Kigali: La tendance à la baisse se poursuit dans le combat contre Ebola en République démocratique du Congo (RDC) et le nombre de cas a diminué chaque semaine, au cours des cinq dernières semaines, selon le dernier bulletin épidémiologique de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), publié jeudi 24 octobre.
«Le nombre de cas confirmés d’Ebola reste relativement faible cette semaine, avec 21 nouveaux cas confirmés signalés dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri pendant la semaine épidémiologique du 14 au 20 octobre», a relevé l’OMS.
Sur cette vingtaine de malades, Biakato, dans la zone sanitaire de Mandima, a signalé près de la moitié de nouveaux cas confirmés au cours de la dernière semaine (11) et avait des liens avec la majorité des cas (16).
Toutefois, l’OMS note que le déplacement de 5 cas exposés dans l’aire de santé des mines de Biakato, mais détectés en dehors de la zone, «a posé des problèmes opérationnels aux équipes sur le terrain».
«Le déplacement des cas, bien que symptomatique, augmente non seulement le risque de propagation de la maladie dans des zones géographiques non affectées et déjà nettoyées, mais il entrave également les enquêtes en temps opportun, la recherche des contacts et les mesures d’intervention mises en œuvre pour limiter le risque de transmission», a fait valoir l’agence onusienne basée à Genève.
L’épidémie d’Ebola en cours en RDC a fait 2.174 morts
Dans ces conditions, le déploiement d’un appui supplémentaire à l’aire de santé des mines de Biakato a permis d’améliorer les efforts d’intervention au cours de la semaine dernière. La proportion des cas confirmés répertoriés comme contacts est ainsi passée de 13% à 57%. De même, au cours de la dernière semaine, il y a eu une augmentation de 47% à 90% des cas confirmés ayant un lien épidémiologique connu avec un cas.
«Néanmoins, ces deux indicateurs sont inférieurs au niveau que nous visons à ce stade», a tempéré l’OMS, non sans rappeler la priorité dans ces régions, d’un renforcement continu de la surveillance communautaire et des alertes provenant des établissements sanitaires pour détecter rapidement les poussées, au fur et à mesure que l’incidence des cas diminue.
Au cours des 21 jours écoulés entre le 2 et le 22 octobre, 50 cas confirmés ont été signalés dans huit zones sanitaires actives des provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri essentiellement celles de Mandima avec plus de la moitié des cas (26), Mambasa (6) et Mabalako (5). La principale zone métropolitaine de la ville de Butembo, comprenant les zones sanitaires de Katwa et de Butembo, qui a signalé près de 1.000 cas à ce jour, a récemment été libérée après 21 jours sans nouveaux cas détectés.
Déclarée le 1er août 2018 à Mangina, l’épidémie d’Ebola en cours en RDC a fait 2.174 cas mortels, avec un taux de létalité global de 67%. A la date du 22 octobre 2019, 3.250 cas de maladie à virus Ebola au total avaient été signalés – 3133 cas confirmés et 117 cas probables. Sur le total des cas confirmés et probables, plus de la moitié (1.827) étaient des femmes, environ un tiers (921) étaient des enfants de moins de 18 ans alors que 5% (163) étaient des agents de santé.
Ebola reste une urgence mondiale
Mais ces tendances encourageantes doivent être interprétées avec prudence, a relevé l’OMS, insistant sur la complexité et l’instabilité de la situation dans cette région. D’autant que si cette étape importante a mis en lumière les progrès réalisés dans l’intervention, le déplacement des cas vers des zones de santé préalablement nettoyées peut rapidement entraîner «une résurgence de la maladie».
La détection de cas à Mabalako, tous liés aux mines de Biakato, après n’avoir pas signalé un cas confirmé pendant 33 jours, en est un exemple. Pour atténuer le risque de transmission ultérieure, l’OMS estime qu’il est essentiel d’assurer l’accès communautaire et la pleine disponibilité opérationnelle dans les zones de santé nettoyées et les communautés stratégiques à risque.
L’OMS avait déclaré la semaine dernière que l’épidémie d’Ebola en cours en RDC restait une «urgence» sanitaire mondiale, à l’issue d’une réunion de son comité d’urgence à Genève. L’agence onusienne, qui avait déclaré l’épidémie en urgence sanitaire mondiale le 17 juillet, était tenue de réévaluer la situation dans un délai de trois mois.
«L’urgence de santé publique sera maintenue pendant trois mois supplémentaires» et «le comité d’urgence sera reconvoqué dans trois mois», avait indiqué le Directeur général de l’OMS, Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d’une conférence de presse vendredi dernier à Genève. (Fin)