Un survivant d’Ebola travaille dans une crèche à Butembo, dans l’est de la RDC (août 2019).
Alors que le 1000e vainqueur du virus Ebola rentre chez lui, les agences des Nations Unies qui luttent contre l’épidémie d’Ebola en République démocratique du Congo (RDC) ont salué vendredi le leadership des autorités sanitaires et les efforts de milliers d’agents de santé et de partenaires locaux, qui ont permis à 1.000 personnes de survivre à la maladie.
« Au début je pensais que je ne survivrais pas, mais maintenant que je suis guérie, je veux retourner dans ma communauté et leur dire de se faire soigner rapidement s’ils sont touchés. On peut réellement survivre », a déclaré Kavira, une jeune Congolaise à qui le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a remis son certificat de survivante d’Ebola.
L’épidémie, déclarée le 1er août 2018, a débuté dans le Nord-Kivu et s’est depuis étendue dans les provinces de l’Ituri et du Sud-Kivu. Actuellement, la transmission active d’Ebola est confinée à l’Ituri. L’épidémie évolue dans un environnement extrêmement complexe, caractérisé par de faibles infrastructures de santé, l’instabilité politique, l’insécurité, la méfiance et la résistance des communautés et les conflits en cours impliquant de nombreux groupes armés.
Grâce à une approche intégrée à l’échelle du système, les Nations Unies ont intensifié leurs efforts en mai pour soutenir l’action menée par le gouvernement congolais dans les domaines de la santé publique, de l’assistance aux communautés affectées par le virus Ebola, de l’engagement politique, de la sécurité et du renforcement de la gestion financière.
Les survivants contribuent à la riposte
« Chaque vainqueur nous donne une raison et une motivation supplémentaire pour continuer à renforcer notre combat contre Ebola, mais chaque vainqueur nous rappelle également qu’il y a des vies que nous n’avons pas pu sauver », a déclaré David Gressly, Coordinateur de la réponse d’urgence à Ebola.
« Nous devons continuer à renforcer la sécurité pour assurer que les équipes de santé et les populations puissent circuler librement. Nous devons redoubler d’efforts pour donner aux communautés les moyens de faire partie intégrante de la riposte. Nous ne pouvons gagner la bataille contre cette épidémie sans le soutien total du peuple congolais. Nous avons vu comment l’acceptation de la population de villes comme Rwangoma ou Mabolio a entraîné une réduction rapide du nombre de cas d’Ebola dans cette région », a-t-il ajouté.
Sous la direction de l’UNICEF, avec le soutien de partenaires internationaux, des milliers d’intervenants congolais, issus des communautés touchées, s’engagent auprès des dirigeants communautaires et religieux, des médias et des vainqueurs d’Ebola pour apporter des connaissances essentielles sur les symptômes, la prévention et la décontamination des ménages et sur les communautés à risque.
Les enfants sont parmi les plus vulnérables parmi les communautés car non seulement ils risquent de contracter le virus, mais ils sont également affectés s’ils perdent leurs parents ou si les écoles sont fermées. L’ONG Save the Children et d’autres organisations sensibilisent les enfants à la prévention sur le virus Ebola par le biais de campagnes adaptées aux enfants dans les écoles et les groupes de jeunes. Une part importante de ce travail consiste à écouter et à répondre à leurs préoccupations pressantes, en particulier dans les zones où Ebola n’est souvent pas perçu comme étant une priorité.
« Lorsque les vainqueurs disent aux communautés qu’ils sont en vie aujourd’hui parce qu’ils ont été pris en charge à temps, les gens les croient et recherchent l’aide dont ils ont besoin plus tôt. Les survivants sont devenus un élément crucial pour gagner la confiance de la communauté et l’acceptation nécessaire pour vaincre cette épidémie », a déclaré Edouard Beigbeder, Représentant de l’UNICEF en RDC. « En même temps, après avoir connu la maladie, ils peuvent offrir aux patients et aux membres de leur famille un niveau de soutien et de compassion particulièrement significatif ».
De nouveaux outils pour lutter contre le virus
Bien qu’il s’agisse de l’épidémie d’Ebola la plus longue et la plus meurtrière que la RDC ait connue, de nouveaux outils sont maintenant disponibles pour aider à stopper le virus et sauver des vies. Un vaccin, dont l’efficacité a été établie à 97,5%, a protégé plus de 226.000 personnes. De nouveaux traitements, qui, d’après les résultats d’études récentes, peuvent sauver plus de 90% des personnes qui se font traiter en début de leur maladie, améliorent le taux de survie des personnes infectées par le virus Ebola.
« Nous avons les outils, les vaccins et les traitements, mais il nous faut continuer à trouver et à soutenir toutes les personnes qui ont été en contact avec une personne infectée par le virus Ebola », a déclaré le Dr Ibrahima Socé Fall, Directeur général adjoint de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour les interventions d’urgence. « Survivre à cette maladie consiste à faire confiance aux équipes de la riposte – traceurs de contacts, équipes de décontamination, équipes des enterrements, vaccinateurs, personnel du centre de traitement Ebola – qui travaillent sans relâche pour protéger les personnes contre ce virus ».
Sept centres de traitement Ebola et plusieurs centres de transit ont pris en charge des personnes dans les nombreuses régions touchées par Ebola, permettant ainsi à ceux qui se font traiter de survivre.
Au cours de cette épidémie, le type et le niveau de soins ont été révolutionnés par des approches novatrices telles que le « cube Ebola » d’ALIMA et par l’inclusion des vainqueurs en tant que « gardes malades » s’occupant d’autres personnes infectées. Les partenaires qui gèrent les centres de traitement et de transit Ebola sont notamment : ALIMA, International Medical Corps, et Medair entre autres.
Dans le cadre de la réponse d’urgence, le Programme alimentaire mondial (PAM) fournit de la nourriture aux survivants d’Ebola et aux personnes potentiellement porteuses du virus. Ainsi, ils n’ont pas à quitter leur foyer pour acheter de la nourriture et peuvent donc facilement être surveillés s’ils développent des symptômes.
Le PAM fournit également des services logistiques essentiels et un appui opérationnel aux partenaires des équipes d’intervention médicale, ce qui permet aux intervenants d’atteindre rapidement les zones d’épidémie nouvelles ou éloignées.
« C’est évidemment une fête lorsque des patients guéris rentrent chez eux après avoir survécu à Ebola ; ils se sentent renaître. Je ne saurais comment décrire leur gratitude envers cette aide, d’autant plus lorsqu’ils apprennent que l’aide alimentaire les accompagnera un an pour se remettre sur pied », a déclaré Susana Rico, Coordinatrice des interventions d’urgence du PAM à Goma.
«Cette célébration doit également nous motiver à poursuivre la lutte contre le virus Ebola et à sauver de nombreuses autres vies en encourageant les communautés à alerter sur les cas potentiels pour qu’elles puissent se faire soigner à temps. Ce sont nos priorités », a-t-elle ajouté. (Fin)