Kigali: Au moins 106 Rwandais sont encore détenus illégalement en Ouganda, sans aucun accès aux avocats et aux services de leur Ambassade, selon Dr Richard Sezibera, Ministre des Affaires étrangères et Porte-parole du Gouvernement rwandais.
«Au cours des deux dernières années, plus de 980 Rwandais ont été expulsés irrégulièrement d’Ouganda, tandis que 190 autres ont été arrêtés et torturés. Ce sont ces expulsions, tortures et disparitions visant les ressortissants rwandais qui ont amené le Gouvernement rwandais à conseiller à sa population de ne pas se rendre en Ouganda», a-t-il indiqué lors d’une conférence de presse.
La poursuite d’arrestations, d’incarcérations, de harcèlements et de tortures de ressortissants rwandais dans les prisons ougandaises est une situation qui ne s’explique pas et qui ne se justifie. Elle viole les accords signés par les pays de la région et le processus d’intégration de la sous-région et du continent.
Le Ministre Sezibera a souligné que le Rwanda ne s’immisce pas dans les affaires intérieures de l’Ouganda voisin.
«Nous avons une liste de plus de 190 Rwandais (arrêtés, torturés et harcelés) au cours des deux dernières années. Notre position est la suivante: nous ne voulons pas intervenir dans les affaires intérieures de l’Ouganda. Nous ne contestons même pas le droit de l’Ouganda d’arrêter des personnes si elles pensent être des criminels. Ce n’est pas le problème. Le problème est que si vous arrêtez quelqu’un, vous le soumettez à un procès équitable, ou vous le laissez entrer en contact avec son Ambassade, comme nous le faisons au Rwanda. Cette pratique est courante dans tous les pays. Et cela n’a pas été respecté pour les Rwandais arrêtés en Ouganda malheureusement», a-t-il poursuivi.
Le Porte-parole du Gouvernement rwandais a fustigé les extraditions irrégulières contre des Rwandais, après qu’ils aient été torturés.
«Nous avons des personnes incarcérées depuis 2017. Elles n’ont pas eu accès à une assistance de notre Ambassade, ni à un avocat. Nous n’avons pas eu une explication sur certains Rwandais arrêtés en Ouganda. Un an plus tard, nous les avons trouvés abandonnés à notre frontière abandonnés, torturés et nous les avons recueillis », a-t-il encore relevé.
L’Ouganda peut expulser des Rwandais pour l’un ou l’autre motif. Mais il doit le faire dans le respect du droit et des procédures définies. C’est cela que le Rwanda demande.
«L’on capture des gens. On leur bande les yeux au milieu de la nuit. Puis on les transporte en les torturant durant le trajet. Ensuite on les jette à la frontière. Cela ne peut s’expliquer. Si on les expulse, qu’on le fasse de la manière la plus humaine. C’est cela que nous demandons », a encore fait remarquer Dr Sezibera.
«Nous avons conseillé aux citoyens rwandais de ne pas se rendre en Ouganda. Ils doivent attendre que cette question soit résolue. C’est notre responsabilité en tant que Gouvernement de le faire. On nous a reproché de commencer trop tard. Il nous a fallu deux ans pour prendre cette mesure et conseiller notre peuple», a-t-il ajouté.
Le Ministre rwandais des Affaires étrangères a toutefois assuré aux Ougandais, comme aux autres Africains, qu’ils étaient les bienvenus et qu’ils étaient en sécurité au Rwanda, qu’ils étaient libres d’entrer et qu’ils seraient bien accueillis.
«Les Ougandais, les Africains de l’Est et les Africains sont les bienvenus au Rwanda. Ils sont libres d’entrer, ils seront bien reçus et continueront de l’être», a-t-il promis.
Il a également dissipé les craintes d’un impact commercial significatif que l’impasse actuelle aurait sur l’économie locale. Des mesures sont en place pour atténuer un impact négatif éventuel.
Sezibera a souligné que les frontières rwandaises restent ouvertes et permettent l’entrée des personnes et des marchandises en provenance d’Ouganda, malgré ce qu’il a appelé des informations trompeuses selon lesquelles les frontières étaient fermées.
Pour minimiser les conséquences négatives, Sezibera a déclaré qu’en partenariat avec le Secteur Privé local et les ministères alliés, des efforts étaient déployés pour garantir un approvisionnement régulier en importations et en produits de base dans le pays afin d’éviter les pénuries ou les hausses de prix. Cela garantira la disponibilité des produits dont le Rwanda a besoin.
Interrogé par les médias, le Ministre ougandais des Affaires étrangères, Sam Kutesa, rejette en bloc les accusations du Rwanda. Tandis que le Premier Ministre ougandais, Ruhakana Rugunda, s’avère optimiste et promet que les relations entre l’Ouganda et le Rwanda connaîtront une amélioration dans un avenir proche. (Fin)