Kigali: Le Rwanda a prolongé de quinze jours les mesures de confinement qu’il impose à sa population depuis le 22 mars pour endiguer la propagation du Coronavirus (Covid-19).
«La réunion extraordinaire virtuel du Gouvernement sur le COVID-19 présidée par le président Kagame a prolongé les mesures existantes de 15 jours supplémentaires pour contenir davantage l’épidémie », indique le gouvernement dans un communiqué laconique.
Quelques jours après l’identification d’un premier patient et sans attendre l’aggravation dramatique de la situation, le Rwanda a décidé d’imposer le confinement du pays et de ses habitants pour deux semaines à partir de dimanche 22 mars.
Depuis bientôt deux semaines tous les déplacements non essentiels et les visites hors du domicile sont interdits, à l’exception des sorties pour s’approvisionner, pour se faire soigner ou se rendre à la banque.
Sont également interdit des déplacements non essentiels entre les différentes villes et districts du pays, tandis que tous les employés des secteurs public et privé travaillent à domicile.
Ce choix draconien est assorti de la fermeture de toutes les frontières du pays, sauf pour le trafic de marchandises et pour les citoyens rwandais de retour au pays. L’annonce faisait suite à plusieurs autres mesures préventives par lesquelles les écoles, les lieux de culte, les conférences et autres événements ont été suspendus.
Le Rwanda est devenu le 22 mars le premier pays du continent à prendre des mesures parmi les plus drastiques mais qui n’ont pas pour autant empêcher au Covid-19 de progresser. Le pays compte à ce jour 82 cas confirmés, le nombre le plus élevé en Afrique de l’Est.
La fermeture des activités économiques dans le pays a par ailleurs gravement touché la majorité des personnes à faible revenu. Voilà que le gouvernement demande aux Rwandais de tenir le coup pendant 15 jours de plus. Et cette période supplémentaire de confinement pourra être prolongée de nouveau si la situation sanitaire l’exige.
A noter que l’utilité du confinement général fait couler beaucoup d’ancre et de salive dans un contexte de l’Afrique dont la majorité de la population vit au jour le jour en travaillant d’une manière informelle. Réaliste, le chef d’Etat béninois Patrice Talon qui a l’avantage d’être issu du secteur privé se pose contre le copié collé du confinement à l’Occidental en passe d’être érigé en normes.
Parmi les raisons susceptibles d’expliquer ce choix, le président Patrice Talon évoque le faible niveau de vie de la majorité des béninois qui, selon lui, « ne permet pas à son gouvernement de décréter de telles mesures dont les conséquences négatives seront énormes ».
A l’en croire, tous ne sont pas égaux face aux mesures de confinement. « Contrairement aux citoyens des pays développés d’Amérique, d’Europe et d’Asie, la grande majorité des Béninois ont un revenu non salarial. Combien de personnes au Bénin ont un salaire mensuel et qui peuvent attendre deux, trois ou quatre semaines même sans travailler et vivre des revenus du mois ? […] Comment peut-on, dans un tel contexte où la plupart de nos concitoyens donnent la popote avec les revenus de la veille, décréter sans préavis, un confinement général de longue durée ? », s’est-il interrogé.
Conscient du contexte socio-économique de son pays, le président Talon s’est exprimé en ses termes : « Si nous prenons des mesures qui affament tout le monde, elles finiront très vite par être bravées et bafouées ».
Au Rwanda comme dans toute l’Afrique, de nombreuses personnes vivent du revenu qu’ils ont de leurs activités journalières et ne peuvent pas survivre à un confinement total. Le gouvernement rwandais a commencé la distribution de nourriture aux familles extrêmement vulnérables pour les aider à surmonter cette situation inédite. (Fin)