Le Maire Ephrem Kayumba de Rusizi
By André Gakwaya;
Secteur Bugarama, Rusizi: La Coopérative «Abiyemeje guhinduka» ou «Celles qui se sont engagées à transformer leur vie» forte de 400 membres sollicite un appui pour initier des projets à revenu, et en même temps contribuer à éradiquer le fléau de la prostitution trop courant dans le Centre de Bugarama, district de Rusizi, frontalier avec le Burundi et la RDC, selon la présidente de cette coopérative Mme N.V.
«Notre coopérative compte 400 dames. La plupart sont natives de Bugarama, environ 200. D’autres proviennent des autres secteurs et de divers horizons. Je fus une prostituée de renom. Maintenant, je suis mariée. Mon mari m’autorise à témoigner sur mon passé afin d’exhorter d’autres dames à dire adieu à la prostitution. Nous avons créé cette coopérative pour éviter de nouvelles infections au VIH/SIDA. Déjà parmi les 400 membres, 274 ont testées séropositives et sont sous le régime des ARV. FHI nous a formées et nous a aidées à créer des groupes qui épargnent et se donnent des crédits. Nous avons effectué des voyages d’études à Musanze et Ruhengeri. Au retour, nous avons initié un petit commerce à revenu. D’autres suivent des formations professionnelles en couture, salons de coiffure, chauffeur de moto, mais qui ont malheureusement été interrompues faute de frais pour la formation. Nous souhaitons que nos autorités nous apportent des soutiens afin que nous achevions nos formations. Nous sollicitons aussi un appui pour initier en même temps des projets à revenu », a indiqué la présidente V.
Elle a tenu ces propos à Bugarama devant ses 40 collègues et 15 journalistes regroupés au sein de l’Association des médias qui luttent contre le VIH/SIDA, et autres maladies, ABASIRWA en sigle, et qui se sont rendu cette semaine dans le district de Rusizi afin de voir si les services de santé et autres services atteignent véritablement le citoyen.
«FHI nous a apporté un appui en formation dans le respect de la prise des ARV. Ses conseils ont permis d’avoir une bonne santé et d’utiliser toujours le condom. Bugarama est un centre trop fréquenté par des Burundais, des Congolais, des Tanzaniens et des Rwandais. Nous couchons avec tous ces hommes à cause d’un trafic intense dans la zone. Nous donnons l’information sur nos clients dans le but de sauvegarder la sécurité publique. Le centre de santé nous donne des préservatifs suffisants. Une prostituée peut utiliser 144 condoms par semaine. Ces précautions permettent aussi d’éviter les grossesses précoces trop courantes chez les jeunes recrues dans le métier, et qui nous formons aussi. Le constat est qu’il n’est pas facile d’éradiquer la prostitution. Celle-ci persiste à cause de la pauvreté. Certaines femmes s’y embourbent encore parce qu’elles n’ont pas d’activités à revenu pour nourrir leurs enfants », a ajouté une autre membre de la coopérative.
Le constant qui se dégage est qu’il faut changer la perception des gens, comprendre que la production résulte de la paresse. Il suffit d’être actif, de se donner de la dignité et d’éviter des situations de violences et d’insécurité qui entourent le métier le plus vieux du monde.
Déjà un groupe de cette coopérative a pu épargner jusqu’à 1,8 millions Frw et un autre groupe a mis de côté 1,3 millions Frw. Le partenaire qui accepte d’aider ces dames peut partir de ces fonds et ajouter d’autres ressources pour la création des activités durables à revenu, surtout que le commerce prospère dans cette transfrontalière de Bugarama.
Il est vrai que certaines ont renoncé à la prostitution et qu’elles ont créé des activités à revenu, et qu’elles ont même des maris qui vivent avec elles. Mais ce sont des unions éphémères, non stables, qui se rompent facilement. Ce sont des unions non encore officielles, conférant un statut de «femme occupée» par un mari.
L’idéal est que le ménage formé se consolide devant l’officier d’Etat civil par l’engagement des conjoints à vivre ensemble et à partager les biens qu’ils ont gagnés ensemble. Cela éviterait de voir dans la rue des femmes répudiées par des maris inconsistants, violents, malhonnêtes.
Interrogé sur l’éventuel appui du district de Rusizi aux membres de cette Cooperative, le Maire Ephrem Kayumba a confirmé l’engagement de son district à éradiquer de nouvelles infections au VIH/SIDA dans sa population, d’éduquer la population dans l’attachement au travail à revenu.
Il a promis que le Centre local «Kubaho neza» ou «Mieux Vivre» apportera un appui pour que les dames que les dames qui interrompu leurs formation professionnelle achèvent leur cours, obtiennent des certificats, et initient des activités à revenu. Dans l’espoir aussi qu’elles pourront épargner ou bénéficier de soutiens pour démarrer des projets qui les feront vivre, elles et leurs enfants.
«Imbuto Fondation, FHI, et World Vision, nous soutiennent dans ce sens d’aider à sortir de la prostitution et de jouir d’une bonne santé», a-t-il dit. (Fin)