Cheveux grisonnants, cet ancien réfugié rwandais au Burundi a passé son enfance dans la ville de Bujumbura et garde un bon souvenir de ce pays qui a accueilli sa famille durant les années d’exil. Nyirinkwaya est détenteur d’un doctorat en médicine. Tout le monde dans la ville de Kigali connaît ce médecin gynécologue. Vous demanderez où se trouve l’hôpital « Croix du Sud » – celui de Nyirinkwaya- aux chauffeurs de taxis-voiture, beaucoup auront du mal à situer l’endroit mais parler de l’hôpital « Chez Nyirinkwaya » le chauffeur vous y conduira les yeux fermés.
Sans fausse modestie le Dr Nyirinkwaya se plaint d’un mal dont rêveraient beaucoup d’hommes : La célébrité. « J’aimerais que les gens viennent ici en disant qu’ils se rendent à l’hôpital ‘Croix du Sud’ et non chez Nyirinkwaya. Cet hôpital est le leur, il est entièrement à leur service ».
Dr Nyirinkwaya a fait ses études primaires et secondaires au Burundi. Le certificat d’études secondaires en poche il s’envolera au Sénégal où il décrochera son doctorat en médicine et sa spécialisation en gynécologie en 1988. Il aura à parfaire ses connaissances en France quelques temps après.
Dr Nyirinkwaya a ouvert son hôpital “La Croix du Sud” le 15 octobre 1995 à Nyamirambo dans un bâtiment relativement petit qu’il louait aux Soeurs de la Congrégation Benebikira. « J’ai débuté avec seulement un crédit de 4 millions de francs rwandais ». Actuellement l’hôpital a déménagé à Remera –un quartier huppé de Kigali- dans un bâtiment plus spacieux et plus moderne.
Ce père de quatre enfants qui est très attaché à sa famille a un modèle : Son père. A la simple évocation de son souvenir sa voix s’emplit d’émotion. Son père, médecin aussi, « est le premier africain qui a ouvert un cabinet médical à Bujumbura », dit Dr Nyirinkwaya. Les Nyirinkwaya fils et père –son père s’appelait Augustin Nyirinkwaya- ont eu à beaucoup parler de la profession du père. Ce dernier expliqua à son fils qu’il a choisi le privé pour subvenir aux besoins de sa famille. Le fils a bien compris et retenu la leçon.
Si Nyirinkwaya est un gynécologue brillant et fort apprécié des femmes rwandaises, la gynécologie n’était pourtant pas son premier choix : « j’aimais beaucoup la chirurgie mais comme j’étais enclin à travailler dans le privé je ne voyais personne capable d’ouvrir un hôpital et y disposer un service de chirurgie ». Et d’ajouter : « Si j’avais étudié la chirurgie j’aurais été condamné à travailler pour l’Etat et peut-être me retrouver dans un hôpital au fin fond du pays ». Une éventualité qui, à l’époque, n’était pas pour enchanter le jeune Nyirinkwaya qui rêvait d’un travail en ville et dans le privé.
Le capital confiance
« Confiance », voilà un mot cher au Dr Nyirinkwaya. A ce mot il aime associer un autre : capital. Il estime que sans la confiance qu’il jouit auprès des gens il n’aurait jamais pu construire le beau hôpital “La Croix du Sud”. « Pour construire il me fallait des fonds, j’ai contacté des banques et c’est à partir de là que je me suis rendu compté d’un autre facteur ; que j’avais un capital confiance envers les gens. Les banques ont eu confiance en moi, ma famille a eu confiance à moi, mes fournisseurs, mes employés ont eu confiance en moi ». Et de conclure « Donc c’est le capital confiance aussi qui m’a permis d’arriver à ça ».
Dr Nyirinkwaya même si il est fier de sa vie et de ce qu’il en a fait, il affirme n’avoir qu’un seul regret : « Ne pas être rentré avec mon père. C’était un patriote qui nous transmis l’amour qu’il avait de son pays ». Son plus grand plaisir dans sa vie : « rentrer dans son pays en 1994 ». En parlant de son pays, le Rwanda, le Dr Nyirinkwaya se lève et commence montrer du restaurant de son hôpital en étages qui domine les maisons aux alentours : « Regarder comment Kigali devient de plus en plus beau… ». Pour Nyirinkwaya, rentrer au Rwanda lui a permis de réaliser un rêve que, dans son enfance en exil, il pensait impossible : « Avoir mon propre hôpital moderne ». Qui a dit chimère ?