Les commerçants du marché central au camp de Mahama grognent. Ils dénoncent une mauvaise attribution d’espaces, ce qui bouche même des voies qui servent d’aération et d’intervention en cas d’incendie.
Selon le Collectif SOS Médias Burundi qui livre cette information, le marché central qui est situé dans le village II de la zone de Mahama I est surpeuplé, occupé par presque le triple de ses occupants. Des commerçants s’inquiètent.
«Tous les passages sont bouchés. Même deux personnes ont du mal à passer quand elles se croisent. La raison est que tous les espaces ont été attribués à des vendeurs. On y trouve des kiosques en bois ou en fer, des stands ou des articles à même le sol. Même les allées et espaces verts sont occupés», témoignent des commerçants.
Cette construction anarchique au marché central dit « de la ville » du camp risque de causer des pertes en vies humaines.
« Si jamais il se déclare un incendie, ça serait le pire. On perdrait des articles et des personnes car on aura pas de passages pour les évacuations du moment qu’on a du courant électrique au marché, ce qui augmente le risque. Sans parler de passage pour un camion des sapeurs-pompiers. C’est vraiment inacceptable », se lamentent des réfugiés burundais et congolais du camp de Mahama situé plus à l’Est du Rwanda non loin de la frontière avec la Tanzanie.
Taxes au camp de réfugiés
Un autre aspect qui suscite beaucoup de lamentations est la collecte des taxes. D’après des sources bien informées, Mahama est le seul camp au Rwanda où les commerçants paient des taxes dans des marchés internes.
« Des réfugiés congolais qui ont été transférés ici en provenance du camp de Kigeme (district de Nyamagabe, sud du Rwanda) se sont d’abord insurgés contre ce genre de taxes car au camp de Kigeme, cela ne se faisait pas depuis une dizaine d’années. Mais ils ont fini par s’habituer », racontent des commerçants.
Ils demandent que la mesure introduisant ces taxes soit annulée.
« Normalement c’est un marché installé au sein d’une communauté de vulnérables (réfugiés). L’objectif est de chercher comment s’autofinancer et s’intégrer pour ne pas toujours tendre la main aux humanitaires. Alors, au lieu de nous soutenir dans cette élancée, ils prélèvent des taxes sur de faibles bénéfices que nous enregistrons. C’est en tout cas une sorte de paradoxe », insistent-ils.
Odeur de Corruption
Des leaders des réfugiés et des commerçants soupçonnent une sorte de corruption perçue par un responsable dudit marché, qui est aussi un agent du ministère en charge des réfugiés, le MINEMA.
« Même si nous n’avons pas de preuves, ce sont en tout cas des soupçons qui circulent ici. Et puis à voir comment des espaces verts à l’intérieur comme autour du marché sont attribués, il suffirait d’une simple investigation pour le prouver […]», disent-ils avant d’ajouter que « le prix pour une place au marché est allée jusqu’à 600 ou 800 mille francs rwandais ou même 1 million en si peu de temps ».
Les concernés invitent le maire du district de Kirehe où est installé le camp à faire des investigations pour prévenir avant que le pire ne se produise dans ce marché central qui est aussi considéré comme «un centre de négoce communautaire entre les réfugiés et la communauté d’accueil » car plusieurs Rwandais y ont aussi des stands pendant que d’autres viennent s’y approvisionner en cas de besoin.
Le camp de Mahama compte plus de 55.000 réfugiés dont la majorité est constituée de Burundais qui ont fui la crise de 2015 née d’un autre mandat controversé de feu président Pierre Nkurunziza. (Fin)