Mary Concilie Anchang et Angeline Wibabara
Une société camerounaise, FICOTA, et une autre rwandaise, COMFWB Rwanda Chapter, ont conclu récemment un Accord de partenariat pour la production et la transformation du coton, du champ au marché. Les deux signataires Mary Concilie Anchang (MCA) et Angeline Wibabara (AW) se sont vues dans le cadre de la Mission Economique et Commerciale de l’OIF. Lire leur une interview à André Gakwaya de l’Agence Rwandaise d’Information(ARI-RNA) pour expliquer leur engagement :
MCA – Je m’appelle Mary Concilie Anchang du Cameroun, Avocate internationale, mais ici aujourd’hui, j’agis sous la bannière de l’OIF qui nous a invités à Libreville au Gabon et au Rwanda dans le cadre de la mission économique de l’OIF dans le monde pour réveiller les pays membres de l’OIF dans le besoin de renforcement des capacités de networking et pour développer les activités entre les pays membres de l’OIF. Nous venons de conclure un accord entre le programme de la Chambre de commerce africaine dont je suis présidente exécutive qui est le projet de la chaîne de valeur du coton, le renforcement des capacités dans la chaîne de valeur du coton en textile et accessoire. Nous produisons le coton, mais on a du mal à le transformer localement. Depuis 2018, le programme FICOTA existe pour renforcer des capacités et nous voulons nouer des partenariats dans les pays membres afin que le coton africain soit source d’employabilité, de richesse pour les acteurs dans la sous-région.
Groupe photo avec des partenaires du Rwanda
Angeline Wibabara (AW) -Je m’appelle Angeline Wibabara. Je suis présidente de la Chambre des Femmes au sein du COMESA (COMFWB). C’est une organisation qui englobe les associations et fédérations des femmes ici au Rwanda. Et on a conclu un accord avec FICOTA pour le projet de coton. Notre objectif, ce n’est pas tellement dans l’agriculture ou la coproduction de coton, mais dans la transformation, le processing du coton pour former le tissu qu’on peut utiliser ici au Rwanda. On a ainsi où l’on peut trouver ce coton et on va aussi vérifier si on peut produire le coton au Rwanda.
ARI- Dans quel cadre Mary Concilie est-elle au Rwanda ?
MCA – J’avoue que l’Afrique avait tellement besoin de se connecter. L’OIF a une approche tripartite du développement : Nord-Nord, sud-sud, sud-nord. Avec cette mission au Rwanda nous venons de concrétiser les espoirs FICOTA. L’OIF a élaborée un programme qui s’appelle edicot : densification, diversification dans la chaine de valeur du coton, habillement et accessoire. Ce projet a été élaboré en 2018. Au niveau de Libreville, l’OIF a voulu que je sois paneliste et en tant que paneliste que je partage l’exercice de FICOTA pour que FICOTA soit l’un des outils que l’OIF peut utiliser pour coopter le pays membres producteurs de coton et intéresser dans la transformation du textile pour faire de l’Afrique et le marché africain un important hub dans l’habillement.
J’ai été en Asie du Sud-est avec l’IOF où j‘ai rencontré les grands manufacturiers du textile. La question que l’on s’est posée est comment est-ce que le Vietnam et le Cambodge peuvent produire autant de textile et habillement et les grandes marques vont faire de commande là-bas alors qu’en Afrique on produit le coton on n’arrive même pas à avoir des usines de transformation compétitives et compétentes alors qu’on est inondé par des habits de deuxième main, alors qu’on peut aussi par le recyclage de ces habits de deuxième main pour faire le dumping. On ne fait pas le dumping mais nous on trouve un modèle pour le recyclage afin qu’au niveau africain dans le secteur du coton, textile et accessoire on peut ainsi créer des emplois pour les jeunes. On ne voudrait pas voir des jeunes africains aller mourir dans les hautes mers, dans l’immigration clandestine. On peut trouver une solution à ça si on développe les métiers qui sont dans la chaîne de valeur de coton. Pour nous agribusiness c’est quoi agriculture ? On cultive le coton et le business autour du coton, c’est quoi ? Il faut qu’on soit capable de faire la filature, le tissage, la teinture. Il faut qu’on ait maintenant des usines de confection qui emploient des Africains. Est-ce qu’on a la main d’œuvre qualifiée ? Il faut la formation, le renforcement des capacités, la finition, il faut que le textile soit accessible aux pays producteurs de coton à des tarifs concurrentiels.
ARI- Et l’on pourrait même exporter…
MCA – En plus de cela, on peut même ne pas exporter au-delà du contient. On a même besoin de consommer ici. Parce que combien de pays importent de l’extérieur ? Si on maintient la consommation dans les pays ZLECAF, c’est une grande avancée. On va épargner les devises qu’on utiliser dans l’importation.
ARI- Le processus ….
MCA -Il faut d’abord savoir que la problématique d’accéder au coton est un grand danger. Le coton est produit non pas par les Etats, mais par des sociétés privées. Donc, le producteur du coton au Cameroun est un producteur privé. L’Etat est certes actionnaire majoritaire, mais l’Etat ne décide pas de la vente. Surtout parce que le produit coton est acheté avant la production. C’est des produits de rareté exceptionnelle. La rareté du produit fait en sorte que nous ne pouvions venir le lendemain de la production pour dire qu’on veut déjà acheter. Les standards et la qualité d’achat, c’est sur le marché international. Après avoir observé que la plupart des sociétés qui produisent le coton, ne rendent pas facile l’accès au coton, nous allons donc travailler du champ au marché. Notre approche aujourd’hui est la multiplication des champs cotonniers, des sociétés cotonnières qui pourront donc servir les marchés locaux en termes de matière première.
ARI- Expliquez le processus.
MCA – On va même entrer dans toutes les phases, même pilote. Commencer par sélectionner des variantes de coton biologiquement adaptées par pays. Les pays membres de FICOTA, parce que FICOTA n’est pas un projet du Cameroun, FICOTA est un projet continental…Il y a le Gabon qui s’intéresse déjà aussi à cultiver, il y a aussi des pays non membres de l’OIF qui sont aussi membre de FICOTA. Il y a l’Egypte qui est en train de nous encadrer en termes de semences., des variantes de coton avec lesquelles FICOTA a un partenariat. Il y a le sponsor qui est aux Etats-Unis, le Board, qui regarde déjà ce que fait FICOTA pour venir en accompagnement des technologies de cultivation du coton. Parce qu’il y a des méthodes de cultivation du coton pour augmenter la qualité de la rentabilité de la récolte. Aujourd’hui, c’est prématuré de dire que le Cameroun va fournir le coton au Rwanda, non. FICOTA va travailler avec les pays membres qui ont adhéré au programme accès au coton, négocier l’accès au coton. Là où on peut prendre le coton pour faciliter la transformation dans les pays qui sont prêts à mettre de usines pour transformer leur coton en fibre et en tissu, en teinture et maintenant en confection.
ARI- Ce processus va se faire au Rwanda ?
MCA – Le Rwanda est disposé pour le faire, pour l’industrie de la transformation quand bien même il ne produit pas le coton. Beaucoup de gens posent la question : Pourquoi, nous on ne produit pas le coton ? Ce n’est pas une raison pour avoir le complexe. Le Vietnam, c’est le plus grand pays de transformation de coton en textile. Le Cambodge, c’est par ailleurs, le Bengladesh. Ils ne produisent pas le coton. Mais on est prêt à produire notre coton en Afrique et aller faire la campagne partout là-bas pour qu’ils viennent acheter notre coton pour l’amener chez eux. Mais on peut produire ici et vendre ici. Donc, où est la distance entre le Rwanda et la Zambie, entre le Rwanda et le Gabon, entre le Rwanda et la RCA, entre le Rwanda et le Cameroun, entre le Rwanda et la Côte d’Ivoire, entre le Rwanda et le Sénégal ? C’est un avantage.
ARI-Votre industrie textile installée au Rwanda, apportera-t-elle des gains ?
MCA – Nous sommes très contents d’avoir le Rwanda comme exemple parce que nous sommes en admiration de la valorisation de la femme rwandaise. Elle est en plein dans le pouvoir dans son pays. Elle est en plein dans le cercle de confiance. Avec les quelques jours que je suis ici, nous sommes très motivés. Nous sommes sûrs qu’avec ce partenariat, FICOTA va gagner, l’OIF va gagner, le Rwanda va gagner et tout le continent va gagner à travers une industrie textile qui sera installée au Rwanda.
ARI- Les délais pour commencer ….
MCA – Je peux dire qu’avec une petite conversation que j’ai eue avec la Ministre du Commerce, j’ai l’impression que le Rwanda est très en avance dans la préoccupation, dans cette perspective. Comme je ne suis pas en interne, je ne peux pas donner une réponse exacte. Mais je sais qu’ils envisagent à court délai de rentrer dedans, et c’est pour cela que pour nous à FICOTA le timing est exact. Avec un partenariat, on va réfléchir ensemble avec eux pour voir quel moyen doit être mis à disposition pour que le projet devienne réel.
ARI- L’origine des fonds pour commencer l’industrie ?
MCA – Il y a les banques. Aujourd’hui, les banques doivent être des banques de développement. Et je crois que nous avons écouté la Banque de Kigali, la DG qui a bien parlé ici hier et qui nous a dit les dispositions que prend la BK pour admettre de nouveaux produits finançables, tant que c’est rentable. Et qu’elle a même l’ambition de s’implanter dans d’autres pays, dans la sous-région.
Et puis il y a aussi l’IFC, la banque Mondiale. La plupart des pays qui produisent le coton reçoivent les fonds des organismes bien structurés. Donc on ne va pas inventer la roue au niveau du Rwanda parce que ça se fait ailleurs. On va aussi essayer de faire comme ça se fait ailleurs. Et pourquoi pas améliorer pour que la matière première soit plus ccessible, plus facile auprès des acteurs locaux dans le cas du Rwanda.
ARI- Vous rentrez au Cameroun satisfaite de votre mission ?
MCA – Extrêmement satisfaite. Surtout parce que FICOTA a été paneliste à Libreville pour présenter les atouts du FICOTA, l’expérience déjà du Cameroun et l’expérience de coopter les autres pays au-delà du Cameroun dans ce concept. Et l’OIF a repris le projet de la chaîne de valeur du coton. Nous rentrons très satisfait, très fiers d’avoir tenu les défis et nous pensons aujourd’hui qu’avec des personnes plus fortes que nous, nous allons mieux faire. Et nous sommes vraiment content du soutien de l’OIF. (Fin)