"Après la décision de suspendre RFI à Bunia, en Ituri, celle de couper le signal de la station à Bukavu révèle un certain acharnement du ministre Lambert Mendé Omalanga contre ce média. Par cette mesure, le gouvernement de Kinshasa prive la population congolaise d'un accès nécessaire à une information pluraliste, notamment dans l'est du pays. Nous demandons aux autorités congolaises de rétablir sans délai le signal de RFI à Bukavu", a déclaré l'organisation.
Dans une lettre adressée le 6 mai à Lambert Mendé, suite à l'annonce de la coupure du signal de RFI à Bunia, Reporters sans frontières avait déjà écrit : "Vous n'ignorez pas, Monsieur le Ministre, que la présence de médias dans les zones instables ou en conflit est nécessaire pour permettre à l'ensemble des acteurs un accès satisfaisant à l'information."
Le 10 juin, Lambert Mendé a déclaré : "Nous reprochons (à RFI) d'inciter les militaires à désobéir, à se révolter, à créer des troubles dans les casernes, alors que notre pays est en guerre." Un mois plus tôt, les autorités avaient reproché à la radio internationale de "jeter de l'huile sur le feu" et d'inciter les soldats à se mutiner.
Interrogée par Reporters sans frontières, la direction de RFI a déploré cette fermeture et réaffirmé que son traitement de l'actualité congolaise est "irréprochable, parfaitement professionnel et non partisan." "Nos dirigeants ne se rendent pas compte qu'en fermant des radios, ils montrent ouvertement qu'ils ont des choses à cacher", a déclaré à Reporters sans frontières un journaliste de Bukavu sous couvert d'anonymat. "Par cette mesure, les autorités nous obligent à n'écouter que des radios locales, pour la plupart acquises à leur cause. Museler la presse à tout prix présage ouvertement d'un agenda occulte", a poursuivi un cadre d'une association humanitaire.
Depuis plusieurs années, les autorités de Kinshasa critiquent la couverture de l'actualité congolaise par la station internationale française. Le 3 juillet 2006, en pleine campagne pour l'élection présidentielle, l'envoyée spéciale de RFI à Kinshasa, Ghislaine Dupont, avait été expulsée du pays.