Le Président Kagame s’adresse aux Invités et aux Rwandais
Kagame a prêté serment ce 11 Août 2024, et son objectif pour le prochain mandat de cinq ans est de travailler dur et d’atteindre des réalisations encore plus importantes et plus nombreuses, et il a souhaité que la crise à l’Est de la RDC soit résolue sur la base d’un compromis entre les protagonistes. Lire son discours d’après le serment dans les colonnes qui suivent :
Je ne peux que commencer par remercier tous les Rwandais de m’avoir fait confiance. C’est un honneur de servir en tant que votre président pour un autre mandat. À tous nos invités, amis et partenaires, de près ou de loin, votre présence en ce jour important est très significative et grandement appréciée.
Nous sommes particulièrement reconnaissants à tous les Chefs d’État et de Gouvernement qui nous ont rejoints ou qui nous ont envoyé des délégués.
Beaucoup d’entre vous ont accompagné notre pays et notre peuple tout au long de ce parcours de reconstruction de trente ans. La campagne électorale a été une période de joie et de satisfaction pour nous tous. Des millions de personnes ont participé à des campagnes électorales et presque tout le monde est allé voter. Mais ce n’est pas seulement une question de chiffres. Il y a une signification beaucoup plus profonde derrière ce que nous avons tous vu et vécu. Cette réalité est indéniable ; elle découle de l’esprit d’unité entre les Rwandais, ainsi que d’une détermination commune à être les maîtres de notre avenir. C’est exactement ce sur cela que nous travaillons depuis toutes ces années. Plutôt que de laisser derrière nous de nouvelles divisions à guérir, notre processus politique est conçu pour renouveler et approfondir notre unité. Au cours des trente dernières décennies, ce que les Rwandais ont réussi à accomplir est encore plus que ce que nous attendions. En effet, c’est au-delà de ce que les mots peuvent décrire, compte tenu de notre point de départ. Notre passé tragique a allumé un feu en chacun de nous : un feu d’espoir, de résilience et de justice. C’est ce que nous sommes devenus en tant que Rwandais.
En cette année 2024, les crises croisées qui définissent notre région et notre monde continuent de créer de l’incertitude et de la méfiance, en raison des inégalités non résolues et des doubles standards.
La paix dans notre région est une priorité pour le Rwanda, mais elle manque, en particulier dans l’Est de la RDC. Mais la paix ne peut être instaurée par une seule personne, quelle que soit sa puissance, si la partie la plus directement concernée ne fait pas ce qui est nécessaire. Sans cela, les efforts sincères de médiation des dirigeants régionaux mandatés ne peuvent pas fonctionner comme prévu.
Et ici, je voudrais m’arrêter un instant pour remercier le Président de l’Angola, le Président João Lourenço, et le Président du Kenya, le Président William Ruto, entre autres, pour tout ce qu’ils ont fait et continuent de faire.
La paix ne peut pas se faire toute seule. Nous devons tous faire notre part, et faire les bonnes choses, pour parvenir à la paix et la maintenir.
Il ne faut pas voir cela comme une faveur faite à qui que ce soit. Faire ce qui est nécessaire pour que tout le monde ait la paix ne peut pas être une question de faveurs. C’est une obligation.
En fin de compte, lorsque cela n’aboutit pas, les gens se lèvent et se battent. Il faut comprendre cela comme une nécessité, car il s’agit des droits des personnes et il ne peut y avoir de paix véritable si ces droits ne sont pas respectés.
On ne peut pas se réveiller un jour et décider de refuser à qui l’on veut ses droits de citoyenneté et espérer s’en sortir impunément. Il faut qu’il y ait un compromis.
Il est temps de réfléchir au type de monde dans lequel nous voulons que nos enfants vivent. En tant que communauté mondiale, nous avons plus de points communs que nous ne le pensons, et nous avons toujours en nous les outils pour réparer, renouveler et réinitialiser.
Cela ne signifie pas que nous devons être d’accord sur tout. Mais nous devons respecter les choix des autres, chacun faisant de son mieux dans ses contextes particuliers.
Les puissants n’ont plus le droit d’imposer leur vision de la manière dont les autres devraient vivre, ni de créer des récits qui falsifient la vérité. Il faut toujours résister à cela, même quand on est sous pression.
Mais il n’y a pas non plus d’excuse possible à l’injustice, où qu’elle se produise, qu’elle soit commise contre nous en tant qu’Africains ou infligée par nous-mêmes.
En effet, nous, les Africains, sommes un peuple qui a toujours lutté contre l’injustice. Nous n’avons pas besoin de leçons sur la meilleure façon de le faire. Et nous devons tous humblement reconnaître la nécessité d’adapter nos systèmes politiques et de gouvernance à nos conditions spécifiques et aux attentes de nos citoyens.
Comme tout le monde, ce qui compte le plus pour nous, c’est de voir nos citoyens vivre en sécurité, en bonne santé et dans la dignité. C’est un impératif, et c’est une responsabilité que nous ne pouvons pas éviter ou que nous ne pouvons pas sous-traiter.
Depuis sa création, l’Union africaine a joué un rôle déterminant dans la construction d’un avenir plus intégré, où les nombreuses voix de l’Afrique peuvent être entendues. De la sécurité à la santé, en passant par les infrastructures et l’emploi des jeunes, nous assumons la responsabilité de nos défis et proposons des solutions.
C’est cet état d’esprit qui nous rapproche et crée des changements positifs au fil du temps pour tous.
L’Afrique abrite certaines des civilisations les plus anciennes du monde, mais aussi sa population la plus jeune, qui est aussi compétente que n’importe où ailleurs.
Nos jeunes sont énergiques, innovants et audacieux, et ils n’ont pas peur de changer le statu quo pour le mieux, en exigeant davantage de nous-mêmes et des autres. Tout au long de notre campagne ici, c’était toujours une leçon d’humilité d’entendre le slogan « Ni wowe », qui signifie « C’est vous ».
Mais en réalité, ce n’est pas moi seul, ni mwebwe, ni twese ! – c’est vous, c’est nous tous ! Nous nous concentrons désormais sur l’avenir. Au cours des trente dernières années, notre pays a été un bon chantier. Ce nouveau mandat signifie le début d’un travail encore plus dur.
Pourquoi ne pas faire encore mieux que ce que nous avons fait ? Cette attente de continuer à nous améliorer n’est pas un rêve, elle est réalisable. Nous pouvons le faire et nous le ferons.
Par-dessus tout, nous serons ensemble, et je vous remercie une fois de plus de nous avoir renouvelé le privilège de servir notre pays. Que Dieu bénisse le Rwanda et l’Afrique, et nous tous, Africains. (Fin)