A l’occasion de la commémoration de l’Holocauste par les Nations Unies ce lundi, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a souligné que le monde n’était pas à l’abri des mêmes dangers aujourd’hui alors que l’antisémitisme et d’autres formes de fanatisme sont en hausse.
Des cérémonies ont été organisées au siège de l’ONU à New York et à Genève pour se souvenir des six millions de Juifs et des millions d’autres qui ont été assassinés par les Nazis. La Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste marque la libération il y a 74 ans du camp de la mort d’Auschwitz-Birkenau.
Au début de la cérémonie à New York, qui avait pour thème cette année « Se souvenir de l’Holocauste : Exigez et défendez vos droits humains », une minute de silence a été observée en hommage aux victimes. Des survivants de l’Holocauste étaient présents, dont Inge Auerbacher, qui avait sept ans quand elle a été emprisonnée au camp de Theresienstadt, et Marian Turski, né en 1926 à Lodz, en Pologne.
L’antisémitisme est toujours puissant et il s’aggrave
Devant les participants de la cérémonie, Antonio Guterres a lancé un cri d’alarme sur la montée actuelle de l’antisémitisme.
Il a rappelé qu’il y a trois mois les Etats-Unis ont connu la pire attaque antisémite de leur histoire. Un homme armé jusqu’aux dents est entré dans une synagogue de Pittsburgh et a crié « Tous les Juifs doivent mourir » avant d’assassiner 11 fidèles observant le Shabbat.
Le Secrétaire général a également cité la profanation le mois dernier d’un cimetière juif près de Strasbourg, en France, les vandales ayant peint des croix gammées sur des dizaines de tombes.
Selon Antonio Guterres, ces incidents sont loin d’être des aberrations mais montrent au contraire que l’antisémitisme est toujours puissant et qu’il s’aggrave.
«Nous devons nous élever contre la montée de l’antisémitisme», a-t-il déclaré. Selon lui le vieil antisémitisme est de retour et les groupes néo-nazis prolifèrent.
Le Secrétaire général a souligné qu’au-delà de l’antisémitisme, on assiste à une augmentation inquiétante d’autres formes de fanatisme, en particulier la multiplication des attaques contre les musulmans.
Selon lui, le plus troublant, c’est peut-être la généralisation de la haine, aussi bien dans les démocraties libérales que dans les régimes autoritaires.
Dans ce contexte, le Secrétaire général a appelé à ne pas oublier les leçons de l’Histoire, en gardant notamment « la mémoire vivante ». Il a noté que selon un récent sondage en Europe, un tiers des sondés disent savoir peu ou rien de l’Holocauste. « L’éducation est cruciale à propos de l’Holocauste, du génocide et des crimes contre l’humanité, du racisme et de l’histoire de l’esclavage », a-t-il souligné.
Le chef de l’ONU a appelé également à lutter contre les discours de haine, rappelant qu’il avait demandé à son Conseiller spécial sur la prévention du génocide de préparer une stratégie d’action pour renforcer cette lutte.
Enfin, M. Guterres a jugé nécessaire « d’œuvrer à une mondialisation juste, d’édifier des sociétés démocratiques et de s’attaquer aux racines des angoisses et de la colère qui rendent les peuples vulnérables au populisme et à la démagogie ».
Une exposition intitulée « Au-delà du devoir : des diplomates reconnus comme des Justes parmi les nations » a également été inaugurée lundi dans le hall d’accueil des visiteurs au siège de l’ONU. Cette exposition raconte l’histoire de diplomates courageux qui ont sauvé la vie de milliers de Juifs d’Europe. (Fin)