Amnesty International demande la libération immédiate de quatre journalistes et de leur chauffeur travaillant pour le journal burundais Iwacu arrêtés alors qu’ils enquêtaient sur des affrontements armés.
La spécialiste du Burundi et du Rwanda au sein de l’ONG Amnesty International, Rachel Nicholson parle d’un « choc ». « Le travail qu’ils étaient en train de faire c’est exactement le travail qu’il faut attendre des journalistes », estime la représentante d’Amnesty International.
« C’est important de récolter les informations sur le terrain, vérifier les faits et partager les informations ensuite avec le public », poursuit-elle.
« Tout un chacun bénéficie du droit à l’information. Et ces reporters étaient au plus près des événements pour remplir cette mission essentielle », ajoute Rachel Nicholson.
Sylvestre Nyandwi, procureur général de la République du Burundi, a publié un communiqué pour expliquer que « les quatre journalistes d’Iwacu et leur chauffeur n’ont pas été arrêtés à cause de leur métier ». Les reporters avaient des informations sur l’attaque armée, selon lui.
Pour Rachel Nicholson, c’est tout l’inverse. Le communiqué en question fait justement état d’actions correspondantes à un travail journalistique. « Comment ici, on peut prétendre qu’ils n’ont pas été appréhendés en tant que journalistes. La détention des journalistes d’Iwacu et leur accompagnateur s’inscrit dans le cadre d’une volonté du pouvoir de museler la presse ».
«Cette situation présente un caractère évidemment arbitraire. Il n’y a aucune base légale pour les poursuites », selon d’Amnesty International.
« Ce qui se passe est motivé par un impératif. Contrôler l’information au Burundi. Nous observons depuis plusieurs années cette pression mise sur les médias. Des radios privées ont été détruites, les journalistes ont été chassés du pays ou contraints à l’exil, les défenseurs des droits humains ont dû fuir également. Nous déplorons ce qui s’est passé avec des institutions internationales ou encore les médias internationaux comme la BBC et la Voix de l’Amérique (VOA), c’est la même chose concernant la mission de la commission d’enquête des Nations-Unies », poursuivi Rachel Nicholson.
«Le gouvernement du Burundi refuse les investigations sur le terrain s’agissant des violations et des droits humains et des situations conflictuelles », conclut Madame Nicholson.
Christine Kamikazi, Agnès Ndirubusa, Térence Mpozenzi, Egide Harerimana, journalistes pour Iwacu, et leur chauffeur Adolphe Masabarakiza, ont été arrêtés mardi 22 octobre à Musigati dans le nord ouest du pays. L’équipe de reporters était venue couvrir l’incursion d’un groupe de rebelles burundais basé dans l’est de la RDC et opposé au régime du président Pierre Nkurunziza. (Fin)