Quelques mois avant que les services de sécurité ne découvrent que Denis Kazungu avait tué un certain nombre de femmes et les avait enterrées chez lui, ses voisins avaient observé plusieurs indices inquiétants qui laissaient penser à quelque chose de sinistre chez lui.
Le tueur en série présumé nommé Kazungu est âgé de 34 ans. C’est un habitant du village de Gashikiri, secteur Kanombe, district de Kicukiro à Kigali, la capitale du Rwanda.
Des questions ont été soulevées quant à la façon dont il avait réussi à faire tout cela sans que personne ne s’en aperçoive, sur le mobile de ces actes odieux, s’il avait des complices, etc.
Kazungu n’avait pas de voisins immédiats. Ceux qui habitaient le plus près de lui se trouvaient à environ 100 mètres. Entourée d’une haie, la maison avait suffisamment d’intimité, sans compter que Kazungu lui-même évitait les visiteurs, à l’exception des femmes qui venaient le voir pendant la nuit alors qu’il revenait du bar à plusieurs reprises.
La plupart de ces femmes étaient soupçonnées d’être des travailleuses du sexe. Pour cela, la communauté était réticente à intervenir même lorsqu’elle remarquait qu’il y avait de la violence dans la maison.
Il y a environ deux mois, Irène Mukasine, l’une des plus proches voisines de Kazungu, a été alarmée lorsqu’une jeune femme est entrée en courant directement chez elle, nue comme un ver de terre, au cours d’un après-midi. Ses pieds et ses mains semblaient avoir été attachés, mais elle avait réussi à briser les liens. Elle a demandé à Mukasine de « la cacher parce qu’elle allait être tuée ».
«Quand je l’ai vue, j’ai cru que je regardais un démon. J’avais peur. J’ai couru hors de la maison pour voir ce qui la poursuivait. J’ai vu arriver Kazungu, il l’avait suivie. Lorsqu’il nous a vu, il s’est retourné et s’est dirigé vers la route principale », raconte Irène Mukasine.
Mukasine qui a sauvé trois femmes des griffes de ce tueur en série a signalé l’incident à un leader local. Ce dernier n’a pas réagi au motif qu’il s’agit « d’une simple dispute entre Kazungu et une travailleuse du sexe ».
Peu de temps après, un incident similaire s’est produit. Une autre femme qui avait passé la nuit chez Kazungu était en difficulté. Tout comme la première, elle s’est également libérée et a couru vers les voisins.
Nous l’avons également signalé à la même autorité de base, mais nous avons obtenu la même réponse : «Kazungu se disputait simplement avec ses travailleuses du sexe», se souvient Mukasine.
La dernière personne à avoir échappé aux griffes de Kazungu était également une jeune femme. Contrairement aux deux précédentes, elle n’a pas pu sortir seule de la maison en courant. Alors, elle a crié aussi fort qu’elle a pu pour que les voisins puissent l’entendre.
« Quand nous avons entendu les cris, nous avons couru vers sa maison. Nous avons demandé à Kazungu d’ouvrir. Il est sorti en entonnant une chanson gospel swahili. Je suppose qu’il essayait de nous faire croire qu’il ne se passait rien de mal. Nous avons insisté et lui avons dit d’ouvrir la porte, mais il a refusé », a déclaré Mukasine.
Lorsqu’ils ont réalisé qu’il ne voulait pas les écouter, ils ont décidé de ramasser des pierres et de les jeter sur son toit. Kazungu réalisa qu’ils voulaient vraiment sauver la jeune femme, alors il la laissa partir. « Elle a couru par la porte », raconte Mukasine.
Cette fois-ci, ils l’ont signalé à la police. Cependant, la police a exigé que les autorités locales rédigent une déclaration indiquant les menaces que représentait Kazungu. Lorsque les femmes se sont approchées de leur leader local pour le faire, celui-ci s’est montré réticent.
« En fait, à un moment donné, ils nous ont dit d’arrêter de nous plaindre à propos de Kazungu et de ses putes qu’elle invite chaque nuit», raconte Mukasine.
« Mais ce n’est pas ainsi que les dirigeants devraient parler aux citoyens, ils devraient nous écouter. Ils nous ont parlé de manière si impolie, mais nous avions un message à faire valoir », a-t-elle ajouté d’un ton déçu.
Ce tueur en série présumé a été arrêté après la découverte de plus de 10 cadavres dans une fosse creusée dans la cuisine de son domicile de Kigali.
La police a indiqué que le suspect rencontrait ses victimes dans des bars et les attiraient dans son logement de location situé en périphérie de la capitale rwandaise.
Le suspect avait été déjà arrêté en juillet, soupçonné de viol et de vol, mais il avait été remis en liberté sous caution faute de preuves. L’enquête a suivi son cours et c’est à la faveur d’une perquisition à son domicile que les corps ont été découverts dans la fosse de la cuisine. (Fin)