Par Khalid Cherkaoui Semmouni, Ecrivain et militant en droits de l’homme
La Journée internationale des Femmes, le 08 Mars, est célébrée dans de nombreux pays à travers le monde. C’est un jour où les Femmes sont reconnues pour leurs réalisations, sans égard aux divisions, qu’elles soient nationales, ethniques, linguistiques, culturelles, économiques ou politiques.
Le Royaume du Maroc célèbre le 08 Mars de chaque année la Journée internationale de la Femme. C’est une journée qui met en avant la lutte pour les droits des femmes et notamment pour la réduction des inégalités par rapport aux hommes. Ce n’est qu’en 1977 que les Nations Unies officialisent la Journée, invitant tous les pays du monde à célébrer cette Journée en faveur des droits des Femmes.
C’est une journée de manifestations à travers le monde pour faire aboutir les revendications des femmes, améliorer la condition féminine et faire un bilan sur la situation des femmes dans la société. C’est une occasion, aussi, d’évaluer les acquis, de suivre les aspirations des femmes à l’avenir, de faire le point sur les réalisations passées, et surtout, de préparer l’avenir et les opportunités qui attendent les futures générations de femmes.
La société marocaine a-t-elle commencé à reconnaître les capacités et les compétences des femmes au sein de la société et des institutions ?
Personne ne pourrait contredire les progrès réalisés par la femme marocaine, grâce à ses efforts et ses ambitions qui lui ont permis d’occuper des postes de direction et d’imposer sa présence dans la société politique et civile, et en particulier au sein des partis politiques et des institutions représentatives (Parlement et Collectivités territoriales), en dépit des défis majeurs auxquels elle est confrontée et des traditions fossilisées qui font obstacle à sa carrière.
En effet, toute Marocaine a le droit d’être fière de ce qu’elle a pu atteindre. Elle a acquis des droits politiques et civils à travers différentes étapes historiques, qui sont consolidées ces dernières années grâce au militantisme de la société civile, mais aussi grâce à Sa Majesté le Roi Mohammed VI, car depuis son accession au Trône, il mène un processus remarquable de modernisme du statut de la femme marocaine ; comme il a souligné dans plusieurs discours la nécessité de promouvoir le rôle des femmes et d’ouvrir les perspectives de leur participation dans les centres de prise de décision et dans les institutions représentatives.
L’une des lois importantes en faveur des droits des femmes marocaines, le Code de la famille, annoncé en 2003 et qui est l’une des premières initiatives d’adoption de leurs droits, quatre ans après l’accession de SM le Roi au Trône. Cette loi était considérée comme “Une révolution sociale et législative”.
Sans oublier de saluer les multiples réformes initiées par le Maroc en vue de promouvoir les droits de la femme et d’œuvrer pour son autonomisation, en citant le Code de la nationalité, la scolarisation des filles, l’accès des femmes aux postes de décision, l’adoption de l’approche genre dans tous les domaines et des programmes de lutte contre la violence à l’égard des femmes, la ratification de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et la levée des réserves la concernant, ainsi que l’institution de l’égalité et de la parité et la lutte contre toutes les formes de discrimination dans la Constitution de 2011.
Ce processus est couronné en 2017 par la décision de SM le Roi de charger le ministre de la Justice, d’ouvrir aux femmes la profession d’adoul, et de prendre les mesures nécessaires pour réaliser cet objectif. Cette décision confirme bien le haut niveau de formation, de culture scientifique, et de qualification acquis par la femme, ainsi que la compétence et la capacité dont elle a fait preuve dans les différentes hautes fonctions qu’elle a assumées.
Mais, malgré ces réformes remarquables, nous constatons encore, l’exclusion des femmes du processus de développement social, surtout les femmes en milieu rural, et une présence modeste de la femme, aussi bien dans les postes de prise de décision, ou dans les institutions représentatives (Parlement et collectivités territoriales), ou dans les partis politiques.
Cette réalité incompatible au statut avancé de la femme, comme nous l’avons constaté, est liée à la nature de la société et au degré du développement humain. La mentalité masculine prévaut toujours, donnant la priorité aux hommes en tant que leaders sociaux et politiques et en tant qu’individus ayant des capacités plus fortes que les femmes pour gérer les affaires publiques et d’occuper des postes de direction. Aussi, la pauvreté et la marginalisation sont parmi les facteurs qui pourraient retarder l’évolution des femmes.
Par ailleurs, l’accès des femmes aux postes de décision ou aux institutions représentatives est parfois très difficile et complexe, malgré la rhétorique selon laquelle les partis politiques soutiennent cette question, qui reste parmi les défis les plus majeurs confrontés aujourd’hui par la femme marocaine. C’est un indicateur du degré d’égalité entre les sexes.
D’autre part, les statistiques officielles montrent que les femmes continuent à souffrir de l’analphabétisme et du chômage, beaucoup plus que les hommes, et de leur faible intégration dans la sphère économique. La participation des femmes aux postes de «leadership» et de prise de décision est également faible.
Nous constatons également que parmi les principaux objectifs du développement durable, celui d’atteindre la parité totale entre les hommes et les femmes au niveau des droits de citoyenneté, l’autonomie des femmes et leur contribution pleine et équitable dans toutes les activités politiques, notamment en contribuant aux décisions et en participant à la gestion des affaires publiques aux côtés des hommes. Une condition préalable à la réalisation du principe d’égalité.
Enfin, et en commémorant la Journée internationale des Femmes , nous pouvons souligner l’importance de promouvoir leurs droits, surtout le droit à l’égalité avec les hommes, et de changer les concepts traditionnels dans la société les concernant, en soumettant ces concepts à la critique objective et constructive, à savoir que le progrès du Maroc serait incomplet sans la participation réelle et efficace de femme marocaine dans les institutions administratives et politiques , et aussi dans la gestion des affaires publiques aux côtés des hommes . (Fin)