Le président du Senat dépose une gerbe de fleur au mémorial de Rebero où sont inhumés 12 politiciens
Le Rwanda a clos ce mardi 13 avril la semaine de deuil national commémorant le génocide des Tutsis de 1994, par une cérémonie en mémoire des hommes et femmes politiques tués durant cette période.
La cérémonie s’est déroulée sur le site mémorial du génocide de Rebero où sont inhumés 12 politiciens qui étaient des dirigeants au sein des partis politiques PL(Parti Liberal), PSD (Parti Social-Démocrate) et MDR(Mouvement Démocratique Républicain) tués en 1994 pour s’être opposés au génocide. Il s’agit pour la plupart d’opposants hutus au régime de l’époque.
En procédant à la clôture de la semaine de deuil, le président du Sénat Augustin Iyamuremye a déclaré que la communauté internationale a abandonné le Rwanda lorsque les Tutsi étaient massacrés pendant le génocide, et que les pays devraient cesser d’être liés sur les erreurs qu’ils ont commises et plutôt contribuer à poursuivre les auteurs du génocide sur leurs territoires respectifs.
Il a dit que l’on ne comprend pas comment en 1994 certains pays se sont opposés à l’utilisation du terme génocide pour décrire ce qui se passait au Rwanda, et que ces pays, jusqu’à présent, continuent de réviser une telle histoire.
«Surtout, il y en a ce qui se sont opposés à la reconnaissance du génocide par les Nations Unies, ce qui nous a conduit à ne pas être sauvés des mains des tueurs. Cependant, aujourd’hui, les gens n’ont pas la honte de réviser l’histoire du génocide contre les Tutsi en lui donnant d’autres appellations inutiles. Ces pays devraient cesser de s’en tenir aux erreurs qu’ils ont commises et plutôt faire en sorte que les auteurs du génocide qui se trouvent sur leurs territoires soient poursuivis », a-t-il déclaré.
Il a ajouté que «les représentants de leurs pays au Rwanda ont fait un communiqué soutenant que la CDR pourrait être incorporée dans le gouvernement intérimaire. Le 5 avril 1994 aux Nations Unies, le Conseil de sécurité a tenu une session avec un membre du parti extrémiste CDR qui représentait le Rwanda. Ils ont adopté la Résolution 909 qui stipule que si les deux parties ne parviennent pas à un accord, les Casques bleus partiront dans six mois ».
Augustin Iyamuremye a dit que c’était un message selon lequel la communauté internationale abandonnait le Rwanda. Le président du Sénat a déclaré qu’il était important de commémorer ces politiciens qui se sont distancés de la politique de haine et de génocide, sachant que leurs vies étaient en danger. Il a cependant salué le fait que la communauté internationale ait établi et célèbre la Journée Internationale de Réflexion sur le Génocide contre les Tutsi.
Jean Damascène Bizimana, Secrétaire Exécutif de la CNLG, a rappelé la mauvaise politique qui a conduit au génocide
Jean Damascène Bizimana, Secrétaire Exécutif de la Commission Nationale de Lutte contre le Génocide (CNLG) a rappelé la mauvaise politique qui a conduit le pays au génocide perpétré contre les Tutsi. Il a expliqué que le génocide contre les Tutsi était un complot instrumenté et exécuté par le mauvais régime du président Habyarimana.
Jean Damascène Bizimana a déclaré que le complot génocidaire avait été orchestré par de mauvais politiciens et des partis politiques qui ont incité à la haine, y compris le MRND, qui a utilisé les institutions gouvernementales pour la propagande haineuse contre les Tutsi.
Entre autres exemples, il a donné celui de 1992, lorsque le Dr Léon Mugesera, à Kabaya, a appelé à l’extermination des Tutsi. Ensuite, Mathieu Ngirumpatse, qui était le secrétaire général du parti au pouvoir, le MRND, a fait valoir que Mugesera ne serait pas poursuivi parce qu’il n’avait commis aucun crime. Jean Damascène Bizimana a expliqué que ce qui continue d’être choquant, c’est qu’il y a tant de soi-disant politiciens à l’étranger qui n’ont tiré aucune leçon de la tragédie ».
L’événement a également été honoré par le président de la Chambre des députés, Donatille Mukabalisa; le président de la Cour Suprême du Rwanda, Dr Faustin Nteziryayo; le Premier Ministre du Rwanda, Edouard Ngirente; et le président de la principale association des rescapés du génocide-IBUKA.
Au cours de cette semaine commémorative, qui avait été ouverte le 7 Avril par un discours du président Paul Kagame, les drapeaux étaient restés en berne, les mariages et autres festivités étaient interdits.
Dans la cadre de cette 27e commémoration du génocide des Tutsi, des cérémonies ont également été organisées dans toutes les missions diplomatiques rwandaises à travers le monde, notamment aux Nations unies. (Fin)