large de la réponse déployée par le Groupe de la Banque mondiale face à la pandémie, qui aide actuellement plus de 100 pays à renforcer leurs systèmes de santé, protéger les ménages les plus pauvres et installer les conditions propices à la préservation des moyens de subsistance et de l’emploi pour les populations les plus durement touchées. (Fin)