By Rumenge Nt. Alain*
Les intellectuels congolais épris de paix et de concorde sociale demande au Nobel Dr Denis Mukwege d’être positif sur toute la ligne. Qu’il soit réparateur des femmes mais aussi de la conscience congolaise collective. Apparemment il a des lianes qui le ligotent sérieusement. Se sera-t-il englué dans les idées clichées portées par les négationnistes et révisionnistes du génocide des Tutsi du Rwanda et de la propagande savamment répandue autour du génocide des Congolais par l’AFDL/Alliance Démocratiques des Forces de Libération du Congo en route vers Kinshasa encadrée par les troupes rwandaises et ougandaises en 1996 ?
Réparateur des femmes
Ce n’est pas aussi facile d’écrire à propos d’un si grand homme, tellement qu’il est hautement perché, il y a de quoi se dire que le message ne lui dira absolument rien. Dr Denis Mukwege lauréat du Prix Nobel de la paix 2018 n’est pas n’importe quel homme en RD Congo.
Après ses études universitaires, son diplôme en poche, l’homme s’est résolu de rentrer travailler dans son Kivu natal. Sa carrière professionnelle se résume en *l’homme qui répare les femmes*. C’est vrai que cet obstétricien-gynécologue a fait un travail de titan en soignant les plaies et fistules traumatiques des femmes violentées par les forces négatives Mai-Mai et les FDLR rwandais qui essaiment la province du Sud-Kivu depuis environ 20 ans. L’homme est un prodige dans une RDC empêtrée par la corruption où il est quasiment difficile de trouver des hommes intègres capables d’être élevé à ces hautes dignités. Il est à ce titre donc, l’honneur même du pays de plus de 80 millions d’habitats. Pour ce faire, il mérite les encensements de tout un chacun.
Partialité d’un Nobélisé de la paix controversé
Lauréat du Prix Nobel de la paix 2018 déjà critiqué dans son propre fief, à cause de ses données statistiques manipulées et surestimées à dessein, à en croire l’un de ses agents. Dans un intéressant ouvrage intitulé « Une balle de plus dans le sexe féminin : Denis Mukwege l’autre face cachée, 198 pages, Anne CHIRUME (issue de sa propre tribu Shi et de la même communauté Bazibaziba) s’explique en fondant sa doute en ceci : « l’hôpital de Panzi, en donnant les effectifs, parle toujours d’à peu près x et avance toujours des chiffres ronds (40000, 50000,…), pendant qu’il existe tout un service de statistiques organisé en son sein, P.85 ».
Cependant, en sa qualité de prix Nobel de la paix, sur sa page Twitter en date du 26juillet2020, il a posté un message qui a fait couler beaucoup de salives et d’encres ces derniers jours. Et ceci en soutien sans réserve aux fausses informations concernant le bilan des échauffourées qui ont eu lieu dans la nuit du 16 au 17 juillet entre les Mai-Mai et le groupe d’autodéfense de Banyamulenge,Twirwaneho qui poursuivait leurs 400 vaches razziées à Kalingi quatre jours auparavant et amenées à Kipupu.
Il est aussi important de préciser ici que Kipupu, chef-lieu du secteur de l’Itombwe (Mwenga), était devenu et demeure jusqu’à ce jour une plaque tournante du commerce des vaches razziées dans les différents villages de Banyamulenge, et aussi Quartier général de la milice Mai-Mai de Mutetezi Ebuila.
Qualifiant les Twirwaneho de« Ces mêmes qui continuent à tuer en RDC. Les comptes de Kipupu sont dans la ligne droite des massacres qui frappent la RDC depuis 1996 ». Deux ou trois petites questions, mais intéressantes, viennent en tête de tout un chacun qui lit son twitter. Qui sont ces mêmes ? Pourquoi Kipupu et non 307 autres villages de Banyamulenge incendiés dans le même secteur d’Itombwe (territoire de Mwenga) ? Quelles intentions subjacentes à la liaison entre les évènements de Kipupu et ceux de 1996 et/ou du Rapport Mapping ?
Plusieurs réactions verbales et écrites ont été échangées sur les réseaux sociaux décriant ses propos d’un relent partial déconcertant et qualifiables des discourtois voire même discriminatoires. C’est vrai en sa qualité d’homme rare en RDC, il est ahurissant de l’entendre plaider la cause des hommes qui sont responsables de violentes mutilations des femmes. Les Twirwaneho avaient-ils perturbé les pourvoyeurs de ses clients qui lui ont permis d’avoir le prix Nobel de la paix ?
Depuis 2017 jusqu’à ce jour où nous accouchons ces lignes, ces miliciens Mai-Mai ont incendiés 307 villages, razziés plus de 130.000 vaches et tuées plus de 300 hommes, femmes et enfants Banyamulenge. Aucunement, on a entendu, ni vu le prix Nobel parler ni lever même le petit doigt. Humm nos morts font leurs bonheurs !
Les réactions faites sous les émois sont délibérées sous formes soit ; des lettres pastorales se référant aux saintes-écritures (Mukwege est aussi pasteur de l’héritage de son père), des notes moralisantes et parfois même d’angélisme comme si Dr. Mukwege Prix Nobel soit-il, dû se comporter avec pureté ou sainteté. Certaines n’y sont même pas aller de mains mortes. Il a reçu même des visites de courtoisie auxquelles il a réservé la poudre aux yeux d’une hypocrisie déconcertante, mais Oô ! Combien révélatrice.
D’ailleurs, en mars dernier, n’aurait-il pas soutenu l’organisation d’une conférence au sénat français sur :« L’Afrique des Grands Lacs, soixante ans de tragique instabilité » et réunissant plusieurs « spécialistes internationaux » dont les positions sont souvent taxées de révisionnisme, voire de négationnisme du génocide contre les Tutsis au Rwanda en 1994 ?
Le tristement célèbre Général La Fourcade qui commanda naguère l’opération turquoise a reconnu l’avoir rencontré il y a un an et demi, à Paris, à son retour de la remise du prix Nobel de la Paix, comme en témoigne le journal français La Croix ; et qu’il aurait exprimé sa reconnaissance pour l’opération Turquoise. Il aurait en outre dit-il demandé de l’aide pour déterrer le rapport Mapping, un document enterré par l’ONU. Ce que nous avons fait ajoute-t-il, avec son soutien, comme en témoigne la lettre qu’il nous a envoyée pour cette rencontre du 9 mars 2020, je cite. Ainsi, ne pas se leurrer les esprits devrait nous être impératifs.
Un jury du Prix Nobel étiquette le futur lauréat à partir de sa petite prouesse
Car, le jury du Nobel de la paix ne prend pas en compte le passé –parfois sulfureux– du vainqueur, mais bien son action valorisante lors de l’année écoulée. Le jury lui a même attribué certaines figures que le commun de mortel pourrait qualifier de scélérats. Du Sud-africain Frédéric Willem De Klerk, en passant par Yasser Arafat à Henry Kissinger (son prix avait même poussé un membre du Comité Nobel à démissionner), voire même de Barak Obama qui avait flingué plus tard le chef d’Al-Qaïda Ben Laden sur le territoire pakistanais. Koffi Annan, lui, l’a eu après que le génocide contre les Tutsis en 1994 au Rwanda ait été commis sous sa barbe.
La liste des Nobélisés est assez longue, mais ils ne sont pas des saints comme les 12 disciples connus de Jésus Christ. Rappelons-nous que Bashar al-Assad l’avait même réclamé !
Revenons cependant sur le cas qui nous concerne, à savoir l’engagement politique de notre « réparateur » des femmes violées et parcours semblable à celui d’un autre Prix Nobel de la paix, Aung San Suu Kyi, en Birmanie, et dont le silence complice face à la tragédie des Rohingya a révolté la conscience humaine.
Et le livre de notre sœur Anne CHIRUME qualifiant l’engagement politique du Dr Mukwege « d’une balle de plus, bien enfoncée, dans le sexe féminin »le décrit en ces termes très éloquents : « Qu’il daigne, en toute humilité, se contenter de faire bon usage de son bistouri et de laisser la politique aux seuls politiciens ». Et, d’ajouter « N’en déplaise à ses admirateurs, Denis n’a ni les qualités morales requises, ni les compétences encore moins la culture politique nécessaire pour prétendre assurer « la prise en charge médicale » de la RDC, que d’aucun reconnaissent malade ».
Toutefois, rappelons qu’Alfred Bernhard Nobel, lui-même inventaire de la dynamite, se ressaisissant en disant : « Le prix est accordé à celui qui aura agi le mieux pour la fraternisation des peuples, pour l’abolition ou la réduction des armées permanentes ». Est-ce le cas pour notre compatriote ? La réponse est d’emblée un non ! De quoi faire honte à sa co-lauréate, l’irakienne Nadia Murad, et surtout secouer dans sa tombe le fondateur du prix, le Suédois Alfred Bernhard Nobel.
Bien plus, Mukwege excelle dans l’art de la diversion. En fait, se sentant sérieusement critiqué pour avoir failli à l’essentielle mission d’un prix Nobel de la paix dans le problème de l’épuration ethnique en cours contre les Banyamulenge sur les Hauts Plateaux de Fizi, Mwenga et Uvira, le Dr Mukwege vient, comme en 2012, d’alerter ses parrains occidentaux que lui et les membres de sa famille sont victimes des menaces et intimidations. Il est allé même jusqu’à s’attacher le soutien d’un groupe de gens, bien connus au niveau national et régional pour leur moralité douteuse mais pour être au service des barbouzes étrangères, pour faire circuler une pétition en sa faveur.
On peut bien s’imaginer que notre prix Nobel de la paix a pu identifier cette nouvelle menace en se regardant probablement dans la glace. Et enfin, le Dr Mukwege peut-il réellement ignorer que ses déclarations partisanes et fausses accusations dans ses twitters représentent une grande menace pour la paix et la cohabitation pacifique entre les différentes ethnies au Sud-Kivu ?
Radicalisation-Victimisation
Le twitter de notre compatriote Nobélisé est assez révélatrice, avons-nous dit, d’une vraie prise de couleur de la radicalisation anti-tutsi. Elle sous-tend explicitement un soutien aux Mai-Mai dont le siège de leur quartier général est à Kipupu. C’est bien connu et merci que Mukwege vient de le témoigner à haute voix par ses actes comme il l’avait fait en soutenant la fameuse opération Turquoise.
Au fait, soutenir toute action anti-tutsi, funeste soit-elle, au Kivu et en RDC en général, est un geste en un tournemain pour un successible. Autrement dit, pas pour celui qui le veut, mais celui qui peut l’être.
Au fait, bien avant 2017, il n’y avait aucune vache à Kipupu. Et quand les Twirwaneho y sont allés dans la nuit du 16 au 17 juillet 2020, ils en ont récupéré des milliers. Les Mai-Mai ne sont pas – en aucun point – des éleveurs. Ils sont des carnivores, comme tous les êtres de l’espèce humaine et surtout un groupe criminel, mais pour eux, la vache égale à la viande et à l’argent de la prébende dont les FARDC (Forces Armées de la RDC) sont aussi largement bénéficiaires. Que le Dr Mukwege, l’unique Nobélisé de la RDC, compatisse avec ces criminels pour avoir razzié les vaches des Banyamulenge n’est donc pas une surprise au vu de ce qui vient d’être dit de lui.
A cet effet, faut-il rappeler à nos frères qui ont été touchés comme moi dans leurs forts intérieurs par l’attitude partisane du Dr. Mukwege, au-delà de son prix Nobel controversé, qu’il est important de retenir que ce dernier est avant tout un homme en chair et en os. Son myocarde bat, il est un muscle et non une pierre, donc malléable et affectueuse à dessein. Son cerveau raisonne mais son esprit est façonnable jusqu’à la radicalisation. La coterie tribalo-ethnique, Mukwege ne peut pas non plus y échapper comme la plupart des leaders d’opinions Sud-Kivutiens ou Kivutiens en général, imbus d’une haine viscéralement contagieuse et contre tout ce qui a trait aux Tutsis et explicitement tendant regrettablement à une transmission transgénérationnelle. Bref, primé plusieurs fois, Docteur et Pasteur en même temps, Mukwege est un « réparateur » des femmes fistuleuses, mais pas des esprits fraternisant.
Pour clore notre façon de voir les choses, disons que cet ancien diplômé en Etudes Supérieures de Techniques Médicales au Burundi et qui s’est ensuite spécialisé en « réparateur » des femmes violentées est un touche-à-tout. Il manie à la fois le bistouri et la politique.
De sa réparation des femmes, disons-le, que l’amour de l’argent qu’il engrange dans des projets générateurs des revenus financés par les ONG dites défenderesses de droits de l’homme lui a fait oublier le sermon d’Hippocrate. Car, ce gain malicieux a fait de sa mission un fonds de commerce. L’appétit venant en mangeant, dit-on, l’appât de la politique tente assurément notre compatriote. Et pour bien faire de la politique dans l’Est de la RDC plus particulièrement, le chemin le plus facile à emprunter depuis les années 80 semble être pour beaucoup de prophètes de malheurs celui de la radicalisation tous azimuts contre les Tutsis.
Décrier cette maximisation anti-tutsi devient un « crime de lèse-majesté » qui donne droit à la victimisation. Cette dernière prime-t-elle ? Humm, seuls les maestrias habitués des subtilités peuvent répondre à cette question ! (Fin).
* Rumenge Nt. Alain, Maître ès sciences en Santé Publique. Lecturer. Il est joignable à l’adresse e-mail Email : rummenigge1212@gmail.com Twitter : rumenge1.