Des accusations d’espionnage par des responsables congolais signalent une escalade alarmante de l’incitation publique-selon le Rwanda

Yolande Makolo, porte-parole du gouvernement rwandais 

Le gouvernement congolais a présenté mardi des présumés espions rwandais et leurs complices congolais qui auraient infiltré Kinshasa via une ONG de développement dénommée African Health Development Organization (AHDO). Il s’agit, d’après les services de sécurité congolais, d’un réseau détecté et démantelé. Les identités des présumés espions ont été dévoilées par le vice-ministre de l’Intérieur en direct à la télévision nationale.

Ci-dessous la réaction du gouvernement rwandais 

Quelques jours seulement après que le Groupe d’experts des Nations Unies ait identifié une augmentation inquiétante de la violence ethnique et des discours de haine par des responsables, officiers militaires et dirigeants de la société civile de la RDC contre les rwandais, les rwandophones et la communauté congolaise Tutsi, la conférence de presse donnée cette semaine par le vice-ministre de la RDC, Jean-Claude Molipe Mandongo, représente une escalade véritablement alarmante de la xénophobie et de l’incitation à la violence.

Le Rwanda est très préoccupé par le sort de deux de ses ressortissants en RDC, Dr Juvénal Nshimiyimana et Moses Mushabe, tous deux membres du personnel de l’African Health Development Organisation (AHDO), qui sont détenus à Kinshasa depuis le 30 août 2022, et qui ont été présentés devant les médias comme des “espions”, lors du briefing tenu ce mardi 27 décembre.

Cette mise en scène de prétendus espions sort tout droit d’une stratégie que nous ne connaissons que trop bien. L’histoire a démontré que les dirigeants qui ne peuvent ou ne veulent pas assumer leurs propres échecs internes ont tendance à instrumentaliser le tribalisme et pointer le doigt vers l’extérieur. Personne dans la région des Grands Lacs ne se fait d’illusion quant à où cela nous mènera ni le prix que cela coûtera.

Dans une référence inquiétante au génocide de 1994 contre les Tutsi au Rwanda lors de la conférence de presse donnée cette semaine par le vice-ministre de la RDC, Jean-Claude Molipe 

Mandongo, les responsables ont accusé les détenus rwandais de planifier d’abattre un avion transportant le président de la RDC. Ils ont également fait allusion à des arrestations d’autres personnes liées à l’AHDO, ce qui représente une tentative délibérée du Gouvernement de la RDC d’enflammer davantage les congolais et l’opinion publique.

Nous exhortons les dirigeants de la RDC à renoncer à cette rhétorique de haine et à abandonner la voie qu’ils semblent avoir choisie. La communauté internationale, y compris ceux qui continuent à dorloter les dirigeants de la RDC, devrait réagir et les tenir responsables de cette escalade.

Le ministère des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale du Rwanda a formellement protesté contre l’arrestation et la détention arbitraires de plusieurs citoyens  rwandais en RDC et a demandé leur libération inconditionnelle.

Dans deux notes verbales du 4 novembre et du 7 décembre 2022, le Rwanda a protesté contre l’arrestation et la détention arbitraires du Dr Juvénal Nshimiyimana et de Moses Mushabe, tous deux membres du personnel de l’Organisation Africaine de Développement de la Santé, et a appelé à leur libération.

M. Mushabe serait gravement malade et aurait besoin de soins médicaux. Le Dr Juvénal Nshimiyimana a précédemment été représentant national de l’ONUSIDA en RDC (Fin)