Le président du Sénat Augustin Iyamuremye depose une gerbe des fleurs au mémorial de Rebero
Le Rwanda a procédé ce mercredi 13 avril à la clôture officielle de la semaine de deuil national en mémoire des victimes du génocide des Tutsis, par un hommage aux hommes et femmes politiques tués en 1994.La cérémonie s’est déroulée, en présence de diplomates accrédités au Rwanda, sur le mont Rebero (Kigali) où reposent cette dizaine de personnalités, dont certaines d’ethnie hutue.
Douze personnalités ont été inhumées à Rebero, parmi lesquelles Agathe Uwilingiyimana qui était Première ministre au déclenchement du génocide. Opposante au président Juvénal Habyarimana, elle fut tuée, avec son mari, aux premières heures du 7 avril 1994.
Le mémorial de Rebero sert comme lieu final de repos de plus de 14 000 victimes du Génocide, tués dans différentes zones de la ville de Kigali dont 12 politiciens qui ont été tués pour s’être opposés à l’idéologie génocidaire.
Mémorial de Rebero
Ces hommes politiques comprennent Landouard Ndasingwa, plus connu sous le nom de Lando, Venantie Kabageni, Charles Kayiranga, André Kameya, Aloys Niyoyita, Augustin Rwayitare et Jean de la Croix Rutaremara. Parmi les autres, figurent Joseph Kavaruganda, Frédéric Nzamurambaho, Félicien Ngango, Jean Baptiste Mushimiyimana et Faustin Rucogoza.
Un grand nombre des hommes politiques assassinés avaient été nommés à des postes de responsabilité au sein du gouvernement de transition à base élargie convenu dans le cadre des accords de paix d’Arusha, mais que les extrémistes du régime ont reniés et ont plutôt lancé le génocide.
Parmi ces politiciens tués, il y avait beaucoup de membres du Parti libéral (PL), du Parti social-démocrate (PSD) ou du Mouvement démocratique républicain (MDR), qui appelaient la population rwandaise à la paix et à la réconciliation. Ils poussaient au dialogue politique et condamnaient l’idéologie de la haine promue par le régime génocidaire de Juvénal Habyarimana et de son prédécesseur Grégoire Kayibanda.
Le Dr Augustin Iyamuremye, président du Sénat et invité d’honneur, a déclaré que la commémoration des politiciens tués pour s’être opposés à l’idéologie du génocide et au plan d’exécution des Tutsis est essentielle, en particulier à cette époque où de nombreux efforts sont nécessaires pour résister aux personnes qui profitent de la liberté d’expression pour nier et banaliser le génocide.
“C’est très important en cette période où des gens utilisent les médias sociaux pour répandre des rumeurs ternissant le leadership du Rwanda et alimentant l’idéologie du génocide pour des soi-disant raisons politiques. Je considère le déni et la banalisation du génocide contre les Tutsi comme un coup de couteau dans les blessures des survivants », a-t-il déclaré.
La cérémonie s’est déroulée en présence des personnalités politiques et diplomates accrédités au Rwanda
“Se souvenir de ces bons politiciens devrait être l’occasion pour nous de réfléchir à notre histoire tragique, comment elle a conduit au génocide contre les Tutsi, comment le génocide a été exécuté et savoir pourquoi la communauté internationale avait laissé tomber les Rwandais”, a-t-il noté. “De cela, devrait émerger l’héritage de courage pour affronter les défis et les problèmes qui pourraient nuire à la sécurité et au développement national, à commencer par le déni et la banalisation du génocide contre les Tutsi”, a ajouté le Dr Iyamuremye.
Le Ministre de l’Unité Nationale et de l’Engagement Civique, Dr. Jean Damascène Bizimana, a souligné des preuves indiquant que la préparation du Génocide contre les Tutsi était le résultat d’une mauvaise politique avec l’implication des partis politiques. Il a cité l’exemple du parti alors au pouvoir, le MRND, qui avait créé trois autres partis politiques affiliés, mais a prétendu servir des objectifs différents. Ces partis politiques, dont PARERWA, PECO et PADER, étaient censés résister aux accords de paix d’Arusha.
Ces trois partis satellites du MRND avaient participé à la mobilisation des citoyens pour dénoncer les accords de paix d’Arusha. Le Dr Bizimana a demandé aux Rwandais de s’appuyer sur une bonne politique qui est un pilier fondamental du parcours transformationnel du Rwanda.
Umuhire Adrie, le porte-parole du Forum des partis politiques agréés au Rwanda, a blâmé les politiciens qui ont alimenté les divisions ethniques et la haine à la base de l’exécution du génocide contre les Tutsi. Il a appelé tout le monde à lutter pour l’unité nationale et le développement.
La semaine de deuil national avait été ouverte le 7 avril par le Président rwandais Paul Kagame. La semaine officielle de commémoration s’est terminée aujourd’hui, mais les activités de commémoration se poursuivront pendant les 100 jours. (Fin)