Jemima, une survivante d’Ebola, prend soin de Joshua, âgé de 6 mois, dans une crèche soutenue par l’UNICEF à Beni, dans l’est de la RDC.
Kigali: Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) entend tripler son budget pour faire face à « la crise complexe » de l’épidémie d’Ebola qui sévit en République démocratique du Congo (RDC).
Dans ce budget prévisionnel et provisoire, l’Agence onusienne prévoit environ 70 millions de dollars pour des activités de contrôle des épidémies (Ebola, rougeole et autres), 30 millions pour renforcer les capacités des communautés dans les zones à risque et 70 millions pour fournir des services essentiels aux populations locales.
Au total, ce budget passerait ainsi de 50 millions à près de 170 millions de dollars.
« Ce nouveau plan de réponse stratégique comprend à la fois une intensification de la réponse de santé publique et un programme complet pour répondre aux besoins humanitaires et sociaux aigus », a déclaré Jérôme Pfaffmann, spécialiste de la santé à l’UNICEF, qui rentre de son troisième déploiement au nord-est de la RDC.
Selon l’Agence onusienne, la réponse à Ebola est beaucoup plus complexe car elle se situe dans une zone de conflit actif. Les habitants du Nord-Kivu et de l’Ituri sont confrontés à la fois à une urgence de santé publique et à une crise humanitaire.
« Quand cela a commencé, je ne pensais pas devoir me présenter devant vous aujourd’hui pour demander davantage de soutien. À plusieurs reprises, nous étions sur le point de maîtriser cette épidémie. Ou alors nous l’avons pensé », a ajouté M. Pfaffmann.
« Nous sommes à deux jours du premier anniversaire du début de cette épidémie d’Ebola. Ceci est un avertissement. Il ne doit pas y avoir de deuxième anniversaire d’Ebola », a-t-il indiqué.
Une situation rendue complexe aussi par le fait que les deux provinces touchées par Ebola font également face à une importante épidémie de rougeole. De plus, « En Ituri, environ la moitié des établissements de santé ont été endommagés ou détruits lors des combats de ces deux dernières années. Il y a un déplacement de masse », a insisté M. Pfaffmann.
Les enfants particulièrement touchés par Ebola
Ce combat contre Ebola ne doit pas faire oublier les autres urgences humanitaires. C’est dans ce contexte que l’Agence a d’ailleurs terminé sa première campagne de vaccination dans la capitale de la province, Bunia, où plus de 40.000 enfants ont été vaccinés contre la rougeole. « Mais nous devons vacciner beaucoup plus d’enfants, contre toute une gamme de maladies, afin de les protéger de tous les risques de santé publique auxquels ils sont exposés », a plaidé Jérôme Pfaffmann.
Pour continuer à lutter contre l’épidémie, l’UNICEF insiste sur son approche communautaire.
« Nous ne pourrons vaincre cette crise que si les communautés sont pleinement mobilisées », a fait remarquer le spécialiste de la santé. Selon l’Agence onusienne, les communautés locales sont les mieux à même de faire ce qu’il faut pour freiner la propagation de la maladie, notamment dans la recherche des contacts, la décontamination des ménages, mais aussi pour des sépultures sûres et dignes.
Depuis le début de l’épidémie, en août 2018, le cumul des cas est de 2.671, dont 2.577 confirmés et 94 probables. Au total, il y a eu 1.790 décès dont 1.696 confirmés et 94 probables.
A la date du 28 juillet, l’UNICEF a comptabilisé sur ces 2.671 cas confirmés, plus de 700 enfants dont la moitié (57%) d’entre eux sont âgés de moins de 5 ans.
« Cette proportion d’enfants touchés par une épidémie d’Ebola est sans précédent », a souligné M. Pfaffmann.
« Douze nouveaux cas confirmés ont été signalés le jour de mon départ de la RDC », a-t-il expliqué. Cinq étaient en vie et pourraient avoir accès à un traitement, mais sept étaient décédés.
« Ce nombre de décès dans la communauté signifie que nous ne sommes pas en avance sur l’épidémie », a regretté le spécialiste de la santé qui rappelle toutefois que les équipes de riposte et les communautés luttent sans relâche contre l’épidémie. « Mais nous avons désespérément besoin de la communauté internationale pour nous soutenir », a conclu M. Pfaffmann. (Fin)