Des personnes évacuées de Goma en raison du danger d’une nouvelle éruption volcanique arrivent à Sake, dans la province du Nord-Kivu en RD Congo.
Quelque 350.000 personnes ont un besoin urgent d’aide humanitaire à Goma, en République démocratique du Congo (RDC) suite à l’éruption le 22 mai dernier du volcan Nyiragongo, a affirmé le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).
Face à ces besoins urgents, les Nations Unies et leurs partenaires soutiennent les autorités congolaises dans la mobilisation et l’aide apportée aux victimes.
L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a commencé à aider les personnes qui avaient suivi l’ordre d’évacuation et dès après l’arrivée des déplacés dans la ville de Sake, à l’ouest de Goma. Sur place, le HCR évalue actuellement les besoins dans d’autres régions.
Depuis le 28 mai, le HCR aide les populations déplacées en fournissant des abris collectifs pour décongestionner les écoles et les églises. Il continue néanmoins de travailler à Sake, en se concentrant maintenant sur la construction d’un site qui permettra aux déplacés de quitter les écoles et les églises, ainsi qu’aux enfants de retourner en classe.
L’assistance porte également sur des articles de première nécessité tels que des bâches, des couvertures et des kits d’hygiène.
Près 450.000 personnes ont fui Goma, la plupart des femmes
« Cette aide a été fournie dans le cadre des efforts continus de la communauté internationale, mais elle ne suffit pas à couvrir tous les besoins », a déclaré Jackie Keegan, la Cheffe du bureau du HCR à Goma, lors d’une conférence de presse virtuelle depuis Goma.
En attendant, les évaluations sur le terrain montrent que les abris, l’eau et la nourriture sont les besoins les plus urgents.
Malgré un timide mouvement de retour des populations observé à Goma depuis lundi, le HCR estime que près 450.000 personnes ont fui la ville.
Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), près de la moitié des déplacés qui ont fui Goma sont des mineurs.
« Les équipes de l’OIM, qui ont parlé à 5.000 personnes dans la zone touchée, rapportent qu’environ 47 % des personnes en déplacement ont moins de 18 ans et qu’environ 58 % sont des femmes », a déclaré lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève, Paul Dillon, porte-parole de l’OIM à Genève.
Sur la base de milliers d’évaluations individuelles effectuées par la matrice de suivi des déplacements, l’OIM note que 86% des personnes déplacées, soit 114.000 personnes, se sont déplacées vers Masisi, alors que 77.000 autres se sont rendues à Rutshuru et environ 52.000 personnes ont traversé la frontière du Rwanda.
L’accès à l’eau et la crainte du choléra
Selon le HCR, la plupart des personnes déplacées sont actuellement hébergées par des familles d’accueil, tandis que d’autres sont logées dans des églises et des écoles surpeuplées.
La question de l’accès à l’eau potable, avec les risques d’épidémie liés, s’avère particulièrement urgente, selon les organismes humanitaires opérant dans la région.
« Selon le médecin chef de Zone (MCZ) de Kirotshe, 35 cas suspects de choléra ont été identifiés dans la zone de santé de Kirotshe », a indiqué hier lundi, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) dans son dernier bulletin humanitaire.
Le même document note que le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a fait état d’une augmentation rapide des cas suspects depuis le 29 mai dans l’aire de santé de Sake, enregistrant « 18 cas suspects en deux jours ».
Face aux flux des populations entre Goma et Sake, les acteurs humanitaires se mobilisent pour prévenir une flambée épidémique dans la région.
L’UNICEF a ainsi mis en place 10 points d’eau et installé 12 points de chloration à Sake et plus de 55 autres points de chloration manuelle ont été installés sur l’axe Sake-Minova.
2 millions de personnes déjà déplacées au Nord-Kivu
Par ailleurs, le bulletin humanitaire d’OCHA souligne que l’Observatoire Volcanologique de Goma (OVG) a annoncé lundi 31 mai que la possibilité d’une éruption à terre ou sous le lac n’est pas encore exclue et a recommandé à la population de rester à l’écart des coulées de lave.
« Les autorités provinciales du Nord-Kivu ont également demandé à la population de rester vigilante et d’observer strictement les mesures arrêtées », a fait remarquer l’Agence onusienne dans sa dernière mise à jour humanitaire.
D’un autre côté, le HCR se remet également au travail sur les urgences liées au conflit dans le Nord-Kivu, notamment en répondant aux récentes attaques des rebelles ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF).
L’objectif est de planifier une distribution d’aide aux personnes déplacées par le conflit dans le territoire de Masisi. Cette assistance a été interrompue par l’effondrement d’une route la semaine précédant le volcan et par les évacuations de personnel humanitaire.
« Les défis dans la province du Nord-Kivu étaient déjà énormes avant ce dernier déplacement, car les conflits et la violence ont déraciné plus de 2 millions de personnes dans la province, dont 450.000 rien que cette année », a rappelé la cheffe du bureau du HCR à Goma. (Fin)