Des données du FIDA sur le Rwanda, le Kirghizistan, l’Ouganda et certains autres pays recueillies depuis 2009 montrent que renforcer la participation des femmes dans la prise de décision dans les ménages, les groupes et les communautés, augmente la productivité agricole des ménages.
C’est dans ce cadre que dirigeants des organismes des Nations Unies chargés de l’alimentation à l’approche de la Journée internationale des femmes soulignent que l’autonomisation des femmes et des filles est indispensable à la pérennité de la sécurité alimentaire après la COVID-19.
« La faim et la famine persisteront et la reprise qui suivra la pandémie de COVID 19 sera inégalitaire, sauf si davantage de femmes, en milieu rural comme en milieu urbain, accèdent à des responsabilités et voient leur pouvoir de décision renforcé, affirment les hauts responsables à la tête des trois organismes des Nations Unies chargés des questions d’alimentation à l’approche de la Journée internationale des femmes, qu’ils célébreront conjointement le 8 mars », souligne un communiqué du FIDA.
L’événement, coorganisé par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds international de développement agricole (FIDA) et le Programme alimentaire mondial (PAM), attirera l’attention, au niveau mondial, sur le rôle crucial que les agricultrices, les entrepreneuses et les dirigeantes, dotées de moyens d’action renforcés, doivent jouer pour que les femmes puissent contribuer, sur un pied d’égalité, à la reprise post-COVID-19 et à l’établissement des conditions propices à l’élimination de la pauvreté, à l’accroissement de la productivité et à l’amélioration de la sécurité alimentaire et de la nutrition.
« Le monde compte plus de 1,1 milliard de filles de moins de 18 ans, qui ont le potentiel de constituer la génération la plus nombreuse de dirigeantes, d’entrepreneuses et d’actrices du changement pour bâtir un avenir meilleur. Pourtant, les femmes et les filles continuent de faire face à des contraintes structurelles persistantes qui les empêchent de cultiver pleinement leur potentiel et qui sapent les efforts qu’elles déploient pour améliorer leurs conditions d’existence ainsi que celles de leur ménage et de leur communauté », a déclaré le Directeur général de la FAO, Qu Dongyu.
« Les femmes et les filles peuvent jouer un rôle déterminant dans la riposte à la pandémie de COVID-19, et notamment dans la transformation des systèmes agricoles et alimentaires. Nous devons tous œuvrer de concert pour produire les changements nécessaires à l’avancement des femmes et des filles, en particulier de celles qui vivent dans les zones rurales », a-t-il ajouté.
« Il est essentiel que les femmes accèdent à davantage de responsabilités, mais aussi qu’elles soient consultées et écoutées, et qu’elles participent à tous les niveaux ainsi qu’à toutes les étapes de la riposte à la pandémie et de la reprise qui s’ensuivra », a déclaré Gilbert F. Houngbo, Président du FIDA. « Investir dans le leadership féminin en milieu rural et renforcer la contribution des femmes à la création de notre avenir post-COVID-19 sont primordiaux pour garantir que leurs points de vue et leurs besoins seront correctement pris en compte, afin que nous puissions rebâtir de meilleurs systèmes alimentaires assurant l’égalité d’accès à des aliments nutritifs et à des moyens d’existence décents. »
« Les femmes et les filles représentent la moitié de notre communauté internationale et il est temps que cela se reflète dans leur accès à des responsabilités à tous les niveaux », a déclaré David Beasley, Directeur exécutif du PAM. « Notre expérience dans différentes régions du monde nous a appris que, lorsque les femmes et les filles ont un meilleur accès aux informations, aux ressources et aux débouchés économiques, et qu’elles sont libres de prendre leurs propres décisions, la faim recule et la nutrition s’améliore non seulement pour elles-mêmes, mais aussi pour leur famille, leur communauté et leur pays».
L’accès des femmes aux responsabilités revêt une importance particulière dans les zones rurales des pays en développement, où 1,7 milliard de femmes et de jeunes filles peinent souvent à se faire entendre. Soixante pour cent des femmes d’Asie du Sud et d’Afrique subsaharienne travaillent dans l’agriculture – pourtant, elles ont un accès plus limité que les hommes aux ressources et aux services, notamment à la terre, aux financements, à la formation, aux intrants et au matériel. En plus de leurs activités agricoles, les femmes doivent encore assurer des tâches ménagères et des tâches parentales – qui les ont mobilisées encore davantage pendant la pandémie de COVID-19. En outre, les femmes ont subi, plus que les hommes, les conséquences sociales et économiques négatives de la pandémie, notamment la perte de moyens d’existence et la baisse de leurs revenus personnels.
Veiller à ce que les femmes fassent davantage entendre leur voix n’est pas seulement une question d’égalité femmes-hommes. Les femmes dirigeantes peuvent défendre la cause des femmes pour que celles-ci aient un meilleur accès aux intrants et aux moyens de production, et un meilleur contrôle sur ceux-ci, ce qui permettrait d’améliorer leur productivité et leurs revenus. La sécurité alimentaire s’en trouverait renforcée, de même que les possibilités d’emploi et les revenus réels des femmes.
Des études montrent que, si les agricultrices bénéficiaient des mêmes conditions d’accès aux ressources productives que leurs homologues masculins, elles pourraient accroître les rendements de 20 à 30% et la production agricole totale de 2,5 à 4%, de sorte que 100 millions à 150 millions de personnes pourraient ne plus souffrir de la faim.
La FAO s’emploie à renforcer la participation et le leadership des femmes rurales dans les systèmes agricoles et alimentaires. En plus de collaborer avec les organisations paysannes pour garantir la prise en compte de la parole des femmes rurales, la FAO promeut des approches propres à transformer la dynamique femmes-hommes en vue de contester les normes socioculturelles injustes dans les communautés rurales. En outre, la FAO aide les pouvoirs publics à adopter des politiques et des stratégies qui répondent aux besoins et aux aspirations des femmes et des filles rurales, afin qu’elles puissent participer à la prise de décisions et assumer des postes de direction. Elle s’attache également à améliorer les compétences en leadership et la confiance en soi des femmes et à sensibiliser davantage à l’égalité femmes-hommes dans les institutions nationales et locales. Le Comité des femmes mis sur pied par la FAO offre un espace sûr et inclusif qui reflète la diversité et l’énergie qui caractérisent le personnel féminin de la FAO. L’Organisation a également établi des mesures incitatives pour les perspectives de carrière du personnel féminin et pour parvenir à la parité femmes-hommes à tous les niveaux et dans toutes les catégories d’emplois.
La sécurité alimentaire et les inégalités entre les femmes et les hommes sont étroitement liées, d’autant que ces inégalités commencent souvent à un âge précoce. Dans de nombreux pays, les garçons et les filles ont des enfances très différentes. Les garçons mangent en premier, reçoivent davantage de nourriture que leurs sœurs, participent moins aux tâches ménagères et se marient plus tard. Pour les filles, le mariage, et non l’école, est bien souvent la préoccupation majeure durant l’enfance. Le travail mené par le PAM pour parvenir à l’égalité femmes-hommes commence à l’école, avec un soutien ou la mise en œuvre de programmes d’alimentation scolaire dans plus de 70 pays, qui contribuent à augmenter la fréquentation scolaire des filles. Cela leur offre un meilleur accès à l’éducation, réduit le risque de mariage d’enfants et d’autres formes de violence sexiste, et donne davantage de perspectives d’avenir aux filles ainsi promises à de meilleurs moyens d’existence et à davantage de responsabilités. (Fin)