Une vue partielle des apprenants
Gakoni (Kiramuruzi): Delphine Nibarere, 21 ans, est une jeune fille originaire de Kansi, district de Gisagara au Sud du pays. Valence Iradukunda, 24 ans, est un jeune de Bugarama, district de Gisagara, en Province de l’Ouest. Ces deux ont en commun la maladie du diabète.
Raison pour laquelle ils sont dans le Centre de Gakoni fondé par François Gishoma à des fins d’organiser des formations pour dispenser des connaissances destinées à aider les jeunes atteints de diabète à vivre avec cette maladie.
Nibarere et Iradukunda font partie du premier contingent de 74 jeunes envoyés par divers hôpitaux du pays pour suivre la formation durant une semaine, du 16 au 22 Juillet. Il est prévu d’organiser cette année six camps du genre dans le pays. L’Association Rwandaise des Diabétiques (ARD) ou Rwanda Diabetics Association (RDA) est appuyé dans cette action par RBC (Rwanda Biomedical Center), WDF World Diabetes Foundation), LFAC (Life For Child), Insuline Zum Leten, et Rwanda NCD Alliance (Rwanda Non Communicable Diseases Alliance).
Le site de Gakoni qui accueille ces jeunes est situé dans le Secteur Kiziguro, district de Gatsibo. Il surplombe le Lac Muhazi. Il a une vue agréable qui permet à ces jeunes de se détendre tout en apprenant des leçons capitales pour se maintenir en vie.
Chaque cas de diabète pour chacun des jeunes approchés est une histoire à part. Une expérience individuelle avec un contexte particulier. Le diagnostic du diabète pour les jeunes a pris du temps pour chacun. Mais quand le médecin trouve la maladie, c’est un réel soulagement, car on ne sait du moins quels médicaments et quelles précautions prendre pour se maintenir en vie.
C’est ici que l’itinéraire de chaque jeune diabétique constitue un témoignage pour instruire d’autres jeunes et le public en général.
le formateur Mbonyi en train d’animer la séance
Nibarere était au Tronc Commun à Kansi. Son état de santé intriguait les éducateurs. Car, elle ne guérissait pas rapidement pour suivre le rythme des autres élèves dans leur exercice quotidien. Transférée dans un hôpital du district, un médecin diagnostiquera chez elle le diabète, et lui prescrira des médicaments et un régime à observer. Ce fut le début d’un espoir. Car, les médicaments prescrits, le régime alimentaire recommandé, et les conseils donnés, ont permis à Niberere de retourner sur le banc de l’école et terminer tout le cycle du secondaire, même si ses résultats n’ont pas été performants pour bénéficier d’une bourse du Gouvernement.
Iradukunda, lui, a interrompu sa scolarité alors qu’il était en 5eme année du secondaire. Sa santé a commencé à décliner quand il a perdu sa mère, et que le père a abandonné les orphelins pour aller vivre ailleurs avec une nouvelle épouse.
La vie dure, la faim, l’absence de nourriture et d’un régime alimentaire adéquat peuvent avoir été la cause du diabète de Iradukunda. Un jour, il tombe en syncope et il est conduit à l’hôpital où on le réanime. Les examens confirment le diabète. Les médicaments et les conseils donnés ont permis à Iradukunda de s’assumer et de savoir vivre avec le diabète.
« Je dois construire ma vie. Je sais me prendre en charge. Je vis dans une maison que je loue. Je prends un régime alimentaire. Je vis avec mon diabète. La formation reçue à Gakoni me réconforte et m’aide à mener une vie normale tout en travaillant. Les jeunes que j’ai rencontrés à Gakoni m’ont montré que je ne suis pas seul. Notre échange d’expériences m’apprend beaucoup et me maintient solidaire avec le groupe. Il y a de l’espoir dans ma vie dans la communauté », dit-il.
Pour le formateur du groupe, Paul Mbonyi de RDA, l’objectif de l’atelier est d’aider ces jeunes à accepter leur diabète et à bien vivre avec la maladie.
L’apprenanante Delphine Nibarere et l’apprenant Valence Iradukunda
« L’atelier montre que l’on peut vivre avec son diabète tout au long de la vie, tout en exerçant sa vie professionnelle correctement. On peut fonder son foyer et avoir des enfants. L’essentiel est de savoir se soigner soi-même. Car, le diabétique est le premier médecin de soi-même. L’atelier donne des directives pour que le diabète ne s’aggrave pas pour emporter la vie du patient. L’autre aspect de la formation est la santé sexuelle et reproductive, y compris la protection contre le VIH/Sida. Ce sont des jeunes qui doivent éviter l’usage des drogues. Ils doivent trouver des réponses en eux-mes, initier des projets à revenu pour vivre autosuffisants », indique-t-il.
Le campus organise en fin des séances des divertissements pour créer plus de convivialité et d’espoir en l’avenir. L’individu ne doit pas vivre isolé. Car, il appartient à la communautaire. Ainsi, l’on doit chasser les préjugés selon lesquels le diabétique ne peut pas avoir d’enfant ou ne peut faire des rapports sexuels.
En guise de message, Paul Mbonyi fait remarquer que le diabète, surtout le diabète de type un est une maladie qui ne guérit pas, et que l’on doit porter toute la vie. C’est ce diabète dont souffrent les jeunes du camp de Gakoni. L’on dispose heureusement de médicaments pour garder la quantité nécessaire de sucre dans l’organisme. Inutile de se culpabiliser pour être porteur du diabète. Car, avoir le diabète ne signifie pas que la vie est finie. L’important est de savoir vivre avec sa maladie, poursuit le formateur Mbonyi. L’important est est de respecter les directives données afin de continuer à vivre avec son diabète le plus longtemps possible.
Pour cela, l’on respecte le programme de prise des médicaments, le respect des rendez-vous avec les médecins soignants, savoir faire des tests pour voir si l’on n’a pas des maladies opportunistes quand on souffre du diabète pendant longtemps. Ces maladies sont les maladies des reins, la cécité, l’hypertension, les maladies cardio-vasculaires, etc…
Mais aussi l’on doit suivre le régime alimentaire recommandé axé sur des aliments complets et riches comme de légumes, car les légumes ne permettent pas au sucre d’entrer rapidement dans l’organisme. (Fin)